La polygamie. Voilà encore un autre sujet qui fâche !…Et, au risque de prendre des coups de pilon sur la tête, nous jugeons utile de relancer le débat sur la question. Loin de nous l’idée de vouloir braver les regards incandescents, ou autres réactions épidermiques et acariâtres de quelques dames foncièrement remontées contre la pratique de la polygamie. Le fait est que la question s’impose à tous points de vue comme un sujet incontournable dans le débat portant sur les faits sociaux majeurs de notre époque.
D’abord, les hommes en situation de monogamie pourront-ils rester impassibles face aux multiples railleries qui leur sont faites à longueur de journée ? En effet, nous sommes dans un environnement où l’imagination populaire caricature le mari-monogame comme cet ‘’homme faible’’ surnommé ‘’mizin hadjia’’ qui, jamais au grand jamais, n’osera pas hausser la voix pour parler de mariage en présence de ‘’ouarguida’’. S’y ajoutent les autres moqueries qui assimilent carrément la vie du mari monogame à une somme de souffrances et de grisaille. Il existe même des vidéos et autres messages vocaux et écrits véhiculés via les réseaux sociaux pour amplifier ces railleries.
Un autre argument qui plaide en faveur de la pratique de la polygamie, c’est le fait que la religion musulmane, ainsi que nos traditions et coutumes s’accordent à promouvoir la pratique de la polygamie comme une alternative crédible pour accéder à une vie comblée. Mais la raison de taille demeure de nos jours le verdict des données démographiques qui révèlent que les femmes sont largement plus nombreuses que les hommes, une situation qui met d’office un grand nombre de nos sœurs sur la liste d’attente des candidates au mariage.
Du reste, le débat fait fureur presque un peu partout en Afrique. Les uns adorent, les autres s’enragent rien qu’à en entendre parler ! Mais en Erythrée, le gouvernement a tranché sur la question : ‘’tous les hommes devront marier au moins deux femmes, et l’homme s’y opposant pourrait purger une peine d’emprisonnement à vie avec travaux forcés’’. Et surtout, gare à la femme qui y trouverait à redire ! Elle pourrait aussi encourir une peine d’emprisonnement.
Même son de cloche au Soudan où un projet de loi proposé par le gouvernement souligne que “tout soudanais à l’âge de 40 ans est désormais obligé de se marier à une deuxième épouse». Ce même vent de popularité de la polygamie souffle au Sénégal, en Ouganda et dans plusieurs autres pays d’Afrique.
Et à regarder de près, chez nous aussi au Niger, le topo est presque le même. En effet, cette option en faveur la polygamie domine dans les cœurs des hommes et de nos sœurs. Ces dernières d’ailleurs ne se voilent plus la face pour le clamer haut et fort lors des réjouissances, quand elles dansent en criant à tue-tête ‘’bégué kourgné waney ’’ ou la ‘’convoitise pour les maris d’autrui’’. Comme quoi, les ‘’Ouarguida’’ doivent comprendre et surtout faire…pardon, pour parler comme nos frères Burkinabé.
Assane Soumana(onep)