
Elhadj Yacouba Dan Maradi, président du syndicat (SIEN)
Quelques jours seulement après les évènements du 26 juillet 2023 qui ont engendré les sanctions de la CEDEAO contre le Niger, les prix des produits de forte consommation ont flambé sur les différents marchés de Niamey. En effet, certains commerçants ont saisi cette opportunité pour augmenter, de manière opportuniste, les prix des produits de première nécessité quelques jours seulement après que certains voisins du Niger ont appliqué les sanctions.
Le président du Syndicat des Importateurs et Exportateurs du Niger (SIEN), Elh Yacouba Dan Maradi dit comprendre et accepter une phase de ces évènements en tant qu’opérateur économique. Mais, il reconnaît aussi qu’il y a une autre phase qui échappe à sa compréhension. Le président du SIEN dit comprendre que le marché, que ce soit au niveau national, régional et international réagit dès qu’il y’a perturbation. « Le nôtre a réagi d’une manière exponentielle », a-t-il reconnu. Conscient des difficultés que cette hausse de prix engendre pour les concitoyens, le Président du CNSP le Général de Brigade Abdourahamane Tiani a convoqué à deux reprises une réunion avec les commerçants dans le but de parvenir à un compromis.
« Au cours de ces rencontres, nous avons posé le constat et nous avons affirmé que nous allons voir entre nous comment baisser les prix », a confié Elh Yacouba Dan Maradi. Malheureusement, a déploré le Président du Syndicat des Importateurs et Exportateurs du Niger (SIEN), deux jours après, le constat est que la hausse est toujours là. « Nous avons pensé au début que c’était la réaction au niveau des boutiquiers des quartiers. Malheureusement après vérification il s’est avéré que ce sont certains importateurs, eux-mêmes, qui ont augmenté les prix, presque tous en réalité», a-t-il dénoncé.
Selon le Président du syndicat, cette situation échappe à leur compréhension. « En tant qu’opérateurs économiques, importateurs et en tant que musulmans et citoyens. Nous n’avons pas compris cela. Nous nous sommes dit que les grands (importateurs et exportateurs) ne devraient pas se mêler de cela. Mais, il y a derrière ces agissements la recherche de gain facile », a-t-il dit. Pour M. Yacoubou Dan Maradi, il est incompréhensible que sur une tonne de riz (soit 40 sac de 25 kilos), certains augmentent deux milles francs sur un sac. Ce qui fera 80 milles francs sur la tonne de riz. « Je trouve que c’est illégal de faire cela, puisque les produits que nous consommons aujourd’hui, qui se vendent sur le marché sont des produits qui étaient déjà là entreposés bien avant les évènements du 26 juillet. Ce sont des produits qui étaient pour certains dans leurs boutiques, magasins, pour d’autres dans leurs entrepôts ou au niveau de la douane », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter que le syndicat des importateurs et exportateurs n’à rien à voir avec cette hausse. « Nous avons fait ce que nous pouvons maintenant, il reste à l’administration, elle-même, de sévir s’il le faut », a-t-il conseillé. Car selon lui, cela doit être pris au sérieux. Les commerçants ne doivent pas envenimer cette situation qui est déjà stressante.
Pour y remédier, le président du SIEN propose à l’administration de sévir sans faiblesse aucune à travers ses textes. « On connait ces gens, je ne peux pas comprendre que quelqu’un qui peut amener d’un seul coup 15.000 voire 20.000 tonnes que cette personne se mette à tricher, parce que c’est de la triche. Ce n’est pas comme ça que les gens doivent s’enrichir », a-t-il estimé. Par ailleurs, M. Dan Maradi a recommandé à l’Etat de créer les conditions pour que les Nigériens produisent ce qu’ils consomment et qu’ils transforment ce qu’ils produisent afin de le consommer. « C’est possible, nous avons la terre, nous avons l’intelligence nous avons les moyens financiers et les moyens humains, il reste la volonté politique », a-t-il relevé.
M. Dan Maradi Yacoubou a enfin appelé les importateurs à craindre Dieu en avant. «Il ne faut pas profiter d’un moment de faiblesse ; ce n’est pas comme ça qu’on nous a appris à faire le commerce. Le commerce doit se faire légalement, le bénéfice est légal, mais il faudrait que ce ne soit pas usurier», a-t-il dit avant d’appeler l’Etat à maintenir les prix ou les ramener à la baisse en diminuant les taxes douanières et certains impôts pour permettre à la population de pouvoir se nourrir.
Le Président du Syndicat des Commerçants Import – Export Grossistes du Niger, M. Elhadji Sani Chekaraou Garo (SCIEGN) a quant à lui reconnu que les jours antérieurs, le prix du riz a grimpé et c’est essentiellement dû à une rupture d’approvisionnement. « Mais après la rencontre avec le Président du CNSP, nous nous sommes entendus avec les grossistes pour vendre le riz 5% et 25% à 12 500 francs au marché » a-t-il assuré.
Pour M. Chekaraou, l’histoire des sacs de riz qui se vendent à 14 000 et 15 000fr n’est que de la rumeur. Néanmoins, a-t-il ajouté, « nous avons expliqué au Président du CNSP qu’en ces temps de crise, même ceux qui ne sont pas des commerçants achètent des stocks et revendent plus chers », a-t-il déploré. Elhadji Sani Chekaraou Garo a affirmé que le commerçant ne peut pas revendre plus cher parce qu’il est pressé d’écouler la marchandise afin de verser la somme du grossiste, car s’il le fait en retard, le grossiste pourrait lui refuser sa marchandise la prochaine fois.
Le prix du bidon de 25 litres d’huile a augmenté. Il avait déjà atteint 32 000fr, mais il est redescendu à 22 000 francs. Il se vend aujourd’hui à 29.000 FCFA à cause de la rupture du stock. Selon M. Chékaraou, pour que les produits soient abordables, il faut de la concurrence, qu’il y’ait une multitude de variétés du même produit. « Mais si c’est seulement chez une seule personne qu’on trouve la marchandise, il est bien normal qu’elle soit chère », a-t-il expliqué.
Aminatou Seydou Harouna (ONEP)