La représentation du Fonds Monétaire International (FMI) au Niger a organisé, le mercredi 10 mars dernier, une table ronde virtuelle sur la scolarisation de la femme nigérienne. Cette activité, qui s’inscrit dans le cadre des festivités commémoratives de la journée Internationale de la femme, a permis de discuter sur le sujet critique de la scolarisation de la femme nigérienne dans le contexte actuel de la COVID 19 et au-delà. Cette table ronde a enregistré la participation de plusieurs acteurs et partenaires étatiques et non-gouvernementaux autour d’une des préoccupations du FMI, à savoir «la contribution de la scolarisation de jeune fille à la croissance économique et au développement du capital humain». Il s’agit entre autres des secrétaires Généraux du Ministère du Plan et du Ministère du Développement Communautaire, la Directrice de la scolarisation de la Jeune fille au Ministère de l’Enseignement primaire, des experts et de la Chargée du Programme de l’ONG FAD.
Pour des raisons sanitaires liées à la pandémie à Coronavirus, cette année, le bureau du FMI au Niger a célébré la journée de la femme à travers cette table ronde virtuelle qui a permis aux participants d’évoquer plusieurs points saillants en lien avec cette problématique. Pour le FMI en général et sa représentation à Niamey, l’intérêt de cette thématique, c’est d’analyser l’impact de la scolarisation de la femme dans la croissance économique, mais aussi dans la croissance de la population parce qu’elle contribue à lutter contre le mariage précoce des filles. «La recherche indique que la scolarisation de la jeune fille rehausse de 0,2% le taux de la croissance économique, mais c’est aussi un facteur pour la croissance par habitant parce que la continuation de l’éducation de la fille réduit le taux des mariages précoces», a rappelé le représentant de FMI au Niger, M. Mehmet Zahid Cangul.
Les différents acteurs qui ont échangé sur la question ont relevé d’importants défis. Il est constaté qu’il y’a encore des besoins à satisfaire en milieu scolaire pour tous les enfants, y compris les garçons, mais surtout pour les filles en termes d’infrastructures WASH par exemple. Il y’a aussi le besoin de la formation de la jeunesse pour la préparer aux emplois du futur. C’est pourquoi, les différents acteurs ont estimé qu’il est nécessaire de disposer d’une stratégie nationale de la scolarisation qui prendra en charge ces questions. La pauvreté, l’insuffisance d’infrastructures en milieu scolaire et l’insuffisance dans la qualité de la formation constituent des obstacles à la scolarisation de la jeune fille car conduisant à une amplification des mariages précoces.
«Il y’a plusieurs dimensions économiques à cette question : la contribution économique de la scolarisation de la jeune femme au pays ; les raisons économiques et finalement, le coût d’opportunité économique de la poursuite des études (pour les zone rurales surtout en terme de main d’oeuvre). Donc il y’a toute une économie derrière cette question. C’est pour cela qu’il faut en même temps poursuivre une stratégie pour mitiger ces raisons économiques, avec par exemple l’expansion de la cantine scolaire qui peut attaquer ces contraintes. Il faut aussi rendre l’école attractive pour les filles qui pourraient avoir des compétences concrètes qui leur permettront aussi de gagner leur Indépendance économique», relève la recherche.
Les discussions lors de cette table ronde virtuelle ont permis à l’ensemble des acteurs de réaffirmer leur engagement et leur volonté d’agir pour changer la situation, notamment en améliorant l’offre éducative et en créant les conditions nécessaires pour un encadrement et un apprentissage de qualité. Pour les acteurs non gouvernementaux et les représentants de l’Etat, l’un des principaux défis pour l’atteinte de ces objectifs, c’est la mobilisation des ressources financières nécessaires. «Pour changer cette tendance il faut que les partenaires de l’Etat se mobilisent pour soutenir les programmes et projets, mais aussi la mise en œuvre des stratégies adoptées par le gouvernement», ont-ils recommandé.
Ali Maman (onep)