La Haute Représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la politique de Sécurité et Vice-présidente de la Commission Européenne, Mme Frederica Moghérini a effectué, les 10 et 11 juillet dernier, une mission de travail dans notre pays. Au cours de ce séjour, la chef de la diplomatie de l’UE s’est entretenue avec les plus hautes autorités nigériennes, les responsables des Forces de Défense et de Sécurité et les autres acteurs intervenant dans la gestion de la sécurité et le développement. A cette occasion, Mme Frederica Moghérini a remis un lot de matériel composé de détecteur de métaux et de radar de vol VMR3G au profit de la Force Conjointe du G5 Sahel.
La cérémonie de remise de ce matériel s’est déroulée hier matin, au siège du fuseau centre du G5 Sahel à Niamey. Ce don d’une valeur totale de 520 000 Euro (environs 340 600 000 Fcfa), est composé de deux lots. Il s’agit de matériels très performants de détection de mines et autres engins explosifs improvisés. Cette donation intervient dans un contexte où cette force fait face à des menaces sérieuses. Ce don a été offert par l’Union Européenne et le Danemark, avec une participation de la France qui a assuré l’achat et le transport de matériels jusqu’à Niamey. Il faut noter que ce don a été précédé d’une formation des formateurs qui s’est déroulée du 18 au 22 juin à Niamey. Cette formation a été conduite par le bureau terrain et la société NEOTEK-EOD, associée à SCOPEX.
Peu avant de remettre ce don au Général de division Hanena Ould Sidi Commandant de la Force Conjointe du G5 Sahel, Mme Frederica Moghérini a, au nom de son institution, salué l’engagement commun des pays membres de cet espace dans la lutte contre le terrorisme. Elle a profité de cette occasion pour exprimer ses condoléances et sa profonde sympathie aux familles de toutes les personnes civiles et militaires victimes de ce terrorisme, « aveugle, qui instrumentalise trop souvent les tensions intercommunautaires », a-t-elle dit.
Après avoir précisé le contexte et l’objet de sa visite au Niger et dans le Sahel, la Haute Représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la politique de Sécurité a réitéré l’engagement et la détermination de l’Union Européenne de renforcer son partenariat avec le G5 Sahel. D’ores et déjà, elle a annoncé un soutien additionnel de 138 Millions d’Euros au profit de cette Force Conjointe du Sahel. « Comme vous le savez, nous sommes en cours de définition d’un programme visant à renforcer la protection des emprises des FDS dans les Zones frontalières. Ce programme me semble entrer parfaitement dans le cadre de cette approche intégrée, dans la mesure où ce renforcement de la sécurité permettra la mise en œuvre de programmes de développement au profit des populations», a souligné Mme Frederica Moghérini.
Pour sa part, le ministre de la Défense Nationale M. Kalla Moutari a, au nom des plus hautes autorités du Niger et au nom de l’ensemble des pays de G5 Sahel, remercié la Haute Représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la politique de Sécurité pour cette visite au Niger. Il s’est réjoui de cette solidarité de l’Union Européenne au profit de nos forces de défense et de sécurité dans leur mission dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le ministre Kalla Moutari a aussi souligné que les nouvelles réflexions et les appuis annoncés permettent de mettre cette force dans les conditions nécessaires pour qu’elle puisse faire face à ces menaces terroristes et sécuriser nos frontières.
« Nous croyons aux armées nationales, elles sont les plus adaptées, les mieux à même de faire cette guerre parce que elles sont issues de nos populations. Il y’a donc une meilleure préparation à faire de ces armées. Et il y’a bon signe avec la réception de ce matériel dans la mesure où les terroristes utilisent de plus en plus des mines contre nos soldats. Donc nous avons besoin de plus des moyens de détection et de protection de nos soldats. Ce qui va réduire les pertes dans le rang de nos soldats qui mènent une lutte permanente sur le terrain », a-t-il déclaré.
Il faut noter que cette cérémonie s’est déroulée en présence de l’Ambassadeur de France au Niger, de la Cheffe de la Délégation de l’Union Européenne au Niger, du Chef d’Etat-major des Armées du Niger, le Général des Corps d’armée Ahmed Mohamed, du Commandant de la Force Conjointe du G5 Sahel le Général de Division Hanena Ould Sidi de la Mauritanie et de plusieurs responsables des Forces de Défense et de Sécurité. Elle a été sanctionnée par une remise symbolique de matériels et une photo de famille.
Mme Frederica Moghérini se réjouit des actions menées dans les zones en proie à l’insécurité
Peu après cette remise de matériel, Mme Frederica Moghérini s’est entretenue avec le Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) le Général de Division Abou Tarka et les autorités de la région de Tillabéry. Cette rencontre a spécifiquement porté sur les réponses de l’Etat à l’insécurité dans les localités de la région de Tillabéry.
Dans son intervention à cette occasion, le président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix a dans un premier temps présenté de manière générale la situation sécuritaire de notre pays. Il a précisé que notre pays fait face à deux foyers de tension, à savoir le terrorisme et le grand banditisme. « La menace la plus importante est la menace terroriste » a-t-il souligné, à cause de la crise libyenne et malienne au Nord-ouest et dans le bassin du Lac Tchad avec Boko Haram. Malgré ces menaces, a-t-il précisé, notre pays le Niger est le seul dont, jusqu’à preuve de contraire, aucune parcelle de son territoire n’a été prise par les terroristes. « Nous subissons des attaques qui nous viennent d’ailleurs. Une fois qu’ils nous attaquent, les terroristes se retirent dans les autres pays voisins », a indiqué le Président de la HACP. Il a notifié que si le pays reste encore protégé c’est grâce aux efforts de nos forces de défense et de sécurité. Sur cet aspect le Général Abou Tarka a souligné que la réponse que le Niger apporte à ces situations est à trois niveaux. Une réponse de composante militaire pour faire face à la guerre contre le terrorisme, avec d’une part notre armée nationale, et d’autre part avec la coalition de la Force Multinationale dans le Bassin de Lac Tchad et la coalition de la Force du G5 Sahel. Il y’a aussi une réponse par la composante développement, à travers laquelle, des actions de développement sont entreprises pour satisfaire les besoins sociaux de base des populations des zones de conflits. Et une réponse par la composante politique où des actions sont menées par l’Etat pour marquer sa présence dans ces zones.
La situation sécuritaire, a-t-il souligné, cause aussi des défis humanitaires avec un nombre important de déplacés à qui il faut fournir de l’alimentation, de l’eau, des médicaments et de la sécurité. Le général Abou Tarka n’a pas manqué de rappeler les actions civilo-militaires entreprises par les Forces armées nigériennes (FAN) et la HACP en vue de marquer davantage la présence de l’Etat dans ces zones.
Présent à cette rencontre, le Gouverneur de la région de Tillabéry M. Ibrabim Tidjani Katchiela a évoqué d’autres défis auxquels la population fait face. Il s’agit de la situation scolaire. Il a indiqué qu’aujourd’hui dans toutes les localités frontalières avec le Mali les écoles sont fermées, parce que les terroristes s’empennent aux symboles de l’Etat et les enseignants ont peur. Le gouverneur a fait aussi cas d’assassinat des chefs de villages, de chefs des groupements, des chefs de cantons et des imans. Le Gouverneur de la région de Tillabéri et le président de la HACP ont tous remercié l’Union Européenne pour son appui aux actions de développement qui sont entreprises au profit de la population.
Pour sa part, Mme Frederica Moghérini s’est réjouie du travail fait et a réaffirmé la volonté de son institution à renforcer cette coopération. Dans l’après-midi et peu avant son départ, la Haute Représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la politique de Sécurité s’est rendue à Bobiel où elle a visité le centre de transit des migrants (femmes notamment). Cette courte visite dans ce centre géré par l’OIM a pour objectif de constater les conditions de vie des migrantes.
Ali Maman(onep)