Pour atteindre l’objectif « garantir l’accès à l’eau pour tous», le pilotage du secteur de l’hydraulique et de l’assainissement a été renforcé à travers le développement d’outils de planification. C’est dans ce cadre que s’inscrivent la mise en œuvre du Programme National d’Alimentation en Eau Potable et d’Assainissement 2011-2015, la stratégie nationale de l’hydraulique pastorale, la stratégie d’hygiène et d’assainissement.
Comme le souligne le Rapport sur le Bilan des 9 ans d’action du Programme de Renaissance du Niger élaboré par la CAPEG, pour mieux circonscrire les interventions et aligner les orientations sur les Objectifs de Développement Durable (ODD 6), le secteur s’est doté du Programme Sectoriel Eau, Hygiène et Assainissement (PROSEHA) échelonné en trois (3) phases consécutives de 5 ans pour la période 2016-2030. De même, il convient de souligner l’opérationnalisation de la politique nationale de l’eau à travers l’adoption du Plan d’Actions National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE) pour la période 2017-2030.
Les outils techniques ont été développés pour renforcer la gestion intégrée des ressources en eau. En effet, les réseaux hydrologique et hydrogéologique ont été renforcés pour le suivi des nappes. Sur la sous-période 2016-2019 par exemple, 67 piézomètres et 16 stations hydrométriques ont été réalisés. De même, une station du Réseau Mondial de Mesure des Isotopes dans les Précipitations (GNIP) a été installée en 2019 à Diffa pour contribuer à l’amélioration des connaissances sur les ressources en eau. De plus, 142 Plans Locaux Eau et Assainissement et 4 Schémas de Développement, d’Aménagement et de Gestion des Eaux ont été élaborés sur la sous-période. En outre, le suivi quantitatif et qualitatif de l’eau a été assuré. A titre illustratif, 707 piézomètres et 196 qualitomètres ont été observés en 2019. Par ailleurs, il convient de souligner l’édition des bulletins d’alertes aux étiages et inondations et, la mise en place en 2019 d’un Système Local d’Alerte Précoce pour les Inondations (SLAPIS) sur la rivière Sirba.
En matière d’hydraulique rurale, indique le Rapport la CAPEG, depuis 2011, les efforts ont visé la construction et la réhabilitation des ouvrages en vue d’améliorer l’accès à l’eau potable. Sur les neuf années de mise en œuvre du Programme de Renaissance, environ 500.000 nouveaux ménages ont eu accès à l’eau potable en milieu rural. Ce résultat a été possible grâce notamment aux travaux de construction et de réhabilitation des ouvrages hydrauliques et l’amélioration de l’entretien. En ce qui concerne les ouvrages, 19.260 nouveaux équivalents Points d’Eau Modernes (éqPEM) ont été mis en service dont 1.259 éqPEM en zones pastorales. En plus, 4.714 autres éqPEM ont été réhabilités sur la période. Les types d’ouvrages construits ou réhabilités comprennent les mini-AEP simples et multi-villages, les postes d’eau autonomes, les puits cimentés villageois et pastoraux, les forages à motricité humaine, les stations de pompage pastorales et les extensions de mini-AEP. S’agissant de l’entretien, le taux de panne des ouvrages hydrauliques s’est nettement amélioré, passant de 18,76% en 2011 à 7,9% en 2019. Le tableau ci-après indique les réalisations des équivalents Points d’Eau Modernes sur la période 2011-2019.
Les indicateurs d’accès à l’eau potable en milieu rural affichent une évolution positive sur la période de mise en œuvre du Programme de Renaissance. Le recensement général de population et de l’habitat intervenu en 2012 a entrainé une mise à jour du référentiel des ouvrages hydrauliques en 2014 ; cela implique que toute analyse après 2014 se fera sur la base du recensement 2012 et non sur celui de 2001. Ainsi, de 2010 à 2014, le Taux de Couverture géographique (TCg) a progressé de 75,49% à 77,10% et le Taux d’Accès théorique (TAt), de 48,61% à 50%. Cette tendance positive des indicateurs s’est poursuivie jusqu’en 2019. En effet, sur la période 2014-2019, le TCg a progressé de 4,07 points de pourcentage pour se fixer à 71,77% en 2019. Quant au TAt, il est passé de 43,8% à 46,85 sur la même période.
Avec la mise en œuvre de la première phase du PROSEHA (2016-2020), les indicateurs d’accès au service basique d’eau potable ont évolué positivement. En effet, la proportion des ménages ruraux ayant accès au service basique d’eau potable est passée de 18% en 2016 à 35,7% en 2019. L’évolution de l’indicateur sur la période montre une hausse de 4% en 2017, une baisse de 1,11% en 2018 et un bond de 14,75% en 2019. De même, l’accès au service optimal (robinet à proximité) a augmenté de 2,7 points de pourcentage pour se situer à 3,8% avec une tendance d’évolution similaire à celle du service basique. Le rythme de croissance démographique impacte l’évolution des indicateurs d’accès à l’eau.
S’agissant notamment de l’Hydraulique urbaine, dans le but d’augmenter la desserte en eau potable, les principales réalisations ont concerné l’extension du réseau et l’exécution de programmes sociaux. Selon le Rapport de la CAPEG, de 2011 à 2019, les actions de renforcement du réseau de distribution d’eau ont porté sur la construction de 16 réservoirs, 87 forages, la pose de 1.537 km d’extension d’AEP. Sur la même période, l’exécution des programmes sociaux a abouti la réalisation de 117.219 branchements et 1.838 bornes fontaines publiques. De plus, le périmètre concédé à la SPEN est passé à 55 centres en 2017 par l’intégration du centre de Famalé (Tillabéry). Plusieurs autres travaux ont concerné la construction de nouvelles stations de traitement d’eau et la réhabilitation de réservoirs et forages. L’ensemble de ces réalisations ont permis de doubler le nombre de personnes desservies dans les centres urbains qui passe à environ 3.700.000 en 2019.
Les travaux d’optimisation des centres concédés se sont traduits par une hausse significative du taux de desserte en milieu urbain. En effet, le taux de desserte a progressivement évolué de 73,75% en 2010 à 95,62% en 2019, soit un bond de 21,87 points de pourcentage sur la période. Le graphique ci-après indique l’évolution du taux de desserte en eau potable sur la période 2010-2019.
Le secteur de l’Assainissement, depuis 2011, a quant à lui connu des réalisations qui principalement ont visé l’augmentation des ouvrages et la promotion des bonnes pratiques d’hygiène. Sur la période 2011-2019, cela s’est traduit par la construction de 109.607 latrines familiales au profit des ménages et 9.276 latrines et édicules publics au profit des écoles, formations sanitaires et autres lieux publics. L’estimation de la population touchée est de 986.000 personnes au niveau des ménages et 2,3 millions au niveau des lieux et espaces publics. Il faut également souligner la construction en 2017 de la station de traitement des boues de vidange de Niamey dans le cadre des objectifs d’assainissement et de protection de l’environnement. En plus, 4.553 ouvrages d’évacuation des eaux grises ont été construits. Pour ce qui est de la promotion des bonnes pratiques d’hygiène et d’assainissement, la vulgarisation de l’Approche Totale Pilotée par la Communauté (ATPC) s’est poursuivie. Ainsi, 6.495 villages ont été sensibilisés dont 2.951 villages certifiés Fin de Défécation à l’Air Libre (FDAL) sur la période 2011-2019. Le soutien à la promotion de l’hygiène s’est aussi traduit par la mise à disposition de 7.966 kits de lavage des mains au niveau des établissements scolaires et autres lieux publics. Le rythme de progression des indicateurs d’accès à l’assainissement ont connu des variations en dents de scie. Cela s’explique par la faiblesse des investissements dans le sous-secteur et l’augmentation de la population.
Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)