«Le Dividende Démographique, c’est tout ce qui est en rapport avec le changement structurel de la population et les effets positifs qui vont aller avec. Ces effets positifs sont principalement la jeunesse en Afrique au sud du Sahara », a expliqué Dr Latif Dramani, mardi dernier à Dakar (Sénégal) lors de la rencontre des femmes leaders journalistes, Women’s Edition 2019. Dans sa présentation qui a porté sur ‘’le dividende démographique : quelle place pour les jeunes ?’’, Dr Dramani a d’abord souligné qu’en Afrique au Sud du Sahara, « nos populations sont jeunes et on fait l’hypothèse que si ces jeunes qui sont nombreux arrivent à travailler, on aura un bonus démographique. Lorsque ce bonus va être investi au niveau national, on aura la croissance économique. Et c’est ça le premier dividende » affirme-t-il avant de préciser que la question de la jeunesse est au centre du Dividende Démographique surtout pour les pays africains. Les autres pays européens et asiatiques ne parlent pas selon lui de dividende démographique comme nous.
Pour Dr Latif Dramani, la grande question que tout le monde se pose est comment faire pour avoir des solutions pratiques ? Est-ce que la jeunesse que nous avons aujourd’hui va nous permettre de relever le défi ? Comment faire pour créer des emplois. Est-ce que cette jeunesse sera à la hauteur pour avoir des emplois décents ? Autant de questions posées par Dr Dramani avant de citer des solutions comme la Planification Familiale, l’autonomisation des femmes…
Pour lui, il est clair qu’il y a un dialogue générationnel, un dialogue intergénérationnel. Ce n’est pas un débat courant dit-il, « notre rôle c’est de sonner l’alerte. Le dialogue générationnel, c’est parce qu’on a une cassure générationnelle ». Parfois même les parents ne se rendent pas compte de la cassure générationnelle affirme Dr Dramani qui donnent comme exemple les enfants qui ont dans certaines familles plus d’intimité avec les bonnes que leurs mamans. « Certaines femmes le savent mais n’osent pas en parler » dit-il avant de préciser que c’est ainsi que dans certaines familles, les bonnes se sont imposées parce que les enfants sont plus avec elles qu’avec leurs mamans ». Fort de cela, Dr Dramani estime qu’il faut toujours avoir le contrat social qui fonde les nations. Mais pour lui, même dans l’antiquité ça se faisait, « les princes n’étaient pas éduqués par leurs mamans mais par des gens qui avaient des niveaux et qui peuvent leur transmettre des connaissances. Dans les cours royales aussi ça se faisait. Dans la culture arabe, il y a les frères de lait parce qu’on donnait les enfants à une autre femme pour allaiter. Mais ce n’est pas n’importe quelle femme. Les nourrices sont des femmes qui ont la capacité de transmettre certaines connaissances, certaines valeurs ».
En somme, pour Dr Dramani, on ne va pas dire que les femmes ne vont pas travailler, mais il faut trouver des mécanismes de compensation. « Selon plusieurs études, les femmes travaillent pour le bien-être de leurs enfants. Les solutions modernes sont de dire qu’on peut compenser ou chercher des gens qui ont été formés par des institutions et qui peuvent transmettre certaines valeurs. Le temps crée l’affinité et c’est connu » dit-il.
Parlant du rapport entre le Dividende démographique et la Planification familiale, Dr Latif Dramani a expliqué par exemple que lorsque la richesse croit de 1 et la façon dont vous procréez croit de 2, cela veut dire que vous ne faites pas de dividende démographique. Cela suppose que vous ne pouvez même pas nourrir les gens avec la richesse que vous produisez. Le principe du dividende dit-il, c’est d’abord de commencer avec la fenêtre. La vitesse avec laquelle vous produisez les richesses doit être plus grande que la vitesse à laquelle on se reproduit.
Sur le plan de l’économie, « il faut que la richesse produite croît plus vite que la croissance de la population. Sinon vous allez perdre tout votre temps à faire des investissements démographiques c’est-à-dire utiliser l’argent publique pour construire des maternités, des classes au lieu de créer, d’inciter des politiques pour que les jeunes travaillent. » C’est ce qu’il appelle des investissements démographiques au lieu de faire des investissements pour changer le marché de l’emploi et créer des opportunités.
Fatouma Idé Envoyée spéciale(onep)