La création et l’ouverture des établissements scolaires privés au Niger obéissent à des principes. Quant aux frais de scolarité, il est important de préciser qu’au Niger, le secteur de l’enseignement comme bien d’autres secteurs, a été libéralisé. C’est pourquoi, les frais de scolarité varient d’un établissement scolaire à un autre. A cet effet, certains établissements sont plus accessibles que d’autres.
Parlant des modalités de la création d’une école, le directeur de l’enseignement privé du Ministère de l’Enseignement Primaire, de l’Alphabétisation, de la Promotion des Langues Nationales et de l’Education Civique, M. Moussa Diatté a d’abord rappelé que l’ordonnance 96-035 détermine les conditions dans lesquelles on peut créer une école privée au Niger. Il s’agit pour un promoteur de constituer un dossier comprenant des pièces d’état civil que le postulant doit fournir avant d’être soumis à une enquête de moralité qui est effectuée par les services de la gendarmerie ou de la police selon la zone où le promoteur souhaiterait créer son école. L’enquête de moralité est un élément essentiel dans le processus d’attribution d’agrément pour la création d’un établissement scolaire.
En outre, les autorités en charge de l’éducation au niveau des régions établissent des rapports exprimant la nécessité d’ouverture d’une école dans la zone. Quant au promoteur, il doit présenter les différents plans de construction qu’il envisage à travers la dimension du terrain, les dimensions des salles. Pour ce qui est de la construction des ouvrages, les aspects techniques relèvent de la compétence des architectes. Le promoteur doit aussi adresser une demande de création d’une école au ministre de l’Enseignement Primaire. Si l’enquête de moralité se révèle favorable au promoteur, il obtient un agrément de la part d’une commission nationale. Cette commission nationale composée de 31 membres, est constituée des compétences issues de divers domaines à savoir les cadres des Ministères de l’urbanisme, de l’Emploi, les syndicats, ainsi que ceux des Ministères en charge de l’Enseignement.
Le directeur de l’enseignement privé, a par ailleurs noté que les dossiers envoyés au Ministère de l’Enseignement Primaire sont transmis au niveau de sa direction. Il revient donc à cette direction de mettre en place la commission qui dispose d’un délai de deux à trois jours pour examiner les différents dossiers qui leur sont parvenus. Selon M. Moussa Diatté, chaque membre de la commission s’attèle sur une tâche spécifique à ses compétences.
A l’issue de l’examen des dossiers, la commission accorde l’agrément aux promoteurs qui remplissent les conditions. Après l’octroi de l’agrément, un arrêté est pris notifiant à chaque promoteur les conditions dans lesquelles l’agrément lui est octroyé. L’agrément a une durée de deux ans. Toutefois, si le promoteur n’arrive pas à ouvrir son établissement, il peut demander une prorogation. En effet, le promoteur engagera la procédure d’obtention de l’agrément d’ouverture d’une école après celui de la création.
Pour ce qui est du dossier d’ouverture d’école, il est également soumis à l’appréciation de la même commission nationale. A ce niveau, les pièces à fournir sont différentes de celles de la création. La pièce essentielle à présenter à cet effet, est le rapport qui sera rédigé par une commission régionale de vérification des normes.
Concernant la commission régionale de vérification des normes, elle est composée des cadres régionaux de l’urbanisme, de l’emploi, des syndicats, des fondateurs d’école, des parents d’élèves. Il incombe à la commission de voir les infrastructures que le promoteur a commencé à mettre en place, et vérifier si le terrain répond aux normes pour abriter une école à savoir les aires des jeux, de récréation, de sport, des latrines, des salles de classe qui répondent aussi aux normes. Pour ce qui est des normes pour les salles de classe, il est recommandé 63m2 pour les classes du cycle primaire, et 80 m2 pour les classes des jardins d’enfants. C’est le rapport transmis à la commission nationale par la commission régionale qui est examiné et apprécié par la commission nationale en vue de donner une suite. M. Moussa Diatté a également parlé des dossiers des enseignants qui vont servir à l’école. Selon lui, l’accent est mis de plus en plus sur la qualité de l’enseignement ainsi que sur le profil de l’enseignant. Il a indiqué que les anciens textes permettent à celui qui détient un BEPC, d’enseigner à l’école primaire. Dans les nouveaux textes, son département ministériel est en train d’introduire des nouvelles mesures visant à recommander des diplômes professionnels en vue d’enseigner dans les écoles primaires. Il s’agit des diplômes recommandés par le Ministère de l’Enseignement Primaire. « Cela fait partie de la politique de notre Ministère qui fait de la qualité une de ses priorités. C’est pourquoi, nous recommandons des enseignants ayant le profil requis pour qu’il ait un enseignement de qualité » a déclaré M. Moussa Diatté.
Régi par des règles, l’enseignement privé est un pan de l’ensemble de l’enseignement dit-il avant de préciser que les enseignants relevant de l’enseignement privé sont soumis au même contrôle que les enseignants du public, et les programmes sont aussi les mêmes que ceux du public. Par rapport au fonctionnement, c’est également le même calendrier que les établissements privés observent. Sur un tout autre plan, il a confié qu’il est demandé aux fondateurs d’écoles de prendre des engagements relativement à la règlementation en vigueur.
Evoquant les mesures d’accompagnement de l’Etat vis-à-vis des établissements privés, le directeur de l’enseignement privé a indiqué que l’Etat a toujours accompagné les établissements privés à travers la formation continue du fait que cette formation est assurée par l’Etat. Selon lui, étant donné que les établissements privés comme ceux du public appartiennent au secteur pédagogique, ils sont suivis par les conseillers pédagogiques, les inspecteurs pédagogiques, et les enseignants bénéficent aussi du CAPED. Egalement l’Etat met à la disposition des écoles qui fournissent des efforts et qui formulent des demandes, un ou deux enseignants. A titre d’exemple un établissement scolaire qui ne fixe pas de frais de scolarité élevé et assure un enseignement de qualité, et qui sollicite l’appui de l’Etat, ce dernier peut lui affecter des enseignants. Après avoir obtenu l’agrément de création, il adresse une demande au ministre de l’Enseignement Primaire afin d’intercéder auprès de son homologue de l’Urbanisme et du Logement pour lui trouver un terrain et construire ses infrastructures. C’est ainsi que l’Etat a octroyé plusieurs terrains à des écoles. « On dit que le terrain est donné au Ministère de l’Enseignement Primaire pour qu’il confère la jouissance à tel promoteur. Quand on octroi le terrain au promoteur, on lui notifie qu’il ne peut faire autres choses que des infrastructures scolaires, et qu’il n’a pas le droit de faire une transaction avec ce terrain» a-t-il expliqué.
S’agissant des frais de scolarité, il a rappelé que par le passé, à la veille de chaque rentrée scolaire, l’Etat et les fondateurs des écoles se réunissaient en vue de fixer les frais de scolarité. A l’époque, les établissements n’étaient pas très développés et l’Etat leur accordait des subventions. Ce n’est plus la même formule depuis la libéralisation du secteur de l’enseignement. Bref, l’Etat ne fixe plus les frais de scolarité. Ce sont les établissements scolaires qui fixent leurs frais de scolarité. A cet effet, il a été relevé 17 écoles primaires et 18 jardins d’enfants de Niamey qui ont fixé les frais de scolarité allant de 200.000 à 750.000FCFA. Il y a 41 écoles primaires ayant fixé les frais de scolarité fluctuant entre 100.000 et 200.000FCFA. Parmi ces écoles, 38 écoles sont à Niamey, 2 écoles à Agadez, et une école à Maradi, tandis que 39 jardins d’enfants appliquent également les frais qui oscillent entre 100.000 et 200.000FCFA. Au nombre de ces jardins d’enfants, 36 sont à Niamey, un jardin d’enfants à Agadez, un à Dosso, et un autre à Maradi.
164 écoles primaires et 100 jardins d’enfants ont fixé les frais de scolarité variant entre 50.000 et 100.000FCFA. Il est important de préciser que plus de la moitié de ces écoles sont situées dans la capitale. Et enfin 121 écoles primaires et 78 jardins d’enfants appliquent des frais de scolarité de manière sociale, c’est-à-dire de moins de 50.000FCFA. De façon globale, il existe 824 écoles primaires et jardins sur l’ensemble du territoire national, dont 484 de ces établissements sont installées à Niamey. Il semble que les frais de scolarité sont fixés par les promoteurs selon les infrastructures de l’établissement ainsi que la qualité de l’enseignement.
Laouali Souleymane(onep)