Tirant le bilan du dernier Sabre national, sur les plans organisationnel et technique, l’expert en lutte, et journaliste sportif Issoufou Kodo, a livré ses remarques qui sont globalement positives. Pour M. Kodo, la 44ème édition qui s’est déroulée à Agadez a été particulièrement remarquable à bien des égards. Au niveau de l’organisation, l’expert en lutte a relevé que l’une des grandes nouveautés à cette édition a été la levée et la descente des couleurs le matin et l’après-midi pendant 10 jours. Ce qui a rehaussé la saveur et la signification du patriotisme. De plus, en ce qui concerne les petites discussions, les gens ont accepté sans hésitation les décisions concernant une chute. Cette édition s’est déroulée dans un climat formidable, sans aucun incident ni aucune trace de désaccord. Une ambiance positive a prévalu à l’intérieur comme à l’extérieur, créant une bonne atmosphère tout autour de l’arène Aboubacar Djibo.
À cette édition, a-t-il dit, 80 ou 88 lutteurs étaient présents sur le plan technique ; et l’émergence des jeunes lutteurs très talentueux a été remarquée. La région de Tillabéri a été une véritable révélation aussi bien sur le plan collectif qu’individuel, car jusqu’à la troisième journée, Tillabéri était en tête, un fait inédit avec 6 lutteurs invaincus. Maradi et Zinder ont abordé cette situation sous un autre angle en donnant la chance à des jeunes prodiges en devenir. Issoufou Kodo indique dans ses statistiques que près de 65 % des lutteurs sont des jeunes, qui ont entre 20 et 23 ans, ce qu’il qualifie de positif. Il a également exprimé des préoccupations quant à l’avenir des jeunes talents qui manquent cruellement de suivi, car certains ne reviendront sur la scène que lors de la prochaine édition. Or relève le journaliste expert, un athlète qui passe un an sans compétition n’est plus vraiment un athlète.
D’après l’analyse de cet expert en lutte lors de cette édition, le principal problème réside dans le manque de finition du point de vue technique. « Le manque de finition, c’est lorsque vous observez un lutteur dans une position favorable pour une chute imminente, par exemple dans une prise de ceinture, mais qui n’arrive pas à chuter son adversaire, ou bien lorsque le lutteur s’appuie sur ses pieds et ses mains et que son adversaire n’arrive pas à le déstabiliser. Il est nécessaire de travailler sur les compétences techniques des lutteurs pour améliorer la finition, car c’est là que se situe le problème. Parfois, dans un combat, une chute évidente s’annule en raison d’un manque de finition » a-t-il déploré.
L’expert Kodo a observé que lors de cette 44ème édition, le travail des lutteurs était davantage plus axé sur le haut du corps et moins sur les techniques du bas du corps, à l’exception de quelques techniciens individuels. Il a souligné l’importance pour les entraîneurs et les lutteurs de se concentrer sur les modules de chute pour mieux maîtriser les situations de combats. Il serait bénéfique ajoute l’expert, d’organiser des ateliers de formation axés sur l’arbitrage et les compétences techniques afin d’améliorer l’aspect technique.
Par ailleurs, Issoufou Kodo affirme également que le manque de supervision des lutteurs, contribue à une faible sédentarisation de ces derniers au Niger. Il ajoute qu’après le Sabre traditionnel, la plupart des lutteurs partent à l’étranger, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et dans d’autres pays de la sous-région, pour exercer leur métier. Pour sédentariser les lutteurs, il est nécessaire, dit-il d’organiser des compétitions locales et régionales pour encourager les lutteurs à s’installer. Et cette responsabilité ne revient pas seulement à l’État. Bien que ce dernier ait joué son rôle en organisant le Sabre, il incombe à certaines organisations de jouer leur partition. Créer des conditions de sédentarisation pour les lutteurs nécessite un investissement conséquent de la part des autorités, des organisations, et de tous les acteurs de cette activité, ainsi qu’une prise de conscience accrue de la part des entreprises lorsqu’il s’agit de sponsoriser des compétitions.
Après un championnat réussi, Issoufou Kodo estime qu’il est essentiel de procéder à une évaluation pour identifier les points à améliorer, que ce soit sur le plan de l’organisation ou sur le plan technique. « Il est crucial de se référer aux fiches techniques afin d’identifier les divers types de mouvements exécutés lors d’un championnat, tels que le ramassage des jambes lors des chutes, les prises de jambes, les prises à califourchon, les prises en arracher pour jeter ou par crochet » a-t-il indiqué. Issoufou Kodo encourage vivement tous les acteurs de la lutte traditionnelle à réviser les techniques de lutte et à les perfectionner afin de corriger les lacunes identifiées. « Ils doivent aussi, réexaminer les combats pour analyser les raisons pour lesquelles de nombreux lutteurs ont échoué, que ce soit en raison d’un manque de finition ou de circonstances défavorables, et réviser aussi entièrement le code de la lutte afin d’éviter certains problèmes », a-t-il préconisé.
Assad Hamadou (ONEP)