Lorsqu’on emprunte la voie de la faculté d’agronomie pour rentrer au quartier Karadjé, un immense espace non occupé est visible. Cet endroit verdoyant est embelli par les fruits et légumes de tout genre. Chou pommé, laitue, aubergine, carotte, menthe… sont intensement cultivés par les riverains de la faculté d’agronomie. Hommes, femmes et enfants y travaillent quotidiennement pour subvenir à leurs besoins. Munis de pioches, d’arrosoirs, ces producteurs passent le clair de leur temps dans cet espace vert.
Au moment où le soleil décline vers l’ouest, chaque producteur se concentre sur son ‘’arme de travail’’ pour boucler son agenda de la journée. Les plantes jouxtant les bordures des jardins présentent une beauté incroyable. L’eau offerte gracieusement par la nature favorise cette petite irrigation. Une telle occasion est vite saisie par les résidents du quartier qui y voient une source de revenus et une occasion de prendre en charge leurs familles.
C’est le cas de cette dame qui exploite une petite portion de terre pour avoir de quoi subvenir à ses besoins. « Je m’occupe de cette partie-là qui m’appartient. Ce n’est pas encore prêt. Mais ça ne reste pas grand-chose. D’habitude, les gens viennent pour acheter en détail la laitue. On leur vend de 200F à 500F, ça varie en fonction de ce que le client peut acheter. Certains achètent la planche de laitue ou de chou en entier pour aller revendre eux aussi. Là, le prix est à discuter. C’est mieux que de rester à la maison à ne rien faire », a-t-elle confié.
Certains jeunes du quartier profitent également de l’endroit spacieux pour se retrouver. « Je cultive de la menthe. La planche, se vend en gros à 10.000F ou 15000F », affirme Abdoulaye, âgé de 15 ans. Pour accéder à un terrain de culture, il suffit juste d’avoir la volonté de travailler. « Pour avoir l’espace à cultiver, ce n’est pas compliqué. Si tu vois un endroit non occupé, tu vas juste arranger, t’en approprier pour semer tes graines », révèle le jeune homme.
Grâce à cette culture de contre saison, certains arrivent à se prendre en charge et assurer la scolarité de leurs enfants. « Cela fait longtemps que je fais ce métier. Dieu merci, j’arrive à avoir de quoi assurer mes besoins et ceux de mes enfants », a confié un quinquagénaire trouvé dans son jardin.
Néanmoins, quelques problèmes se posent à eux, malgré l’étendue de l’espace et la fertilité de l’environnement pour une irrigation rentable. « Le seul problème d’ici, c’est le problème d’eau. Si tu es loin du passage de l’eau, il te faut une motopompe sinon, ça te fatigue beaucoup », ajoute le vieil homme.
Moumouni Saley Daba (ONEP)