Le Président de l’Assemblée nationale du Niger, SE Elhadji Seïni Oumarou, est à Vienne en Autriche pour participer à la 5ème Conférence mondiale des présidents des Parlements. Cette conférence mondiale, qui s’est tenue du 07 au 08 septembre 2021, a vu la participation de plusieurs délégations venant de divers horizons. SE Elhadji Seïni Oumarou est accompagné, dans son déplacement, des députés nationaux Daouda Marthé, Karidio Mahamadou et Rakiatou Ali Beidi, de Moumouni Harouna Lamido, Directeur de Cabinet et de Boubacar Tiemogo, Secrétaire général de l’Assemblée nationale.
Le président de l’Assemblée nationale a fait une première intervention à la tribune de la conférence de Vienne, le 07 septembre 2021, sur le thème de « l’ouverture, la transparence et l’accessibilité des parlements face au défi sécuritaire : comment trouver l’équilibre ? ». Il s’agissait pour le Président Seïni Oumarou de poser la problématique des parlements face au terrorisme et à la covid 19. Doivent-ils se refermer sur eux-mêmes alors que les débats sont publics ? Comment trouver un équilibre entre l’accessibilité des Assemblées nationales et les menaces qui pèsent sur les parlementaires ?
Evoquant la question du terrorisme, le Président du parlement nigérien a fait remarquer, dans son allocution, que ce fléau, « au-delà de ses conséquences immédiates, faites de deuils aussi réguliers que révoltants, de coûts financiers exorbitants, comporte le grave méfait de déstructurer nos sociétés, nos économies et même nos institutions ». SE Elhadji Seïni Oumarou a notamment souligné qu’il est impossible d’asseoir une vraie planification, de concevoir et de conduire à leur terme les projets et programmes de modernisation sociale, tant que le terrorisme n’est pas jugulé. « Mais, surtout, comment assurer une participation populaire active et responsable à l’enracinement du système démocratique, lorsque des institutions comme le parlement, qui ont vocation à vivifier ce système, sont obligées de se fermer progressivement au public ? » s’était-il interrogé. En effet, selon le Président de l’Assemblée nationale du Niger, « en dépit du texte constitutionnel qui dispose que les débats parlementaires sont publics, dans le contexte actuel de nombreux parlements notamment ceux qui sont sur la ligne de front du terrorisme, sont assez souvent réduits à limiter l’accès de I‘ hémicycle au public et même de conduire leurs débats à huis clos ».
Parlant du cas de notre pays, le Niger, le Président de l’Assemblée nationale, SE Elhadji Seïni Oumarou a rappelé qu’il y a deux ans, notre Parlement a dû refuser tout accès aux visiteurs lorsque des rumeurs amplifiées d’attentats terroristes ont été propagées à travers le pays. Le Bureau de l’institution, en vertu du principe de précaution, avait engagé d’importants travaux de clôture pour mieux sécuriser le périmètre de l’Assemblée nationale qui, pendant plus de quatre décennies n’était entouré que d’un muret esthétique. « En de pareilles circonstances, comment maintenir la symbiose entre l’institution et le peuple, au nom duquel les débats se conduisent pour aboutir aux textes qui régissent la vie de tous? » a-t-il souligné.
Le Président du Parlement nigérien a annoncé que pour que le terrorisme ne gagne pas son combat contre nos libertés et pour respecter l’obligation de transparence qui incombe aux élus, la solution pour notre Assemblée nationale a été le recours aux médias auxquels l’accès à l’hémicycle est demeuré et demeure toujours libre. En plus, pour permettre aux citoyens de continuer à suivre les activités parlementaires, une station de radio a été créée pour diffuser en direct tous les débats qui se font au sein du parlement. L’autre solution a été le recours de plus en plus fréquent aux nouvelles technologies de l’information et de la communication pour partager avec les citoyens les informations les plus pertinentes sur le travail parlementaire. Mais, « le maillage territorial de l’internet n’étant pas assez dense, cette solution reste limitée aux citadins » a regretté SE Elhadji Seïni Oumarou.
L’innovation, seule alternative pour trouver le bon équilibre entre l’obligation de transparence et d’accessibilité du parlement et les impératifs sécuritaires
Des moyens sont spécifiquement prévus au budget de l’institution pour permettre à l’ensemble des députés, organisés en commission, de conduire, sur tout le territoire national, des missions de contact direct avec les citoyens de base, pour pallier aux difficultés de communication créés par le terrorisme, entre autres. L’objectif étant d’entretenir les populations sur des sujets majeurs de la vie du pays et recueillir leurs avis et doléances.
« En définitive, pour trouver le bon équilibre entre l’obligation de transparence et d’accessibilité du parlement et les impératifs sécuritaires, il faut innover! C’est ce que notre Assemblée nationale s’efforce de faire depuis que les forces du mal perturbent la quiétude de nos pays » a déclaré le Président Seïni Oumarou tout en soulignant que « la solution véritable demeure la victoire totale sur ces forces ». Et pour cela, le Président de l’Assemblée nationale du Niger demande une mutualisation des efforts et des moyens pour en venir à bout. « Et comme elles agissent avec des ramifications dans le monde entier, donc plus que jamais, le multilatéralisme doit être mis à contribution, notamment, au Sahel où des pays, qui ont à combattre maints et maints fléaux liés au retard de développement, sont contraints de détourner leurs modestes ressources pour lutter contre des ennemis invisibles! » a-t-il conclu sous des ovations.
Les mesures d’urgences décidées par le Gouvernement et qui doivent toujours être soumises à l’approbation du parlement et être régulièrement revues
Le deuxième thème abordé par SE Elhadji Seïni Oumarou est la Motion n°5 qui concerne les mesures d’urgences décidées par le Gouvernement et qui doivent toujours être soumises à l’approbation du parlement et être régulièrement revues. Il a d’abord salué la tenue, en présentiel, de cette conférence de Vienne, avant d’étayer son propos. « J’y vois là un signe d’espoir de sortie de cette pandémie qui menace la vitalité du multilatéralisme et de l’amitié entre les peuples » a-t-il annoncé. Tout en se réjouissant de la pertinence de la thématique générale de cette 5ème Conférence des présidents, SE Elhadji Seïni Oumarou, a souligné que la communauté internationale se doit de définir une gouvernance mondiale encore plus soucieuse de la sauvegarde de tous « à l’heure où l’Humanité est assaillie par des défis inhabituels, j’allais dire existentiels, comme le changement climatique ou l’apparition de maladies inconnues et dangereuses ».
Abordant la thématique en débat, le Président du Parlement nigérien a rappelé les mesures d’urgence qui ont toujours figuré dans les constitutions qui se sont succédé au Niger.
Cependant, il a fallu attendre ces toutes dernières années pour que notre pays expérimente les situations qui nécessitent la proclamation de l’état d’urgence. Ces situations sont relatives à la lutte contre le terrorisme et aux mesures de Sauvegarde contre la pandémie du coronavirus.
Dans tous les deux cas, le Gouvernement, sur la base de l’article 68 de la Constitution, décide par décret de la proclamation de l’état d’urgence dans les zones concernées pour une période de trois mois. A l’expiration de ce délai, toute prorogation de l’état d’urgence nécessite l’approbation de l’Assemblée nationale.
« Jusqu’ici, au regard des enjeux des deux situations que je viens d’évoquer, l’Assemblée nationale a toujours approuvé, à l’unanimité tous les projets de loi portant prorogation de l’état d’urgence » a ajouté le Président de l’Assemblée nationale du Niger.
« En effet, les députés, dans leur ensemble, ont toujours considéré que les questions sécuritaires et sanitaires transcendent tous les clivages. Les débats concernant ces deux problématiques, quoiqu’assez fréquents, sont toujours conduits sans polémique politicienne excessive. Dès lors que le Gouvernement respecte les prérogatives parlementaires en soumettant à l’Assemblée nationale les projets concernés, les discussions se focalisent principalement sur les mesures d’accompagnement de l’état d’urgence, notamment les dispositions à prendre pour éviter de paralyser les activités économiques vitales » a dit SE Elhadji Seïni Oumarou.
Il a conclu son intervention sur cette thématique fort enrichissante par ces mots : « je dirai, qu’au-delà des questions de prérogatives entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale, l’urgence pour nos pays est surtout de pouvoir compter sur la contribution du multilatéralisme pour vaincre le terrorisme et surtout pour arrêter la pandémie du coronavirus. A cet égard, il faudrait agir pour que les coûts de la vaccination universelle soient ramenés à la portée de tous les pays ».
Par Cellule com AN