Les militaires et les militants ‘’pro-démocratie’’ au Soudan ont signé, le samedi 17 août dernier, un accord pour la conduite de la transition politique dans ce pays, grâce à la médiation africaine. Qui l’aurait cru, surtout au regard aux enjeux stratégiques que revêt la situation dans ce pays, qui a toujours refusé l’ingérence des grandes puissances dans ses affaires intérieures. Une situation qui a valu à l’ancien président Omar Hassane El Béchir d’être traité de ‘’dictateur’’ d’une part et d’autre part l’embargo imposé au Soudan par plusieurs puissances et institutions internationales. La partition du pays en deux parties le 9 juillet 2011 (à la suite du référendum organisé du 9 au 15 janvier 2011) fortement soutenue par les grandes puissances a contribué à cette logique d’enfoncer le Soudan. Dépourvu des importantes réserves pétrolières du Sud, le Soudan s’est retrouvé dans une récession économique ayant obligé l’Etat à opérer des réformes qui, ont malheureusement des impacts sur le quotidien des Soudanais. C’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Bref, ça, c’est de l’histoire.
Mais, ce qu’il faut souligner et saluer dans le processus de transition au Soudan, c’est d’abord le patriotisme et le civisme des Soudanais qui, malgré les incitations de ceux qui veulent voir ce pays sombrer dans l’anarchie, ont refusé d’aller dans cette logique. Les militants ‘’pro-démocratie’’ sont restés dans le cadre strictement légal. Malgré leurs incompréhensions, les Soudanais ne se sont jamais tourné les dos. L’autre motif de satisfaction, c’est la médiation africaine, d’abord entamée par le président éthiopien Abiy Ahmed, puis poursuivie par la Commission de l’Union Africaine et qui a su amener les deux camps (militaires et militants ‘’pro-démocratie’’) à s’entendre sur le programme de la transition politique.
Cette démarche a permis aux différentes parties soudanaises d’aboutir à un accord pour le bien de leur pays et de son peuple. Un accord qui rompt avec les accords aux forceps généralement imposés par les puissances étrangères et autres institutions internationales y compris l’ONU. Des interventions qui, malheureusement n’arrangent pas grand-chose et qui reflètent souvent les intérêts des grandes puissances. Ce genre d’accords ne résiste malheureusement pas au temps comme le prouve d’ailleurs la situation au Mali et en Libye.
Fort heureusement, il ya, ces dernières années, des raisons d’espérer. De plus en plus, les Africains résolvent leurs différends entre eux, et souvent avec l’accompagnement d’autres africains. On peut à ce chapitre évoquer la normalisation des rapports entre l’Ethiopie et l’Erythrée ; le processus de réconciliation au Sud Soudan (ironie de l’histoire soutenu par le Soudan) ; l’accord entre le Rwanda et l’Ouganda sur la gestion de la sécurité à leur frontière commune ; la Gambie (avec l’intervention de la Cedeao) ; le processus démocratique en Guinée Bissau (suivi par la Cedeao). Tout cela prouve que les Africains sont à mesure de résoudre leurs différends par eux-mêmes. Ce qui prouve, serons-nous tentés de dire, les vertus de l’arbre à palabre africain.
A l’Union Africaine de persévérer dans cette dynamique en particulier de trouver une solution africaine à la Somalie et à la Libye.
Siradji Sanda(onep)