Le Gouverneur de la région d’Agadez le Général de Brigade Ibra Boulama Issa s’est entretenu, le mardi 3 octobre 2023, avec les orpailleurs de la région. La question de l’orpaillage au Niger et plus particulièrement dans la région d’Agadez était au centre de cette rencontre. La rencontre s’est tenue en présence du préfet de Bilma, du Secrétaire général de la région d’Agadez, des directeurs régionaux des Mines et des Impôts, du représentant du directeur régional des Douanes et des représentants des forces de défense et de sécurité.
Dans ses propos liminaires, le Gouverneur Ibra Boulama Issa a tenu à rappeler l’importance des ressources minières d’un pays qui « sont l’apanage exclusif de l’Etat. En ce sens, ces ressources jouent un rôle majeur dans l’économie de la plupart des pays en développement », a-t-il précisé. Il a souligné qu’au Niger, les mines représentent un secteur économique important par la richesse de son sous-sol qui renferme d’importantes ressources minières dont certaines font l’objet d’exploitation industrielle ou artisanale.
« S’agissant de l’exploitation artisanale de l’or, communément appelée orpaillage, elle a véritablement débuté au Niger en 1984. Il s’agissait alors d’une activité saisonnière de subsistance qui s’est accentuée au fil du temps pour devenir de nos jours une activité principale. Aujourd’hui, plus de deux cent (200) sites d’orpaillage ont été répertoriés par les services compétents de l’Etat et plus de huit cent mille (800 000) personnes vivent de cette activité », a déclaré le Gouverneur. Il a fait remarquer que, ce secteur est en mesure d’apporter une contribution appréciable au développement économique et social de la région, sous réserve bien entendu, de bénéficier d’un minimum d’encadrement et d’assistance de la part des différentes structures concernées.
« L’orpaillage a pris beaucoup d’ampleur notamment avec l’évolution des méthodes d’exploitation et de traitement comme l’extraction par galeries, l’utilisation de machines, l’utilisation d’explosifs, ou de produits chimiques dont le cyanure et le mercure », a indiqué le Gouverneur, avant de rappeler les différentes réformes introduites en 2017 sur cette exploitation artisanale.
Malgré ces différentes réformes, le sous-secteur de l’orpaillage reste confronté à plusieurs difficultés avec notamment : le non payement des droits, taxes et redevances vis- à-vis de l’Etat par certains détenteurs des titres ; le développement de la fraude dans le circuit de la commercialisation ; l’ouverture et l’exploitation anarchique des sites miniers artisanaux ; le non-respect des cahiers de charges par les détenteurs des autorisations ; la faible déclaration des statistiques de production et l’incivisme fiscal des artisans miniers ; la dégradation accrue de l’environnement occasionnée par l’utilisation illégale et incontrôlée des produits chimiques dangereux et des substances explosives ; le manque de professionnalisme des exploitants miniers artisanaux ; l’insécurité sur les sites avec souvent des conflits entre artisans miniers et propriétaires fonciers, des conflits entre nationaux et étrangers, des violences physiques, etc.
Ainsi, au regard de ces manquements, le Gouverneur d’Agadez a, au nom du CNSP et du Gouvernement de Transition, invité les différents acteurs de ce sous-secteur de : se mettre en règle vis-à-vis des textes de l’Etat, et plus précisément vis-à-vis des lois et règlements régissant et encadrant le secteur de l’orpaillage ; de s’acquitter dans les plus brefs délais du payement des droits, taxes et redevances vis-à-vis de l’Etat ; d’être sensibilisés également sur les risques liés à l’utilisation des produits chimiques et sur les dangers de l’exploitation anarchique ; d’accompagner et de faciliter le travail des différentes structures de l’Etat notamment la douane, les mines, les impôts et l’environnement entre autres, à s’acquitter convenablement de leurs missions régaliennes.
Il faut noter que cette rencontre a été également mise à profit par le gouverneur pour recueillir les avis et préoccupations des participants dans le cadre de leurs activités, mais surtout pour asseoir une meilleure collaboration pour l’avenir. Les participants ont exprimé leur joie pour la tenue de cette rencontre qui leur a permis d’exprimer leurs préoccupations. L’insécurité, la fraude, des retards dans certaines procédures ont été relevés comme préoccupations majeures.
Le Gouverneur s’est également réjoui de cette rencontre et a déclaré n’avoir pas regretté de l’avoir convoqué. « Tous les aspects que vous avez évoqués sont pris en compte et tous seront examinés dans la mesure du possible. Nous allons voir quelles sont les mesures à prendre pour mettre de l’ordre et permettre aux détenteurs des autorisations de bénéficier de l’exclusivité de cette activité. Tout ce qu’on cherche, c’est de mettre l’État dans ses droits. En collaborant ensemble nous allons arriver à beaucoup de résultats », a conclu le général de brigade Ibra Boulama Issa.
Ali Maman ONEP/Agadez