
Formation de pseudo-membranes sur le larynx
La situation épidémiologique de la région d’Agadez en 2023 est marquée cette année par l’éclosion de trois (3) épidémies : la rougeole ; la méningite et la diphtérie. C’est particulièrement la gestion de l’épidémie de la diphtérie qui a le plus marqué la situation. Comment ces épidémies, surtout la diphtérie sont-elles gérées ?
D’après les statistiques de la Direction régionale de la Santé publique, la situation épidémiologique en 2023 de ces trois épidémies dans la région d’Agadez, comparativement à 2022 à la même période, a été très critique. En effet, en 2022 ces trois maladies ont présenté respectivement 845 cas pour zéro (0) décès ; 9 cas pour un décès et zéro (0) cas pour zéro (0) décès. En 2023 cette situation a connu une nette progression au niveau de la Rougeole et une aggravation pour les deux autres maladies (la méningite et la diphtérie). La situation donne pour la rougeole 161 cas pour zéro (0) décès ; pour la méningite 167 cas pour 21 décès et enfin pour la diphtérie 220 cas pour 25 décès.
En ce qui concerne la diphtérie les tranches d’âge les plus touchées sont celles de 5 – 14 et 15 ans et plus avec respectivement 98 et 87 cas. Seul le département de Bilma a été épargné de cette épidémie. Les départements les plus touchés sont Tchirozérine avec 95 cas zéro (0) décès ; Ingal avec 44 cas et 11 décès ; Aderbissinat avec 36 cas et 7 décès ; Commune Urbaine d’Agadez avec 21 cas et zéro (0) décès et enfin Arlit et Iférouane avec 3 cas chacun et malheureusement un (1) décès à Iférouane. Sur l’ensemble des cas, le sexe féminin est le plus touché avec 122 cas sur les 220 notifiés.
Le premier cas est apparu le 20 janvier 2023 (semaine 1) et le pic est atteint à la Sem 38 avec 46 cas. Il a ensuite été observé une diminution à S 40 et une augmentation significative à la S 42. Dans le cadre de la prise en charge et la gestion de l’épidémie, un important dispositif a été mis en place dont principalement la coordination de la gestion de l’épidémie. Cette coordination a consisté entre autres à la notification et au prélèvement des cas ; la mise à jour des données et la transmission ; l’appel quotidien des responsables CSE pour la transmission des listes linéaires ; la tenue de la réunion au niveau des districts ; les missions d’investigation et d’appui par les districts/région; la finalisation du plan de riposte contre la diphtérie par les districts et le renforcement de capacité des prestataires par rapport à la définition opérationnelle des cas de diphtérie.

Pour ce qui est du dispositif de la surveillance il s’agit : du renforcement de la vaccination de routine pour les enfants cible PEV; les rappels des mesures de contrôle et de prévention de l’infection ; le briefing des chefs CSI et agents de l’hôpital du district sur la maladie et la technique de prélèvement ; la prise en charge gratuite des cas grâce à l’appui de l’Etat et ses partenaires en médicaments (OMS, Unicef , MDM, MSF, Croix Rouge, APBE…) et la sensibilisation de la population sur le recours urgent à la formation sanitaire en présence des signes de la maladie à travers les relais communautaires, les Chefs traditionnels et les crieurs publics.
L’autre dispositif aussi important dans la prise en charge et la gestion de cette épidémie c’est la communication. Sur ce volet il s’agissait entre autres de la sensibilisation de la population sur les mesures préventives et la vaccination avec l’appui de la commune urbaine d’Agadez.
Plusieurs difficultés ont été aussi relevées dans le cadre de la gestion de cette épidémie. Ces difficultés se résument à l’insuffisance des matériels de prélèvement et transport d’échantillons ; l’insuffisance des ressources pour la conduite des investigations ; l’accessibilité difficile dans certaines zones (praticabilité des routes et banditisme) ; l’insuffisance de couverture GSM au niveau de certains CSI et Cases de santé.
En perspective, les acteurs ont notifié : le renforcement de la coordination ; la poursuite de la prise en charge gratuite des cas ; la poursuite de la vaccination de routine ; l’organisation d’une riposte vaccinale par le niveau central ; la poursuite de la recherche active des cas au niveau communautaire et au niveau CSI et enfin la poursuite de la sensibilisation de la population à tous les niveaux.
La diphtérie, cause et caractéristiques
La diphtérie est une maladie contagieuse due à un bacille, caractérisé par la formation de pseudo-membranes sur le larynx, le pharynx provoquant des étouffements. Selon l’Institut Pasteur, la diphtérie est une maladie causée par plusieurs espèces de corynebactéries du complexe diphtériae. Dans le cadre de la surveillance épidémiologique quatre types de définition de cas sont utilisés : Cas suspect, Cas probable, Cas Confirmé et Cas en milieu communautaire.
Cas suspect : c’est toute personne présentant une fièvre suivie des difficultés respiratoires et une inflammation des ganglions lymphatiques, la gorge est recouverte d’une membrane épaisse grise, un mal de gorge ou toute personne avec apparition brutale des symptômes cutanés : une fièvre autour de 38°5 à 39° ; un essoufflement ou respiration bruyante ; des éruptions cutanées ; des difficultés à avaler ou endolorissement ; des ganglions lymphatiques enflés.
Cas probable : Toute personne ayant été en contact avec un cas confirmé présentant au moins trois des signes suivants : Une fièvre autour de 38°5 à 39° ; un essoufflement ou respiration bruyante ; des éruptions cutanées ; des difficultés à avaler ou endolorissement ; des ganglions lymphatiques enflés.
Cas Confirmé : cas suspect ou probable dont les bactéries responsables (Corynebacterium) ont été isolées dans les secrétions du prélèvement pharyngé par le laboratoire.
Cas en milieu communautaire : toute personne vivant dans la zone où il y a eu des cas confirmés présentant les signes suivants : une dysphagie, une inflammation cervicale ; une fièvre associée à l’un des signes suivants : des adénopathies sous-maxillaires, des fausses membranes blanchâtres, crèmes ou grisâtres, très adhérentes, plus ou moins extensives dans le pharynx ou des fausses membranes sur une plaie ou une ulcération cutanée préexistante pour la forme cutanée.
Ali Maman ONEP/Agadez
(Source DRSP/P/AS Agadez)