Non ! L’Afrique ne doit pas renoncer à la démocratie en dépit de la multiplication des coups d’état qui d’une part viennent balayer les régimes démocratiques autoritaires et d’autre part sont perçus par les populations africaines comme la seule voie de salut en réponse aux crises politiques qui paralysent le fonctionnement de nos États et la mal gouvernance qui les gangrène. L’Afrique doit plutôt renoncer à la démocratie à la sauce occidentale qui lui a été importée et imposée selon le concept occidental et les règles occidentales.
L’Afrique a toujours été une société fonctionnant sur le mode démocratique. Le système dit de « l’arbre à palabres (terme péjoratif)» n’est autre qu’une forme de démocratie parlementaire à l’africaine (le parlementarisme) qui a montré son efficacité et dans laquelle les décisions qui engagent la communauté sont prises sinon à l’unanimité au moins à la majorité des sages présents et après concertation sous l’autorité du grand sage ou du chef de village.
Ce dernier est élu, désigné ou coopté par ses pairs. Les palabres (ou sessions) se font dans le respect, la courtoisie et la considération. L’on n’assiste pas aux joutes verbales et aux spectacles pitoyables auxquels se livrent nos députés «modernes» biberonnés à la démocratie occidentale.
La démocratie c’est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Elle suppose la concertation et l’implication du citoyen (cette notion doit être revue par exemple pour fixer les critères et les conditions d’accession à la pleine citoyenneté pour pouvoir jouir notamment de ses droits).
Ce qu’il faut donc, c’est une démocratie véritablement à la sauce africaine calquée sur nos réalités socioculturelles, (identité, histoire, rites, mœurs, etc.) et débarrassée des tares que nous avons connues depuis l’avènement de la démocratie dite moderne (conférence nationale souveraine de 1992 pour le cas du Niger). Certes elle n’est pas parfaite et elle ne le sera jamais mais la démocratie est le meilleur système de gouvernement à l’exception de tous les autres.
ISSA MAHOMED-LAOUEL
Juriste (France)