
Le Niger connait depuis des décennies, des campagnes agricoles et pastorales difficiles ; c’est le cas pour la campagne 2021. En effet, dès la première décade du mois de novembre 2021, le gouvernement a donné l’alerte sur le déficit enregistré suite à la campagne agricole et pastorale de cette année-là. Selon le constat du gouvernement, qui a envoyé des équipes qui ont sillonné les huit (8) régions du pays, dans la plupart de ces régions, un déficit de la production agricole à plus de 50% est constaté. Pour surmonter cette situation, un plan d’urgence a été élaboré et mis en exécution par les autorités. En dépit des défis auxquels la campagne agricole et pastorale a été confrontée, des points de satisfaction et des avancées notoires ont été constatés, et des perspectives dégagées.
Inégale répartition des pluies dans le temps et dans l’espace, arrêts précoces de la pluviométrie, attaques des ennemis des cultures par endroit, feux de brousse, hausse des prix des produits céréaliers, malgré leur disponibilité sur les marchés, insécurité dans certaines zones, inondations dans d’autres sont, entre autres, les défis auxquels l’Agriculture nigérienne fait face. D’où le déficit enregistré suite à ladite campagne.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement a envisagé plusieurs actions dont : une campagne des cultures irriguées et de décrue ; l’appui aux producteurs affectés par des kits complets de production irriguée (intrants, équipements) ; l’achat par l’Etat et ses partenaires du surplus de productions de céréales dans les zones de forte production pour la reconstitution du stock national de sécurité ; l’organisation de la commercialisation des produits des cultures de rente. Ces actions ont permis d’atténuer les souffrances et les inquiétudes des populations nigériennes, surtout dans les zones déficitaires. En témoignent les diverses et multiples
produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques, présentés lors de la 7ème édition du Salon de l’Agriculture, de l’Hydraulique et de l’Elevage (SAHEL-Niger) et la 3ème édition du Festival du Mil (FESTIMIL), qui se sont tenus en fin février et début mars 2021 à Niamey.
Selon le Rapport produit par la Cellule des Politiques Publiques et d’Evaluation de l’Action Gouvernementale (CAPEG), sur le Rapport annuel sur la performance de l’action gouvernementale, en lien avec l’objectif de développement rural, les systèmes de productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques ont été renforcés. «En effet, divers appuis à la production agricole ont été accordés, portant essentiellement sur la construction d’ouvrages de mobilisation d’eau et la mise à disposition des intrants aux producteurs (3.703,47 tonnes de semences, 90.413 tonnes d’engrais, 222.368 litres de pesticides, 348.469 sachets de fongicides et 235 kits de protection). Le dispositif phytosanitaire a permis de traiter 130.875,5 ha, soit 83,34% des superficies infestées. Le volume d’eau mobilisé (5,57 millions de m3) a permis de générer environ 900 ha de superficies irrigables », note le document.
La CAPEG souligne que la production des cultures irriguées a augmenté de 90.126 tonnes d’équivalent céréalier en 2021, soit un accroissement de 9%. Par contre, estime la même source, du fait de l’arrêt précoce des pluies, la campagne agricole d’hivernage 2021 a enregistré un important déficit par rapport au besoin du pays. « En lien avec le développement de l’élevage, en plus des appuis au profit des éleveurs (17.273 tonnes d’aliments bétail, 36.843 kits de petits ruminants pour les ménages), les campagnes de vaccination ont touché 8.066.983 bovins contre la péri pneumonie contagieuse (PPCB), 15.603.410 petits ruminants contre la peste (PPR) et 191.256 camelins contre la pasteurellose pour des prévisions respectives de 12.871.562 bovins, 23.997.843 petits ruminants et 778.841 camelins. Le taux d’exploitation du cheptel a progressé de 5% », précise le document.
En matière d’environnement, ajoute la source, les réalisations de renforcement de la résilience des bases productives comprennent le traitement de 38.222 ha de terres dégradées, 4.610 ha de dunes vives et 8.839 ha de plantes envahissantes terrestres, l’aménagement de 108.822 ha par la technique de la RNA, le faucardage de 953 ha de plans d’eau, la production de plus de 10 millions de plants forestiers et la plantation sur 22.359 ha. « En vue de la sécurisation du pâturage, 31.050 ha de bandes pare-feu ont été ouverts », fait savoir la CAPEG.
Présentant une communication, lors de la 1ère session ordinaire au titre de l’année 2022 du CESOC, le 16 mars dernier, le Directeur de l’Agriculture, M. Yacouba Bouda, qui exposait sur le Contexte, les Défis et les Perspectives de l’agriculture Nigérienne, a rappelé que le Niger est un pays enclavé, sahélien aux 2/3 désertiques et possède un potentiel agricole cultivable est seulement de 12% du pays, soit 15 millions d’hectares dont 7 millions seulement sont exploités. « Le potentiel irrigable estimé à 11 millions d’hectares est très sous exploité, à peine 300.000 hectares. La production agricole céréalière a varié de 771.040 tonnes en 1984 à 3 497 696 tonnes en 2021; quant aux cultures de rente, les productions ont varié de 194.843 tonnes en 1984 à 1.656.054 tonnes en 2021 », a-t-il précisé.
Il a ensuite souligné les difficultés du sous-secteur commercial agricole et évoqué l’évolution du contexte commercial et agro-industriel. Par rapport aux stratégies et programmes en cours pour la montée en puissance de cette agriculture, M. Bouda a déclaré que ces programmes et stratégies s’alignent à la politique du développement rural de l’Initiative 3N ‘‘les Nigériens nourrissent les Nigériens’’, qui prône : d’améliorer la contribution de l’irrigation au PIB agricole de 35% (2020) à 40% (2025), l’accroissement des productions sous irrigation de 950.453 tonnes d’équivalent céréalier en 2020 à 1.450.000 tonnes en 2025, l’accroissement des superficies irriguées de 220.000 ha en 2020 à 500.000 ha en 2025, l’augmentation des rendements des différentes spéculations afin de porter la production céréalière de 5 596 575 tonnes en 2020 à 7 142 805 tonnes en 2025 et celui des capacités de stockage des produits aussi bien céréaliers que de rente dans les bassins de production.
Le Directeur de l’Agriculture a ensuite évoqué l’évolution du contexte commercial et agro-industriel, celle des stratégies et politiques, les stratégies et programmes en cours pour la montée en puissance de l’agriculture, l’axe d’orientation de la stratégie en matière de
conservation, transformation et commercialisation des produits agricoles et les perspectives opérationnelles de l’agriculture au Niger. Selon lui, une grande partie de la production agricole est destinée à assurer d’abord la sécurité alimentaire des ménages et ensuite la commercialisation des surplus pour répondre à un besoin ponctuel de liquidités (événements sociaux, santé, scolarité des enfants, etc.).
Il a aussi estimé qu’il faut intensifier la transformation des produits afin d’accroître la demande et stimuler la production. « Pour ce faire, il faudra favoriser la création d’usines de transformation de produits agricoles et renforcer et ou appuyer la création d’unités artisanales et faciliter la commercialisation des produits par la création de structures d’appui et d’accompagnement (Agences et comptoirs, foires, …) et la mise à disposition de crédits en appui à la commercialisation », a-t-il suggéré. M. Yacouba Bouda a, par la suite, décliné les perspectives opérationnelles en faveur de l’agriculture au Niger. Il s’agit, selon lui, de l’installation des usines de production et mélanges des engrais, et celle des usines de transformation de tomate, d’oignon.
Il a aussi cité la poursuite de la construction des marchés des demi-gros (MDG) dans les Pôles du développement économiques (PDE) identifiés, la mise en place d’un mécanisme de protection d’une marge bénéficiaire (stabilisation des prix, institution d’un seuil de prix rémunérateur), la création d’entreprises avec des capitaux publics (ou accorder des facilités à des entreprises privées) pour tirer la commercialisation de nos produits agropastoraux, la certification des produits pour lesquels notre pays dispose d’un avantage comparatif afin de promouvoir leur commercialisation sur le marché international, la mise en place d’un système inclusif d’identification des blocages dans les chaînes de valeur et de proposition d’amélioration, l’augmentation en volume des productions agropastorales, l’amélioration de la qualité des productions agropastorales et la diversification des productions agricoles.
Selon le Ministère de l’Elevage, concernant le développement de l’élevage, en plus des appuis au profit des éleveurs (17.273 tonnes d’aliments bétail, 36.843 kits de petits ruminants pour les ménages), les campagnes de vaccination ont touché 8.066.983 bovins contre la péripneumonie contagieuse (PPCB), 15.603.410 petits ruminants contre la peste des petits ruminants (PPR) et 191.256 camelins contre la pasteurellose cameline, pour des prévisions respectives de 12.871.562 bovins, 23.997.843 petits ruminants et 778.841 camelins. Quant au taux d’exploitation du cheptel, il a connu une progression de 5% par rapport à l’année 2020.
Par Mahamadou Diallo(onep)