Selon Oustaz Souleymane Oumarou, tout musulman doit accepter la volonté du tout puissant et, si une personne est infertile, elle doit savoir que c’est Dieu qui l’a destinée à être ainsi. Il est dit dans le Coran, « C’est à Dieu la royauté des terres et des cieux. Il crée ce qu’il veut, il donne à certains uniquement des filles, d’autres uniquement des garçons, ou bien les deux en même temps. Il rend aussi infertile qui il veut », explique-t-il.
Pour Oustaz Souleymane Oumarou face à toutes difficultés de la vie, un musulman doit multiplier les invocations. Si Dieu fait qu’une personne ne produit pas, elle doit toujours l’implorer de jour comme de nuit car, seul Dieu pourra la rendre fertile. « Dieu nous a informés que le prophète Zakaria était dans ce cas. Au début, il n’avait pas d’enfant jusqu’à ce que sa femme atteint 70 ans ou lui-même a dépassé 70 ans. Il est devenu vieux, il n’avait pas eu d’enfant. Malgré tout cela, il implorait Dieu dans les nuits pour avoir une bonne descendance. Ainsi, Dieu lui donna Yahaya », rappelle Oustaz Souleymane Oumarou. Et, poursuit-il, c’est comme ça qu’un musulman qui est infertile ou stérile doit procéder.
Par la suite, Oustaz Souleymane Oumarou a relevé que les différentes maladies qui peuvent rendre la femme ou l’homme infertile. D’abord chez l’homme, le problème le plus fréquent est lié au sperme. Tandis que chez la femme, c’est l’infection urinaire, les fibromes ou kystes (une plaie à l’utérus). Il y a aussi un problème invisible aux médecins, notamment celui lié au diable ou à la sorcellerie qui empêche la femme d’avoir la grossesse ou qui provoque des fausses couches. Concernant l’attitude à adopter face aux personnes atteintes d’infertilité, il souligne que c’est une ignorance de médire quelqu’un qui est infertile et que ce comportement ne répond pas aux croyances musulmanes. La religion condamne toute attitude discriminatoire vis-à-vis des personnes infertiles. En cas de mariage avec une personne rencontrant des difficultés à concevoir, le conjoint doit s’armer de patience aux côtés de son partenaire. « Le temps est le meilleur allié. Beaucoup de couples ont pu avoir des enfants plusieurs années après le mariage. C’est pourquoi, il ne faut pas se précipiter parce que même si la personne n’est pas infertile, Dieu peut tarder la naissance après une première grossesse. Tout cela montre que tout est dans la main de Dieu et, il est le seul qui puisse permettre à un être humain de donner la vie, pas un marabout encore moins un féticheur », conseille-t-il.
Quant au sociologue Alou Ayé, son point de vue sur cette situation est que l’attitude de la société est à condamner. « Le problème n’est pas la remise en cause de la volonté des couples, c’est la discrimination qui y est liée surtout à l’encontre des femmes. Notre société fonctionne de manière à accuser la femme d’être responsable de tous les problèmes de production et de reproduction », dixit le sociologue. L’infertilité, explique-t-il, est selon la société liée à la femme et non à l’homme et ce regard est injuste. « Cela conduit certaines femmes à des pratiques qui sont contraires avec les normes sociales ou religieuses de la société », indique-t-il. Les hommes sont également concernés par cette maladie autant que les femmes et que les responsabilités devraient être partagées au sein du couple afin de permettre l’épanouissement de chacun, ajoute M. Alou Ayé.
Dans le but de susciter un changement de comportement, M. Alou Ayé appelle à une amélioration du regard de la société vis-à-vis des personnes infertiles, particulièrement les femmes. « La société doit appréhender positivement cette situation déjà difficile pour les concernés. Nul ne choisit d’être infertile mais certaines circonstances favorisent ce problème de santé donc, aucun être humain ne doit subir des discriminations face à une situation indépendante de sa volonté. Aussi, il faut que la population soit suffisamment sensibilisée à ce sujet et être solidaire pour mieux comprendre et appréhender le problème dans sa complexité afin d’être moins accusateur à l’égard de ces victimes meurtries », conseille le sociologue.
Yacine Hassane (ONEP)