Quoi de mieux que l’humour pour passer des messages et se moquer de certains clichés ou stéréotypes dans nos sociétés ? Elle s’attaque à tous les sujets de société avec un relent humoristique pour répandre la joie et détendre l’atmosphère. Elle, c’est Rachidatou Charlotte Agbo, connue sur les réseaux sociaux sous son sobriquet «Chacha la délireuse». Elle s’est fait connaitre dans l’humour à force de travailler avec acharnement et détermination. L’humoriste s’est imposée au point où elle est devenue incontournable sur ticktock, un réseau social en vogue en raison de son application mobile de partage de vidéo et de réseautage social. Elle égaye plus d’un fan et est rémunérée à la hauteur de sa popularité. Elle séjourne actuellement au Congo pour un festival ‘’TuSéo’’ qui est à sa 15ème édition et qui regroupe des comédiens de plus d’une dizaine de pays.
Bien avant l’avènement des medias sociaux, «Chacha la délireuse» faisait depuis sa tendre enfance des parodies à la maison, et au niveau des rassemblements évènementiels. Partout, elle faisait rire les gens. Avec ses amies,elle essaie toujours de mettre la joie et la gaieté dans le groupe. «Depuis toute jeune, je faisais des prestations au niveau des ateliers théâtrales, des centres des arts et loisirs. Un jour j’ai décidé d’intégrer les réseaux sociaux pour mettre en pratique ce que je savais le mieux faire, l’humour. C’est ainsi que j’ai commencé à partager mes vidéos, à faire des parodies sur You tube, et mes amis ont commencé à liker, mes abonnés m’écrivaient, m’appelaient de partout et me faisaient souvent de cadeaux pour continuer. C’est à partir de ce moment que j’ai trouvé les choses intéressantes et j’ai commencé à professionnaliser mes pages sur les réseaux sociaux, à me rendre plus utile, à me ‘’vendre’’», se réjouit Chacha, avec un air souriant.
Au départ, il y a précisément dix ans de cela, elle dégageait des aspects plaisantins, tout en faisant rire à travers des causeries. C’était vraiment du comique même niveau habillement. Elle ne voyait pas le côté financier tout de suite. Au fil des ans, la comédienne en herbe qu’elle était se retrouve sur les medias sociaux où le nombre de personnes abonnées, le nombre de vues et de likes qu’elle enregistrait était important. Des milliers de personnes la suivent et partagent ses vidéos et elle est bien rémunérée grâce à ces partages. Sur tik tok, elle fait des vidéos ou elle touche tous les sujets sociaux. Elle fait l’humour à la limité du délire pour attirer l’attention, pour sensibiliser les gens sur des sujets pourtant très sérieux. «Je fais, je défais, et après moult corrections souvent, je réalise des vidéos que je mets en ligne», a expliqué Rachidatou Charlotte Agbo.
«Je suis dans l’humour noir puisque je touche souvent à des sujets ‘’insolites’’»
«Je veux m’amuser, je veux juste être heureuse, faire plaisir aux autres, je n’aime pas déranger, et je ne veux pas qu’on me dérange, j’évite les problèmes. Je réponds peu aux provocations, surtout à ceux qui m’insultent car. J’ai des exigences et des règles à respecter. L’humour est devenu un boulot qui paie et les applications que j’utilise pour atteindre mes objectifs ont des barrières que je ne dois pas franchir», confie Chacha. A l’en croire, il existe au Niger trois festivals dédiés à la comédie, mais le plus connu est le festival ‘’Rire’’ à Niamey, qui aura lieu en mars prochain. «Et j’invite d’ailleurs les jeunes qui s’intéressent à cette discipline culturelle à venir s’inscrire au CCFN pour participer à cette rencontre de grande envergure», précise-t-elle.
Chacha a une admiration pour l’humour de ‘’Nourou Ouallam’’. «C’est cet humour improvisé de Nourou qui me fascine d’ailleurs. Nourou touche à tout avec une touche talentueuse et créative», déclare-t-elle. Elle projette, si tout va bien avec l’accord de ce dernier, de faire un scenario avec lui. «En humour, nous avons trois catégories, il y’a l’humour noir, l’humour guignol, et l’humour stand-up. Moi je fais de l’humour noir, j’ai plus de 41.200 abonnés et plus de trois (3) millions de personnes qui suivent mon compte. Je gagne bien ma vie, aussi bien sur les réseaux sociaux que dans la vie entrepreneuriale», dit-elle avec fierté.
Plusieurs cordes à son arc et une volonté de partager avec les frères
«Chacha la délireuse» veut qu’on retienne d’elle, l’image d’une fille brave, une fille qui sait se battre pour ne pas tendre la main. Elle ne garde pas tout ce qu’elle sait faire, elle partage, forme, construit des vies. Bref, elle fait partie de la catégorie d‘artistes qui aime tout simplement l’art et la culture. Pour concrétiser ce rêve, elle envisage de créer un centre où les artistes de tout genre peuvent se retrouver, s’exprimer librement pour libérer leur génie créateur. Pour elle, tout le monde peut être utile, il suffit juste de croire en soi, on peut partir de rien pour devenir quelqu’un de grand. «Je suis une opératrice économique. J’ai des points de vente des produits cosmétiques, des habits, des bijoux, de tous les articles hommes et femmes. Je crée des emplois aux gens. Je fais du recyclage pour les expatriés notamment des palettes, des meubles», a ajouté Rachidatou Charlotte Agbo. Elle appelle ses jeunes frères et sœurs à s’investir dans un domaine qu’ils aiment et où ils ont du talent. C’est cet exemple qu’elle veut donner aux jeunes qui n’ont pas forcement eu la même opportunité qu’elle.
Pour ceux qui pensent que l’humour et ou la comédie sont uniquement réservés aux hommes, qu’ils se désillusionnent. Ce sont des arts qui sont mieux exercés par les femmes. «Pour ceux qui me connaissent, me suivent, je touche à tout, le théâtre, la chanson, l’entreprenariat. Demain, que cela ne vous surprend guère de me voir évoluer dans d’autres domaines plus porteurs, parce que je me dis tout ce que Dieu fait est le meilleur. Et c’est lui seul qui peut bénir un être humain. Il faut partager, semer la joie partout. L’art se donne, s’apprend et se partage. J’ai bien gagné dans ce métier, ne serait-ce que les relations que j’ai tissées et j’ai bénéficié de formations par ci par là, au Niger et dans d’autres pays de la sous-région» dit- elle avec un air de fierté
«Actuellement je suis sur un projet culturel car je trouve que les autorités actuelles sont sur la bonne voie de faire la promotion de la culture. Nous avons vu des slameurs, des chorégraphes, des artistes invités lors des grands évènements internationaux qui se tiennent ici, à Niamey, ce qui n’était pas le cas avant. C’est formidable et c’est une fierté de voir sur scène nos artistes prester», a-t-elle conclu.
Aissa Abdoulaye Alfary(onep)