La 11ème édition du concours de musique moderne du Niger, Prix Dan Gourmou, a pris fin dans la nuit du 24 octobre dernier, à la maison des Jeunes et de la culture Albarka Tchibaou de Tahoua. La compétition qui renait après près de huit ans de léthargie a révélé, au bout de quatre nuits de compétition sous le signe des retrouvailles, des talents émergents et confirmé d’autres artistes déjà bien connus du public. Sur une scène à thème libre, orchestres, troupes musicales, solistes :des auteurs compositeurs et interprètesont fait montre de leur engagement civiqueen chantant à cœur joie la paix, la cohésion sociale, le bien-être et bien d’autres préoccupations sociales du pays.
C’est avec enthousiasme et joie que les populations de l’Ader ont accueilli les festivités et les spectacles de cette semaine culturelle très riche en couleurs. Toutes, les huit régions du pays y étaient représentées et dans toutes les trois disciplines de la compétition, à savoir: orchestre, groupe musical et soliste. Les célébrités de la musique moderne nigérienne ont aussi agrémenté ces retrouvailles, de par leur participation active, qui dans l’organisation, certains dans l’animation, et d’autres dans l’encadrement des candidats.
Au total, 9 prix officiels et plusieurs prix spéciaux ont été attribués aux meilleurs orchestres, groupes musicaux et solistes. Six (6) licences d’entrepreneuriat culturel sont offertes par le Chef de l’Etat ainsi que des kits complets de matériels pour chacun des premiers lauréats des trois catégories.
Ainsi, dans la catégorie orchestre c’est la région de Niamey représentée par le groupe Tan Yanma avec son titre «La Paix» qui remporte le premier prix constitué d’une enveloppe de trois (3) millions FCFA, plus un kit complet d’orchestre et plusieurs autres prix spéciaux. Viennent ensuite l’orchestre Sultanat de l’Aïr d’Agadez s’adjuge le 2ème prix d’une enveloppe de deux (2) millions FCFA et l’orchestre Babayé de Tahoua est classé 3ème et s’en sort avec une enveloppe d’un (1) million de FCFA.
Dans la catégorie Troupe musicale, le titre «Zamantakewa…» a valu la première place à la formation Tasko de la région d’Agadez devant le groupe Tempête du Désert de Niamey (2ème) et Marmaro de Tahoua (3ème). Enfin dans la catégorie soliste c’est l’inépuisable Moussa Toukou de Niamey qui termine 1er avec sa chanson «labarin Halima», devant Rabé Mai Gourmi de Zinder et Assoumane Sidi de Dosso.
L’Orchestre de Tillabéri s’en sort avec un prix spécial «Artiste en devenir» de l’APEC (Agence de promotion de l’entrepreneuriat culturel) doté d’une enveloppe de 500.000FCFA.
Dans son discours de clôture de la semaine culturelle, le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, M. Mohamed Hamid s’est dit marqué d’une part par l’ambiance de convivialité entre artistes de toutes les régions, et d’autre part, par l’extase et la discipline d’un public massivement mobilisé qui confortait les artistes dans leurs performances. Il s’estime aussiconforté, par le sens de responsabilité des artistes qui, malgré la liberté du choix des thèmes de compétition, ont abordé des problématiques pertinentes et d’actualité pour le développement économique et social de notre pays. «Tous parlent de notre société, l’exhortent, l’exaltent mais aussi appellent aux changements de comportements indispensables au développement de notre pays», a-t-il souligné.
Sur le plan de l’organisation, cette 11ème édition du Prix Dan Gourmou a permis de tenir une triple promesse. Le ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat s’est félicité de la parfaite collaboration entre son département ministériel, les responsables régionaux et les associations artistiques et culturelles ; de voir développer l’expertise locale et le professionnalisme des musiciens et d’avoir fait rapprocher les populations des productions artistiques de qualité.
Plus qu’une compétition, le prix Dan Gourmou est une rencontre d’échange et surtout de communion entre les acteurs de la vie artistique et culturelle. «De nombreuses personnes sont dans la région de Tahoua pour profiter de cette occasion inédite au cours de laquelle la musique nigérienne retrouve toutes ses lettres de noblesse», se réjouit le président d’ANACIMM, M. Issoufou Oumarou dit Phéno qui estime que la musique nigérienneregorge des talents à valoriser et faire entendre.L’organisation de la présente édition dans un contexte sécuritaire préoccupant prouve la force de résilience qu’ont les populations nigériennes à vaincre l’extrémisme violent par la force du cœur et du caractère. L’organisation de cette 11ème édition a été une réussite à l’actif des autorités compétentes qui ont su impliquer la structure des artistes. Ceci dans la logique du faire faire, même si ces derniers voudraient encore un peu plus de considération et de responsabilisation pour matérialiser les acquis de la dynamique de promotion des entreprises et industries culturelles.
Phéno a, au nom de l’ANACIMM, exprimé sa gratitude à l’endroit duPrésident de la République Chef de l’Etat et au Premier Ministre, Chef du gouvernement, pour «leur générosité, leursoutienindéfectible au monde de la culture». «Nos artistes ont besoin des telles compétitions pour se parfaire et être au même niveau, voire plus, que les autres nations car dans un monde de plus en plus globalisé, la concurrence reste et demeure très rude»,a-t-il soutenu avant de formuler le vœu de voir renaître également d’autres domaines de la culture.
Le prix Dan Gourmou initié depuis 1987 en hommage au célébrissime violoniste, le chantre patriarche Dan Gourmou, un artiste hors pair qui a su incarner et se faire accepter par trois générations de son vivant, rappelé à Dieu le 19 juillet 1984 à l’âge 119 ans. Les artistes sous l’égide de l’Association nigérienne des artistes, compositeurs, musiciens et interprètes (ANACIMM) lui rend, à cette occasion un vibrant hommage, ainsi qu’à tous leurs confrères disparus.
Au terme de cette 11ème édition, Tahoua 2022, le jury de la compétition a recommandé d’enregistrer et d’archiver les œuvres primées. Il a ensuite exhorté les acteurs culturels, dont le ministère de tutelle, à poursuivre la formation continue des artistes dans toutes les disciplines et surtout sur nos instruments traditionnels ainsi que modernes. Enfin, le jury a
souhaité que cette relance du Prix Dan Gourmou soit pour de bon.
Ismaël Chékaré ONEP-Tahoua