Le Haut-Commissariat à l’initiative 3N, en partenariat avec d’autres structures et institutions comme l’UNICEF, a organisé hier matin à Niamey, un atelier sur l’état des lieux de la production des farines infantiles fortifiées au Niger. Cette réunion, regroupant tous les acteurs multisectoriels a pour but d’analyser et de suivre l’environnement de production des farines infantiles conformément aux engagements du pays sur les systèmes alimentaires et de Nutrition pour la croissance (N4G). L’objectif général de la rencontre est de faire un état des lieux de la chaine de valeur de la production, de la commercialisation et de la consommation des farines infantiles fortifiées conformément aux engagements N4G et de proposer une feuille de route pour l’élaboration d’une stratégie portant sur le renforcement de cette chaine de valeur.
C’est le Secrétaire général du HC3N qui a présidé la cérémonie d’ouverture de cette rencontre qui durera trois (3) jours, en présence du représentant de l’UNICEF au Niger, M. Stefano Savi et de la cheffe section développement rural à la délégation de l’Union Européenne Mme Magdalena Pruna.
Dans son discours d’ouverture, le Secrétaire général du HC3N Colonel Maizama Abdoulaye a rappelé que le Gouvernement du Niger s’est engagé, dans le cadre de l’axe 4 de la Stratégie de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et de Développement Agricole, I3N, opérationnalisée par la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle (PNSN) 2017-2025 et son Plan d’Action, adoptée par décret 2018-794/PRN du 15 novembre 2018, d’inverser les tendances des prévalences très élevées de la malnutrition au Niger à l’horizon 2035. Cette malnutrition, a-t-il dit, résulte d’une alimentation du nourrisson et du jeune enfant sous optimale avec alimentation de complément inadaptée et peu diversifiée, entretenant ainsi les fortes et persistantes prévalences de la sous nutrition observées. Pourtant l’élimination de la sous nutrition et les carences en micronutriments au Niger constitue une étape nécessaire pour le développement inclusif du pays.
Colonel Maizama Abdoulaye a par ailleurs, détaillé les stratégies pour répondre au défi de la sous nutrition dont la fortification alimentaire intégrée qui constitue une approche qui épouse parfaitement les réalités sociales et les habitudes alimentaires locales. «C’est pourquoi la création des conditions d’une production locale des farines fortifiées de qualité, de la commercialisation et de la promotion des pratiques optimales de l’Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant a été un des engagements auxquels le Niger a souscrit dans le cadre de la Nutrition pour la Croissance» a-t-il affirmé. Le SG du HC3N a invité tous les acteurs à s’investir davantage dans les tâches qui leurs sont attribuées afin de disposer d’un état des lieux à même de permettre d’agir efficacement, inverser les tendances élevées de la sous nutrition, respecter les engagements internationaux et nationaux.
Le représentant de l’UNICEF au Niger, M. Stefano Savi a, dans son intervention, rappelé que les agences des Nations Unies et les donateurs investissent dans le développement de la chaîne de valeur liée à la production locale des farines infantiles fortifiées au bénéfice des enfants nigériens, depuis 2005. En effet, a-t-il ajouté, cette action s’inscrit comme une intervention essentielle qui contribue à la prévention du retard de croissance qui affecte plus de 2.4 millions d’enfants de moins de 5 ans. «En 2022, au Niger, seuls 9% des enfants ont eu accès à des aliments suffisamment variés et 7% ont pu bénéficier d’une alimentation minimale acceptable pour assurer leur croissance» a indiqué le représentant de l’UNICEF.
Malgré ces difficultés, des solutions existent. En effet, selon M. Stefano Savi, la diversité alimentaire des jeunes enfants peut être améliorée par trois stratégies notamment l’amélioration de l’accès à une agriculture durable et diversifiée ; la supplémentation en micronutriments ; la consommation d’aliments fortifiés en vitamines et minéraux et la troisième solution fait l’objet de cet atelier. Pour lui, la production locale de farines fortifiées destinées aux jeunes enfants est une solution faisable et durable pour le Niger. Elle s’inscrit dans le cadre du développement économique durable valorisé par le PDES, la Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle ainsi que le plan stratégique national pour l’amélioration de l’alimentation des jeunes enfants. Aussi, en plus de contribuer à l’amélioration de l’alimentation des jeunes enfants, la production locale des farines infantiles fortifiées permet l’autonomisation des femmes, le renforcement de capacité des jeunes et le développement économique local.
Avec un regard sur les derniers 15 ans d’investissements dans cette chaîne de valeur, M. Stefano Savi a évoqué la nécessité pour les parties prenantes de réfléchir pour définir une feuille de route dynamique. Il a par ailleurs renouvelé l’engagement des agences des Nations Unies du réseau SUN à rester aux côtés du gouvernement et de la population nigérienne pour la lutte contre la malnutrition.
Aminatou Seydou Harouna(onep)