La terre se dégrade progressivement et les conditions météorologiques n’ont jamais été aussi extrêmes. Les femmes maraichères de Niamey doivent faire face à l’appauvrissement des terres, aux caprices de la météo et à la voracité des promoteurs immobiliers qui détruisent les poumons verts de la région et transforment jardins maraichers, rizières et champs en quartiers résidentiels, le plus souvent illégalement. Grâce à divers soutiens, ces femmes s’organisent pour préserver leur bien-être.
Kongou Zarmagandeye est un des villages de la périphérie de Niamey. Ici, c’est la terre qui nourrit et les femmes travaillent durement leurs lopins. A la haute saison, juste après l’hivernage, ces villages ravitaillent la ville en légumes, tubercules et fruits frais, ce qui améliore la nutrition dans la région et favorise la stabilité des prix. Face à la déforestation galopante, les cycles de sècheresses et d’inondations, l’urbanisation anarchique, les femmes s’organisent pour sauver l’héritage qu’elles veulent léguer à leurs filles.
Les femmes de Kongou Zarmagandeye ont un peu de chance. Selon le chef du village, Hamani Oumarou Salissou, la présidente du groupement local des femmes, Salmou Soumana, est venue à leur secours en mettant son meilleur jardin maraicher à leur disposition, sous forme de prêt à long terme. Le groupement Niyya, bénéficiaire de ladite parcelle en tire profit et fait pousser au grè des saisons, une diversité d’aliments en fonction de l’accessibilité aux semences.
La présidente Salmou Soumana explique qu’après une dizaine d’années de travail, le groupement Niyya a un soutien fiable de la communauté. Le groupement est actif dans le secteur éducatif local et très souvent, achète des cahiers et matériels pour compléter la dotation de l’Etat lorsqu’elle s’avère insuffisante. Les quatre-vingt cinq (85) femmes du groupement affichent leur satisfaction d’être un soutien de la communauté, et non une charge pour elle.
«Quand il y’a des cérémonies de baptême et de mariage chez nos membres, le groupement apporte un soutien matériel et financier. La vente rapporte également un peu d’argent qui nous permet d’acheter des habits aux enfants et de faire des dépenses pour nos familles», dit-elle. Aussi, elle appelle les bonnes volontés à apporter leurs aides pur améliorer le système d’irrigation du jardin maraicher et aussi fournir aux femmes les semences qu’elles peinent à trouver en quantité suffisante.
Mais à Saga Gorou 2 les femmes n’ont pour l’instant que les champs. Il faut attendre la fin de la saison pour qu’elles retournent dans les jardins et entreprendre leur travail de maraichères. Difficile donc de les rencontrer ces temps ci à cause des travaux champêtres, indique le chef du village, Maïgari Idé Hassan Hima. Dans ce village très proche de quartiers périphériques densément peuplés, des villas poussent dans les jardins comme des champignons. La plupart des rares jardins de maraichage appartiennent désormais à des citadins qui les utilisent comme lieu de villégiature.
Par Souleymane Yahaya(onep)