Dès le lendemain des évènements du 26 juillet 2023, les nouvelles autorités issues du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) ont rapidement fait de la souveraineté dans les secteurs de la Défense et de la Sécurité une de leurs priorités. Désormais, toute coopération dans ces domaines doit répondre aux intérêts du pays et de ses populations, et dans le respect mutuel.
Quelques jours seulement après la prise du pouvoir d’Etat par le CNSP, les nouvelles autorités rendaient public un communiqué dans lequel elles dénonçaient, sans ambages, les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France. Cette décision est prise pour dénoncer les subterfuges de l’ancienne puissance coloniale dans la conduite des affaires internes du pays, mais elle répond également à la demande populaire de mettre à la porte les militaires français accusés par les populations locales de connivence avec les terroristes, de même que leur diplomate en chef au Niger.
Sept (7) mois plus tard, le 16 février 2024, c’est autour des GI, les soldats américains stationnés sur les bases aériennes 101 et 201, ainsi que dans le camp militaire de Ouallam, de se faire inviter à prendre la sortie, toujours par les nouvelles autorités. Les Etats Unis d’Amérique paient ainsi la maladresse de ses diplomates qui, sans aucune considération de la mobilisation populaire en soutien au changement de régime, tentaient de tordre le bras au CNSP dans le choix des partenaires stratégiques du pays. Le Niger dit, dans sa déclaration, avoir « constaté des activités illégales du survol de son territoire par des aéronefs américains et qui sont de nature à s’interroger sur la sincérité de leur partenariat et la pertinence du maintien de l’accord de coopération militaire imposé par note verbale » du pays de l’oncle Sam.
Malgré les défis actuels qui pèsent sur le Niger, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie et le gouvernement de transition ont maintenu le cap pour une véritable souveraineté dans le secteur de la Défense et celui de la Sécurité. En début de ce mois de juillet 2024, les Nigériens, sans surprise, apprennent le départ de la poignée de soldats américains présents sur le sol Nigérien. Le miroitement de projets militaires gigantesques n’y a rien fait : les nouvelles autorités ont refusé d’accorder un sauf-conduit aux allemands qui voulaient une immunité à toutes épreuves contre d’éventuels poursuites contre leurs soldats en cas de délit commis au Niger.
Réactions contrastées des pays recalés
Avec la décision des nouvelles autorités du pays de travailler pour une souveraineté véritable, notamment avec la dénonciation des présences militaires étrangères jugées ‘’illégales’’ par les forces vives de la nation, les anciens partenaires adoptent des postures différentes vis-à-vis du Niger. Il est vrai que l’Allemagne, le dernier à partir du Niger à la date d’aujourd’hui, a réorienté ses priorités sur la coopération diplomatique. Ce pays, malgré quelques prises de parole ratée de certains de ces fonctionnaires en visite dans la sous-région ouest africaine, a pris la mesure de la volonté de changement du peuple nigérien.
Par contre, la France, ancienne puissance coloniale et principal bailleur d’une opération militaire avortée contre le Niger au lendemain des évènements du 26 juillet 2024, a mal digéré de se faire éjecter brutalement de son ancienne colonie, riche en matières premières. Après une rébellion organisée par son ancien ambassadeur qui s’est retranché dans l’ambassade, entouré de tireurs d’élites qui ont fait feu sur des manifestants désarmés, les soldats français finissent par plier bagage sous la pression des brigades de veille civiles et escortés par les Forces de Défense et de Sécurité nigériennes.
Contrairement à l’attitude des français qui ont tout emporté ou détruit, les américains, dans leur retrait, multiplient les actes d’apaisement envers les populations locales et les armées du Niger. Au lieu de vider leurs anciennes bases, ils laissent derrière eux du matériel non sensible, notamment des infrastructures de vie. A Agadez où se trouve leur base de drones, ils multiplient les donations de matériels à des écoles et des centres de santé communautaires pour se rattraper. Une intention clairement assumée de maintenir de bons rapports avec le Niger, d’où l’annonce, toujours par les américains, du renforcement de certains projets de coopérations.
Souleymane Yahaya (ONEP)