Les populations de l’Aïr en général et celle d’Agadez en particulier ont célébré, le mercredi 27 juillet 2023, la fête du Bianou dans la communion des cœurs et des esprits. Ainsi après la soirée de la beauté qui s’est déroulée le mardi 26 juillet 2023, dans l’après-midi, la population s’est transportée au village d’Alarcès, le même jour, dans la soirée où elle a passé la nuit, dans une ambiance festive et de prières autour de certaines personnalités de la Cour du Sultant de l’Aïr. Le matin de bonheur, pendant que les festivaliers se préparent pour prendre la route pour le retour en ville, ils ont été rejoint par un grand nombre des personnes tout âge confondu. La foule est indescriptible ce mercredi matin, jour de la grande fête, tout au long du cortège des deux groupes Est et Ouest.
Cette marche carnavalesque a eu pour point de chute le Sultanat où l’attendait le Sultan en personne, lui aussi spécialement habillé sous sa tente entourée de sa cour et des invités de marque. Comme le veut la tradition, chaque groupe est tenu de passer quelques moments festifs devant le sultan, en chant, danse, musique et louanges au Sultan.
Il faut retenir, il y’a eu la soirée de la beauté qui était une extraordinaire démonstration du talent et du savoir-faire stylistique, artistique et culturel. En effet, ce jour-là tous les deux groupes arborant leurs meilleurs accoutrements ont drainé une immense foule en liesse. Ils ont fait leur montée sur le « Toudoun Bianou » où ils se sont livrés à une véritable démonstration et un concours de danse, de musique, de chants, de louanges, d’habillement, de fair-play et d’humour.
Le même jour, après cette soirée de beauté, aux environs de 22 heures, le grand tambour a retenti pour annoncer le départ pour le village d’Alarcès (village situé à quelque 7 Km au Nord-Est de la ville d’Agadez). Il s’agit du grand départ, où une foule joyeuse s’ébranle derrière les danseurs, chanteurs, joueurs de tambours et tambourins. Ce déplacement se fait sous l’encadrement des responsables et organisateurs du Bianou. C’est aux environs de 00 heures que la foule est arrivée à Alarcès. Automatiquement un concert aux sons de tambours et tambourins, de chants et louanges est offert. La foule en liesse esquisse des pas de danse tout au long du trajet.
Arrivé à Alarcès, les participants se sont regroupés par classe d’âge partageant fraternellement le festin que les responsables du Bianou ont offert. Tout le monde sympathise, s’amuse, chante et danse au rythme des tambours jusqu’au matin. Dans une ambiance de fête indescriptible, les danseurs et les batteurs de tambours en tête de la foule toute joyeuse se sont dirigés vers la ville d’Agadez, certains à pied, à dos des chameaux, des chevaux, (tous bien harnachés), d’autres en véhicules et à moto. Les habitants d’Alarcès profitent également pour suivre la foule.
Après un long périple à travers la ville d’Agadez avec des escales par endroits, le Bianou est arrivé au Sultanat de l’Aïr. Devant le Sultan les deux groupes se sont présentés l’un après l’autre pour les honneurs au Sultan. Majestueusement installé sur son fauteuil royal, le Sultan Ibrahim Oumarou Ibrahim reçoit les différents groupes. Sous un regard particulièrement attentif, le Sultan apprécie le passage de chaque groupe. L’occasion pour chacun d’adresser ses louanges et ses saluts dans le respect de toutes les valeurs socioculturelles et traditionnelles de cette fête et du Sultanat. Après le départ du Bianou, la population est invitée à venir saluer le Sultan. Un moment de plaisir pour la plupart des personnes hommes et femmes qui ont bien voulu immortaliser à travers des photos.
Après le Sultanat, le Bianou (les deux groupes) s’est transporté chez certaines personnalités et certains notables du Sultanat pour les présentations des vœux de bonne fête. Par la suite les deux groupes se séparent chacun de son côté à travers les quartiers pour permettre à ceux qui n’ont pas eu la chance de passer la nuit à Alarcès de contempler le spectacle et partager la joie de voir ce jour. Beaucoup affluent devant leurs portes pour satisfaire leur curiosité. Les réjouissances se sont poursuivies toute la journée.
Il faut se dire que, la richesse de ce patrimoine culturel et les réjouissances qu’il occasionne, lui donne une importance capitale. Même si le Bianou est fondé sur la religion musulmane, sa célébration demeure sans discrimination d’aucune forme. Tous les participants sont les bienvenus sans aucune différence régionale, ethnique ou religieuse. Le Bianou constitue une occasion de raffermissement des liens de parenté et d’amitié, de consolidation de la cohésion sociale. Dans sa forme typiquement traditionnelle, il renferme des festivités spécifiques à Agadez et offre un spectacle sans pareil.
Il faut retenir que la fête va se poursuivre les deux jours qui suivent avant de mettre fin à ces trois semaines de festivités dans une ambiance carnavalesque.
Le message du Sultan Ibrahim Oumarou Ibrahim
« Nous remercions ceux qui ont participé à cette fête du Bianou dans l’allégresse, la joie et aussi dans la symbiose. Nous souhaitons que cette fête soit ancrée dans la mémoire de chacun de nous dans la région d’Agadez et dans cette ville. Nous exprimons nos remerciements aux Forces de défense et de Sécurité qui ont assuré la sécurité de cet événement. Nous remercions tous ceux qui ont participé à cette fête qui est une fête traditionnelle, la fête de la connaissance culturelle, un carnaval inédit au Niger et en Afrique. Je réitère mes remerciements à la population de la ville d’Agadez pour avoir fêté dans le calme et la sérénité »
Ali Maman ONEP/Agadez