En cette période de canicule où la température frôle les 45 degrés Celsius, de nombreux jeunes filles et garçons de la capitale Niamey prennent d’assaut les rives du fleuve Niger pour, disent-ils, changer d’air, à travers des pique- niques, ou des baignades entre amis (es), camarades ou en amoureux. Ils sont pour la plupart des étudiants, des travailleurs et même des chômeurs à s’y rendre. Certains amènent parfois des nattes ou des tapis pour s’asseoir dans les jardins ou aux abords du fleuve. Ils viennent à motos, en voiture, ou même à pied pour contempler le paysage et profiter de ses bienfaits notamment la fraicheur.
Abdoul-Majid Badjo est un jeune étudiant qui fait partie des campeurs du fleuve. Assis tranquillement avec ses amis sur un tapis, cet endroit lui est visiblement habituel. Il engage des échanges avec ses amis. «Nous venons ici avec nos amis presque tous les week-ends depuis le début de la canicule, c’est-à-dire avril et mai. Nous venons au bord du fleuve pour le divertissement entre amis et connaissances. C’est un vrai cadre récréatif et de distraction pour pouvoir oublier momentanément certains problèmes de la vie», a expliqué le jeune étudiant.
Selon les explications d’Abdoul-Majid Badjo, la distraction entre les amis au bord du fleuve permet de solidifier les relations et les liens d’appartenance au groupe. «Nous apportons avec nous de quoi manger, des brochettes, ainsi que du rafraichissement comme les cannettes de jus, du thé. La majorité des hommes qui viennent sont accompagnés par des filles en groupes d’amis. Je trouve ce comportement anormal par ce qu’une fille ne devrait pas suivre des hommes pour des randonnées qui pourraient avoir des conséquences susceptibles de foutre en l’air tout son avenir. Je pense que celles qui s’adonnent à ce genre d’aventure doivent se ressaisir et corriger leur comportement le plus vite possible», a-t-il ajouté.
D’après un autre campeur, M. Hassan Boukari, certains se rendent au bord du fleuve pour contempler le paysage et prendre un peu d’air frais. «Personnellement, je me rends au bord du fleuve pour fuir cette forte chaleur qui nous dicte sa loi. Le plus souvent je m’y rends avec mes amis qui travaillent dans diverses entreprises et ensemble nous préparons le déjeuner de la journée. Durant la semaine nous nous rendons trois fois au bord du fleuve. Souvent certaines personnes se rendent là-bas pour étudier alors que d’autres préfèrent se distraire», a-t-il confié.
M. Abdoulaye, un piroguier précise que la fréquentation de cet endroit demeure un grand danger pour la jeunesse en particulier pour les jeunes filles. «Ces jeunes filles s’exposent aux infections du fleuve», estime-t-il. Il y a aussi le phénomène des génies qui reste l’un des plus graves dangers pour celles et ceux qui fréquentent le fleuve. Souvent, certains témoignages font cas du danger de la pieuvre. Plusieurs autres conséquences liées à la fréquentation sont rapportées. C’est l’exemple de la noyade. «Nous n’avons aucun problème avec ces jeunes qui viennent au bord du fleuve, mais le seul souci c’est la noyade», a-t-il expliqué. Selon ce piroguier, il lui arrive souvent de sauver quelques-uns, mais très malheureusement le courant d’eau emporte d’autres. «Cette année, nous avons eu à repêcher cinq corps. Ces lieux de loisirs présentent des risques. Je pense que les jeunes doivent être vigilants pour éviter des éventuels drames», a-t-il conseillé.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)