Malgré les avancées enregistrées dans notre société, il y’a encore des métiers rarement exercés par les femmes. C’est le cas du commerce de thé préparé communément appelé ‘’chayman’’. Une femme a franchi le pas, bravant ainsi les idées reçues et encaissant les coups face aux railleries de certaines de ses congénères. Mme Nana Souley est ‘’chaywoman’’ depuis plus de deux ans.
Cette mère de 10 enfants et âgée de 48 ans, a dû prendre cette option pour trouver de quoi nourrir ses enfants. : «Je n’ai jamais été à l’école. Mon mari est parti en exode, je me suis alors dit pourquoi ne pas avoir un petit commerce pour avoir de quoi nourrir mes enfants. C’est ainsi que je me suis lancée dans la vente du thé», dit-t-elle.
Très tôt le matin, Mme Nana Souley installe sa table à côté de la demeure familiale située au quartier Kaley non loin de la Mosquée Kadhafi. Certains membres de la famille l’assistent. «Avant d’aller à l’école, mon fils aîné m’aide beaucoup. Il prépare la table et fait de l’eau chaude en attendant mon retour de la boulangerie», déclare-t-elle. Le début a été difficile reconnait-elle. «En effet, je partais à la boulangerie à pied pour acheter du pain que je transporte sur mon dos dans un sac», se rappelle-t-elle.
Mais cette brave dame ne s’est pas découragée en dépit du regard que certains portent sur elle. «Souvent, les femmes du quartier se moquent de moi parce que j’exerçais un commerce qu’elles pensent être exclusivement réservé aux hommes», a-t-elle confié, ajoutant que ces moqueries n’ont fait que l’encourager à faire ce commerce. «Le plus important pour moi, c’est ma famille. Et à son retour de l’école, mon fils aîné prend la relève, le temps pour moi d’aller préparer», ajoute-t-elle.
Mme Nana Souley a, sans discontinuer, exercé ce commerce pendant deux ans avant le retour de son mari. «Aujourd’hui Dieu merci, je suis satisfaite et quand mon mari était de retour, je lui ai laissé la vente du thé. Moi, je prépare et vends du niébé et des œufs à ses côtés», indique-t-elle.
L’ex chaywoman dit ne rien regretter. «Au début, j’ai cru que ça allait être difficile vu que la vente de thé est une activité exclusivement réservée aux hommes dans notre société. Je l’ai fait. Cela m’a permis de ne pas tendre la main pour avoir de quoi nourrir ma famille», dit-elle avec fierté.
Forte de cette expérience, Mme Nana Souley encourage les femmes à oser, à entreprendre. «Ayez des idées. Même si vous n’avez pas de fonds pour commencer, il faut avoir confiance en vous et nourrir vos idées», conseille-t-elle. Mme Nana Souley est l’exemple des femmes nigériennes qui, de nos jours, rompent avec les idées reçues et autres stéréotypes qui condamnent la femme aux travaux ménagers et à la garde des enfants, et faisant de certains activités un domaine réservé exclusivement masculin.
Nafissa Yahaya (Stagiaire)