Depuis l’épopée du Kanem-Bornou (fondé au VIIIème siècle), un empire précolonial, qui s’est épanoui sur les territoires du Tchad, du Nigeria, du Niger, de la Libye et du Cameroun, la fantasia constituait une tradition équestre pratiquée essentiellement par les communautés qui habitaient ces territoires. A Diffa, la fantasia est considérée comme l’évènement culturel le plus remarquable, le plus prisé et le plus célèbre pour la communauté Kanuri. Elle consiste pour les différents Chefs traditionnels (Kanuri, Peuls, Arabes), à monter sur leurs chevaux richement harnachés, accompagnés de leurs notables, de leurs guerriers, des chasseurs (Mahalba), ainsi que des griots de la chefferie.
La fantasia, c’est donc pour ces communautés, une grande fête, un évènement exceptionnel historique, pour lequel tous les Chefs coutumiers et toutes les communautés sont enthousiasmés. C’est pourquoi, il est prévu à l’occasion de la 63ème édition de la célébration de la fête du 18 décembre ou Diffa N’Glaa, une fantasia grandiose. Cette fantasia sera présentée au public sous forme de défilé des chefs des cantons de Maïné Soroa, de Komadougou, de Bosso, de N’Guiguimi, de Goudoumaria, de Chétimari ainsi que des 29 groupements de la région.
Selon Moustapha Arimi, membre de la Commission fantasia et notable à la chefferie de la Komadougou, la fantasia est une grande fête où chacun des Chefs traditionnels affirme son identité et sa spécificité culturelles ainsi que sa puissance et son pouvoir. «Ceci s’exprime à travers l’habillement, le comportement, la façon de conduire une délégation, l’harnachement des chevaux ou des chameaux, le nombre de notables, de guerriers, de griots, des armes de guerre, les citations des hauts faits des Chefs, l’histoire des successions des chefs traditionnels, bref tout ce qui fait la grandeur des chefs et de leurs trônes», précise le notable. Selon lui, chaque canton présentera, ce qu’on peut appeler, de nos jours, ‘’son gouvernement’’ à travers les différents notables de la cour tels que le chef de guerre ou Sarkin Yaki, le chef des guerriers ou Sarkin Dogaray, etc.
Selon l’historien Souleymane Kadri, l’apogée de l’empire du Kanem-Bornou se situe sous le règne du Maï Idris Alaoma au 16ème siècle. «L’enrichissement, le rayonnement et la puissance militaire qui vit l’expansion du royaume, son enrichissement et son rayonnement à l’échelle internationale sont illustrés par la construction d’un hôtel à la Mecque destiné à recevoir les sujets de Kanem-Bornou durant le pèlerinage et plus encore par l’échange d’ambassades permanentes effectué avec l’empire ottoman, l’un des plus puissants du monde d’alors», a rappelé M. Kadri.
«Nous sommes fin prêts pour faire découvrir au Niger et au reste du monde les traditions et cultures du Manga, dans toutes leurs diversités, depuis les temps immémoriaux. Je suis convaincu que le public assistera à un spectacle grandeur nature et historique», rassure Moustapha Arimi. Rendez-vous est donc pris pour le 18 décembre 2021 pour faire revivre les moments fabuleux de l’empire du Kanem-Bornou.
Mahamadou Diallo(onep)(Envoyé Spécial)