Le ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Garde des sceaux a parrainé, le dimanche 10 décembre dans l’enceinte de la maison d’arrêt de Niamey, les festivités marquant le 75ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) mais aussi la journée internationale des Droits de l’Homme. M Alio Daouda avec à ses côtés le gouverneur de la région de Niamey, le chargé d’affaires de l’ambassade de l’Afrique du Sud, le représentant du CICR, les responsables de l’ONG REPRODEHV, un partenaire qui accompagne les maisons carcérales du Niger en matière de respect des droits humains, le chef de canton de Saga ainsi que de nombreux responsables des OSC actives en droits humains ont fait le déplacement de la maison d’arrêt dirigée par le commandant Abdourahamane Foutah.
A son arrivée, le ministre a été accueilli par le gouverneur de Niamey et le régisseur avant d’être salué par un détachement de la Garde nationale du Niger et rejoindre les autres invités ainsi que les détenus sur le terrain de loisir de la maison d’arrêt où s’est tenue la cérémonie commémorative. Une cérémonie marquée par les discours officiels mais aussi des prestations culturelles par des détenus mineurs et l’inauguration de la place verte de la maison désormais baptisée Place Nelson Mandela, en hommage à cet illustre fils d’Afrique, citoyen universel dont les idées ont inspiré de nombreux pays en matière des droits aux détenus. C’est d’ailleurs cette inauguration qui a justifié la présence du Chargé d’Affaires de l’ambassade de l’Afrique du Sud. Le ministre en charge des droits de l’Homme a rappelé tout l’engagement du Niger pour le respect des droits humains tels que l’a réaffirmé le Président du CNSP, Chef de l’Etat le Général Abdourahamane Tiani lors de son adresse à la Nation où il a réitéré l’engagement de notre pays au respect des instruments juridiques internationaux de promotion et de protection des droits de l’Homme.
Le respect des droits des détenus fait partie intégrante de cet engagement. Le ministre Alio Daouda a promis que le Niger ne faillira pas. « Nous allons continuer à agir pour qu’enfin non seulement l’humanisation du milieu carcéral soit une réalité mais aussi que le désengorgement des établissements pénitentiaires soit aussi une réalité et cela en conformité avec les règles des droits que le Niger s’est librement données », a-t-il martelé. Le ministre a déclaré sans ambiguïté que les autorités nigériennes ont les moyens ainsi que la volonté. Le Garde des Sceaux a salué l’initiative et l’esprit d’innovation du commandant Abdourahamane Foutah, régisseur de la maison d’arrêt de Niamey qui, ont permis d’améliorer les conditions de séjour pour les 2035 détenus malgré la surpopulation. Le ministre a ensuite souligné avec force que les détenus sont des Nigériens privés de leur liberté pour avoir commis une infraction. Mais, ils restent toujours Nigériens avec des droits à respecter en tant que membres de la famille Niger. « Il faut qu’on ait un regard clément sur eux car, le milieu carcéral n’est pas seulement un lieu pour sanctionner, il y a aussi ses aspects de resocialisation » a indiqué le ministre.
L’hôte de la cérémonie, le régisseur de la maison d’arrêt a fait un bref historique de cet établissement créé en 1947 avec un seul bloc pour abriter 350 détenus, puis élargi par deux annexes dont un pour mineurs en 1998 pour 60 places et un pour femmes en 2007 avec une capacité de 45 places, soit un total de 455 places. Mais à la date du 10 décembre, il y a 2035 pensionnaires soit un taux d’occupation 447,69% malgré les mesures de grâces prises par le Chef de l’Etat en septembre 2023 ayant permis 121 détenus d’en bénéficier. Justifiant le choix de baptiser la place verte de la maison d’arrêt « Place Nelson Mandela », le commandant Abdourahamane Foutah a rappelé que cet illustre citoyen du monde a passé 27 ans en détention pour son opinion et sa résistance à l’apartheid, 27 années qui n’ont jamais érodé son engagement ni rogné son humanité encore moins son humanisme, mais ont plutôt renforcé son dévouement et sa constance dans sa lutte pour l’égalité.
Face aux détenus, le régisseur a dit que la prison n’a pas jamais découragé Mandela, mais lui a plutôt permis de « se former et acquérir plus de sagesse, gage d’un bon développement personnel », comme pour leur dire qu’eux aussi doivent s’inspirer de lui et faire de la prison une autre école de la vie profitable à leur future vie d’homme et de femmes libres.
Les participants à la cérémonie ont été agréablement égayés par un match de football et des prestations artistiques et culturelles parfaitement exécutées par des jeunes détenus. Il s’agit d’un sketch sur la récidive et des danses inspirées de notre terroir et une interprétation de la danse zouloue à la mémoire de Nelson Mandela dans un fond sonore de la musique du chanteur sud-africain Penny Penny et avec un accoutrement zoulou.
Zabeirou Moussa (ONEP)