Lisons les documents, relisons les témoignages, interrogeons l’Histoire, brandissons les archives, exhibons les preuves patentes de la bonne foi et des bons offices de notre pays chaque fois qu’il s’est agi de cimenter les relations entre le Niger et le Nigéria et surtout de sauver le Nigéria d’une balkanisation suscitée, encouragée et programmée par la France et ses larbins africains comme l’actuel Président nigérian, Bola Hamed Tinubu, qui était, à l’époque déjà, un fervent défenseur de la division et de la scission de son propre pays.
Dans le compte-rendu de l’audience que le Président de la République du Niger, Diori Hamani, a accordée à l’Ambassadeur du Nigéria dans notre pays, S.E Sani Kantagora, quelques jours après la fin de l’effroyable guerre du Biafra qui a vu la victoire des forces fédérales contre les rebelles sécessionnistes du Colonel Ojukwu ,« Le Temps du Niger », le quotidien d’information générale de l’Etat du Niger, ancêtre du quotidien « Le Sahel », du 29 Janvier 1970, écrit : « L’Ambassadeur a d’abord fait l’historique de la rébellion dans son pays mettant l’accent d’une part sur l’aide fournie par des pays étrangers à la province sécessionniste et d’autre part l’aide et la bonne volonté des pays et Etats amis tels que le Niger dont l’aide inaltérable est permanente ».
Quelques jours plus tard, suite à un important don du Niger au Nigéria pour soulager la souffrance des populations éprouvées par la guerre du Biafra, « Le Temps du Niger », dans sa parution du 24 février 1970 écrit : « Une fois de plus, le gouvernement du Niger a démontré qu’il était un ami sincère du Nigéria. Le gouvernement du Nigéria se rappelle toujours le soutien inébranlable du Niger en faveur de l’intégrité territoriale du Nigeria dans les jours troubles de la guerre civile ».
Le 4 avril 1970, le « Temps du Niger » titre à sa « Une » : « Le Général Gowon félicite notre pays ». « Je parlerai plus spécialement du Cameroun et du Niger car ce sont ces deux pays qui ont le plus souffert à cause de leur soutien au gouvernement fédéral et je dois préciser que ces deux pays ont eu à subir les représailles de certaines puissances européennes. L’attitude de ces deux pays a empêché aux rebelles d’avoir une base solide à partir de ces pays, ce qui nous a énormément facilité la tâche », a déclaré le Président Nigérian.
A la réunion de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) de Kinshasa en 1968, le Niger sera désigné conjointement avec l’Ethiopie, le Libéria, le Ghana et le Cameroun comme membre de la commission consultative chargée d’étudier le problème du Nigéria. La première réunion de cette commission se tint à Niamey en présence du Général Yacoub Gowon, Président de la République Fédérale du Nigeria et du Général Ojukwu, dirigeant de la sécession biafraise qui arrive à Niamey le 18 Juillet 1968.
Dans son ouvrage intitulé « Le Niger de Hamani Diori dans la Vie internationale », Aly Talba, politologue et communicateur, écrit à la page 82 de ce riche document de 355 pages : « Dans cette crise du Nigéria, le gouvernement de Hamani Diori n’a pas suivi la voie tracée par les Présidents Houphouet Boigny et De Gaulle. Le premier a explicitement reconnu l’éphémère République du Biafra tandis que le second s’est laissé aller à parler de l’autodétermination du peuple biafrais ».
« La position adoptée par le Chef de l’Etat nigérien dans l’affaire du Biafra est d’autant plus courageuse qu’elle va à l’encontre de celle de la France du Général De Gaulle qui sans reconnaitre officiellement le leader sécessionniste Odumegwu Ojukwu ravitaille ouvertement le Biafra en armes et munitions notamment. Partout, des indices semblent indiquer une présence française au Biafra », écrit le Professeur André Salifou dans sa monumentale œuvre titrée « Biographie politique de Diori Hamani ».
« A la même époque, au Niger, dans la ville de Zinder où nous étions Professeur à l’Ecole normale, le bruit courait que le régime de Diori Hamani commandait pour le gouvernement de Lagos des armes et des munitions qu’il faisait passer clandestinement au Nigéria et l’opération était confiée au Capitaine Sani Souna Sido », révèle-t-il à la page 193 de son ouvrage.
Léopold Kaziendé, Ministre de la Première République du Niger (1960-1974), quant à lui, souligne à la page 107 du tome 6 de ses mémoires dont le titre évocateur est « Souvenirs d’un Enfant de la Colonisation » : « Le Président Diori aida comme il put le Général Gowon qui finit par vaincre les sudistes en 1970, et les frères africains qui avaient reconnu le Biafra se rendirent compte que le Président Diori avait raison ». n
Alou Moustapha(onep)