A 75 kms au nord-ouest d’Agadez, se dresse la cité minière de Tchirozérine. Si cette cité perdue dans le désert doit sa renommée à sa troupe culturelle dont les languissantes chansons ont traversé les décennies et les frontières, il n’en est pas moins vrai qu’elle la tient aussi de son statut de ville minière que lui confère la SONICHAR, la Société nigérienne du charbon d’Anou Ararène. En effet, c’est à quelques encablures de cette ville, précisément sur le site du plateau de Tefereyré, que cette société exploite, depuis avril 1981, une mine de charbon à ciel ouvert et produit de l’électricité à partir d’une centrale thermique.
Depuis plus de 40 ans, la SONICHAR joue un rôle stratégique de par sa fourniture en énergie électrique produite à partir du charbon. La zone de Tchirozérine renferme beaucoup de potentialités en gisement de charbon permettant à la SONICHAR de fonctionner pendant plus de 60 ans. Les réserves de charbon sont estimées à 15,46 millions de tonnes.
Les principaux clients actuels de la SONICHAR sont la Nigelec et la SOMAIR et cela depuis la fermeture de la COMINAK en mars 2021 qui était le principal client. La SONICHAR a des clients potentiels comme IMOURAREN (groupe ORANO), GOVIEX, Global Atomic et SOMINA. Pour permettre à la SONICHAR de répondre aux besoins de ces potentiels clients, elle envisage d’accroitre sa capacité de production. C’est ainsi que, pour le renforcement de cette capacité de production, la SONICHAR est à la recherche de financement pour la construction d’une deuxième centrale thermique au charbon de 32 MW et d’une centrale photovoltaïque de 50 MW.
Depuis sa création en 1975, la SONICHAR dispose de 2 tranches industrielles respectivement mises en service en 1981-1982. La vocation de la société est de produire de l’énergie électrique à partir du charbon minéral extrait sur place à ciel ouvert. De par cette fourniture en énergie électrique qui alimente la SOMAIR et les villes d’Agadez, la SONICHAR joue un rôle extrêmement important, c’est dire qu’elle occupe une position stratégique pour le développement socio-économique du Niger et en particulier celui de la région d’Agadez qui doit son électricité grâce à la SONICHAR.
La centrale de 2X 18,8 MW est un prototype qui a une quarantaine d’années de fonctionnement tandis qu’elle été conçue pour une mise en marche de 25 ans. Cette centrale qui transforme le charbon en énergie électrique est vielle. Du fait de cette vétusté, elle nécessite des travaux d’entretien et de maintenance afin de pallier les pannes récurrentes pour assurer la fourniture en énergie.
La société participe aux activités de développement national, régional et local par les revenus versés à l’État à travers les impôts et taxes. Ainsi, dans le cadre de la responsabilité sociétale, la SONICHAR apporte des appuis à l’administration locale, des appuis en soins de santé publique, appuis aux FDS. Elle apporte aussi des appuis à la consolidation de la paix, aux associations et aux coopératives. Elle assure gratuitement la fourniture en eau des populations urbaines et rurales tout au long de la conduite d’amenée d’eau de Rharous sur le site. La SONICHAR fournit également de l’électricité à la localité de Tchirozerine. De même, elle intervient dans la réalisation et la réhabilitation de pistes rurales.
Fourniture en eau aux populations, une des matières premières dans la production de l’énergie
Elle est indispensable dans la production de l’énergie, mais la SONICHAR distribue plus de 50% de la production en eau aux populations. Pour produire l’énergie, la SONICHAR utilise le charbon, l’eau et l’air.
Dans tout le pays, c’est la Société d’exploitation des eaux du Niger (SEEN) qui garantit le service de production et de distribution de l’eau potable dans les centres urbains et semi-urbains. Mais à Tchirozérine, c’est la SONICHAR qui joue ce rôle. La SEEN est absente dans cette localité. La SONICHAR fournit de l’eau gratuitement à la population de Tchirozérine. Elle fournit également de l’eau aux maraichers et éleveurs tout au long de la conduite d’eau à travers 10 piquages depuis la station de pompage de Rharous située à 30 km de la ville de Tchirozérine. En moyenne par an, de 2011 à 2021, la SONICHAR a extrait à partir de la nappe de Rharous 3.561. 526 m3 dont 31% soit 1.099 252 m3 qui sont destinées à la consommation de la population de Tchirozérine et 20 % soit 726 252 m3 pour les abreuvoirs et jardins. De manière globale, 51% soit 1.825.504 m3 de la production d’eau de Rharous sont utilisées pour les besoins de la population. De 2011 à 2021, la SONICHAR a dépensé 182,550 millions F CFA pour la fourniture en eau.
La SONICHAR offre gratuitement des services de santé
Tout comme pour l’eau qui relève de la compétence de l’État, la santé aussi est un service public, offert par l’État souvent avec le concours des collectivités. À Tchirozérine il n’existe pas de centres de santé publiques. C’est la SONICHAR qui offre les services de santé à toute la population et aussi des localités environnantes. Le centre médical de la SONICHAR reçoit même des patients venus des régions de Maradi et Zinder en outre de ceux d’Agadez.
Le centre médical de la SONICHAR comprend trois sections : la section médicine, laboratoire et maternité. À travers ces trois sections, la SONICHAR assure les services de santé gratuitement aux populations. Les consultations médicales, les examens médicaux, les hospitalisations et les produits pharmaceutiques sont offerts gratuitement au centre médical de la SONICHAR. Outre cette offre gratuite en soins de santé, la SONICHAR apporte des appuis au centre hospitalier régional d’Agadez à travers des actions de réhabilitation, de fourniture en équipements et de produits pharmaceutiques. La SONICHAR appuie également les autres centres de santé de la région en matériels roulants servant d’ambulances tout en assurant leur entretien. De 2011 à 2021, les 81 % de la moyenne annuelle des consultations enregistrées au centre médical de la SONICAHR relèvent de la population. Soit 40 441 consultations sur les 50 095. En début d’année, suite à la panne du matériel de radiographie du centre hospitalier régional d’Agadez, le centre médical de la SONICHAR a pris en charge tous les examens de radiographie afin de satisfaire la population.
Le charbon, un outil à préserver pour le Niger selon le gouverneur de la région d’Agadez
La SONICHAR était une très belle idée de fournir l’électricité dans la région principalement aux compagnies minières, la COMINAK et la SOMAIR à l’époque où l’uranium était un fleuron. La SONICHAR jouait ces rôles et a été créée pour cet objectif mais elle fait encore mieux puisqu’elle aide les populations.
Les villes comme Tchirozérine, Arlit et Agadez sont principalement éclairées par la SONICHAR avec l’exploitation de notre charbon en dehors de ce rôle premier. « J’ai été récemment à la SONICHAR avec le ministre d’Etat à l’énergie Ibrahim Yacouba et je fais une découverte. En effet, en dehors de la production de l’électricité, elle joue aussi un rôle sociétal extrêmement important pour les populations. J’ai découvert que, entre la station de pompage de Rharous et l’usine, toutes les populations environnantes sont alimentées en eau, de même que les animaux par la SONICHAR », confirme le gouverneur de la région d’Agadez, M. Magagi Maman Dada. «Elle traite aussi la population gratuitement. J’ai découvert en réalité qu’à Tchirozérine il n y a pas un service de santé publique. La SONICHAR est pour nous une aubaine », ajoute-t-il.
Selon le gouverneur de la région d’Agadez, la Sonichar connait des difficultés sur le plan technique. L’usine est vétuste et fait face à des problèmes d’entretien car les pièces de rechange ne se fabriquent plus. À cause de ces difficultés réelles que vit la SONICHAR, une partie de la production est souvent suspendue pour des besoins d’entretien. «Nous avons besoin de la SONICHAR. De ce fait, je demande aux plus hautes autorités du pays, le Président de la République, le Premier ministre, le ministre d’État à l’Énergie, qu’il faut soutenir la SONICHAR en la recapitalisant tout simplement ou en la modernisant », a souhaité M. Magagi Maman Dada parce que, a-t-il déclaré, « notre charbon, nous ne voulons pas l’abandonner il faut qu’on se batte pour préserver cet outil ».
Les populations expriment leur sentiment de satisfactions suite aux services sociaux de la SONICHAR qui leur offre un cadre de vie meilleure
M. Mohamad Alhouseini, leader local, témoigne que la SONICHAR réalise beaucoup d’actions dans la zone de Tchirozérine. Elle verse des redevances à la commune et finance la municipalité pour la réalisation des puits aux bénéfices des paysans. La SONICHAR finance toujours, à travers la municipalité, la construction de salles de classe.
Pour assurer une bonne alimentation en eau de toute la ville de Tchirozérine et des villages environnants, la SONICHAR a réalisé des travaux de conduite qui ont mis fin aux clavaires des populations, souligne-t-il.
M. Mohamad Alhouseini indique aussi que la SONICHAR joue un rôle important dans la création d’emplois pour les jeunes de l’ensemble du pays mais en particulier pour ceux de la région d’Agadez. Sans donner de statistiques, il affirme que la SONICHAR embauche beaucoup de jeunes de la région d’Agadez. Elle soutient également les coopératives paysannes.
Au regard de toutes ces actions, M. Mohamad Alhouseini indique, « nous lançons un appel pour le renforcement des capacités de la SONICHAR car la centrale actuelle est vétuste. Nous souhaitons la conception d’une nouvelle».
Plus la capacité de production de la SONICHAR est renforcée, dit-il, plus elle agit pour le bien-être des populations. «Partout au Niger, c’est seulement à Tchirozérine que l’eau et la santé sont gratuites. Et ce, c’est grâce à la SONICHAR », renchérit M. Mohamad Alhousseini
Garin Liman est l’un des villages bénéficiaires de la manne d’eau de la SONICHAR. Comme tous les autres villages situés tout au long de la conduite à partir de la station de pompage de Rharous, ce village a un abreuvoir pour les besoins en eau du cheptel et aussi un point pour l’eau de boisson des habitants du village. « Sans cet abreuvoir, la pratique de l’élevage va être très difficile voire inexistante même dans cette zone. Avant, pour avoir de l’eau il faut se rendre au fond de la vallée, c’était la souffrance », atteste Moussa Jouna, un habitant du village Garin Liman. « Avant, nous buvons l’eau des koris. De nos jours, grâce à la SONICHAR, nous consommons de l’eau potable, ce qui nous épargne de beaucoup de maladies », renchérit Moussa Afaret, chef du village d’Abamkantamass.
« Plus de souffrances maintenant, l’eau est à notre portée. Même un petit enfant peut faire la corvée. Nous faisons l’élevage confortablement grâce à la disponibilité de l’eau. Cette disponibilité a aussi fortement contribué à l’amélioration de nos conditions d’hygiène et d’assainissement», se réjoui Ousaman Insawane, un habitant du village de Tassangaran.
Le Directeur général de la SONICHAR lance un appel pressant à l’endroit des autorités régionales et locales pour songer à assurer les services publics. M. Moussana Alkabous souhaite également la mise en œuvre rapide des projets d’accroissement de la capacité de production de la SONICAHAR.
Ainsi, il lance un appel à l’État et aux partenaires techniques et financiers pour le financement des projets de construction d’une centrale thermique à charbon de 32 MW et d’une centrale photovoltaïque de 50 MW. La réalisation de ces projets permet de répondre aux besoins de la Nigelec afin de satisfaire les besoins en énergie électrique des populations de la région d’Agadez et aussi des compagnies minières.
La SONICHAR fait de son mieux pour offrir des services de base à la population (eau, santé, éducation…). M. Moussana Alkabous, Directeur général de la SONICAHAR plaide pour que les autorités régionales et la collectivité locale jouent leurs missions régaliennes comme partout ailleurs dans le pays. En effet, Tchirozérine est unique, c’est une particularité au Niger. Aucune intervention d’ONGs, de projets ou de programmes d’aide ou d’actions humanitaires dans la localité comme c’est le cas dans les autres parties du pays. À Tchirozérine, c’est la SONICHAR qui fait tout de telle sorte même que pour des problèmes d’ordre sociaux à caractère individuel, certains citoyens s’adressent à la SONICHAR.
« Ce n’est pas pour se soustraire de ma responsabilité sociétale, mais je souhaite la présence des services de l’État dans la localité. Parce qu’on ne peut pas continuer à compter sur une société même si elle est étatique pour assurer le développement d’un département ou d’une commune », precise M. Moussana Alkabous.
« Je Veux que les autorités administratives et collectives jouent leurs rôles. La SONICHAR est prête à les accompagner dans l’exercice de leurs actions », rassure-t-il. A son tour, l’Etat doit jouer sa partition.
Par Oumar Issoufou(onep), Envoyé spécial