Mariage précoce, maternité précoce, fistule … meublent aujourd’hui la vie de plusieurs adolescentes au Niger qui finissent malheureusement par rendre la vie en donnant la vie. Si beaucoup d’encre a coulé au sujet du mariage précoce, la maternité précoce elle, se déroule, handicape et tue en silence. On estime à plus de 70 %, les adolescentes au Niger qui sont mariées avant l’âge de 19 ans. Quant à la mortalité maternelle chez les adolescentes, elle représente 34% de tous les décès des filles ayant donné naissance avant l’âge de 15 ans. Face à cette situation, CARE avec le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates, a initié l’intervention IMAGINE qui signifie : Inspirer les adolescentes mariées à imaginer des avenirs autonomes ou alternatifs. Plus précisément cette initiative de Care « renforce l’autonomie et des filles, s’attaque aux dynamiques sociales et structurelles qui perpétuent les grossesses précoces et présentent des opportunités économiques alternatives pour les adolescentes afin que la maternité précoce ne soit pas leur seule option ».
Des villages ont été sélectionnés dans le département de Mirriah, à Zinder et aussi hors des frontières de notre pays dans le district de Kurigram, division de Rangpur au Bangladesh. Selon un document consacré à cet effet, « dans ces deux régions, le mariage avant 18 ans est particulièrement fréquent ».
Imagine a donc été initié pour protéger la santé de la fille et à raison. En effet, au Niger, selon la même source, le taux de natalité chez les adolescentes est de 207 pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans. « Ce taux est aussi élevé chez les plus jeunes adolescentes ou, 12,8% des filles ont déjà donné naissance avant l’âge de 15 ans ».
Or précise le document, « les adolescentes qui subissent un mariage précoce (souvent défini comme avant l’âge de 18 ans) suivi d’un accouchement précoce sont plus susceptibles de connaître une foule de conséquences physiques, mentales et économiques négatives, y compris des complications pendant la grossesse et l’accouchement, des taux plus élevés de mortalité maternelle et de mauvais résultats éducatifs et économiques tant pour elles-mêmes que pour leurs enfants ».
Selon la même source, un certain nombre de facteurs expliquent la procréation précoce. Il s’agit « des normes sociales sur les rôles de genre, fortement ancrées dans les contextes communautaires et familiaux et qui assimilent la valeur d’une fille à sa capacité à procréer». Il y a aussi « la stigmatisation associée aux rumeurs d’infertilité qui exerce également une forte influence sur les choix de fécondité des jeunes couples, les poussant à prouver leur fécondité par une naissance immédiate c’est-à-dire durant la première année de mariage ». Un autre facteur souligné par le document est le manque de connaissances des adolescentes sur les contraceptifs. Egalement, « les adolescents, qu’ils soient célibataires ou mariés, rencontrent un nombre démesuré d’obstacles à l’accès aux services reproductifs dans le cadre du système de santé officiel, notamment la partialité des prestataires, la stigmatisation de l’utilisation des contraceptifs et le manque d’accès physique ou financier aux établissements de santé ».
La même source précise, que « la prévalence de la contraception moderne parmi les femmes mariées dans le pays est faible, avec seulement 12%. Quant aux jeunes femmes, elles « connaissent moins bien les méthodes contraceptives que les femmes plus âgées (77,4 % chez les 15-19 ans contre 91 % chez les 25-29 ans) et utilisent beaucoup moins les méthodes modernes (5,6 % chez les 15-19 ans contre 16 % chez les 25-29 ans). Il en résulte que 34,4% des décès maternels surviennent chez les adolescentes de 15-19 ans.
La stratégie consistant à aider les adolescentes mariées à exercer des activités génératrices de revenus a été beaucoup appréciée dans les villages concernés.
La plupart des membres de la communauté ont, selon le document, noté un changement positif dans leur soutien. « Contrairement à ce qui se passait il y a plusieurs années, beaucoup considèrent aujourd’hui que la recherche par les filles d’un travail à l’extérieur de la maison est une évolution constructive qui peut contribuer à l’amélioration de la situation de la famille et du foyer».
Toutefois les avis divergent. Certaines personnes estiment en effet que «le travail à l’extérieur ne serait pas considéré comme une raison acceptable pour retarder la première naissance », mais reconnaissent que « le fait de retarder la première naissance permet à la fois à la mère et à l’enfant d’avoir une issue saine et l’assimilent à l’espacement des naissances ».
Par Fatouma Idé(onep)