A l’occasion des 30 ans de régulation au Niger, le Conseil Supérieur de la Communication(CSC) a organisé un colloque international ayant regroupé des responsables des structures en charge de la régulation, des universitaires, des responsables des médias et des personnalités politiques. C’est le ministre de la Communication et des Relations avec les Institutions, M. Mahamadou Zada représentant le Premier, Chef du gouvernement qui a présidé la cérémonie d’ouverture. Le thème retenu pour ce Colloque est «Régulation des médias à l’ère du numérique : presse en ligne, réseaux sociaux et diffusion par satellite, quels défis ?»
En ouvrant les travaux, le ministre de la Communication et des Relations avec les Institutions, M. Mahamadou Zada a d’abord rappelé l’importance que le Niger
accorde à la liberté de la presse. Il a parlé de la
signature de la Déclaration de la Montagne de la Table (DMT) ayant pour vocation d’abolir les lois sur la diffamation et l’injure publique et de
replacer la liberté de la presse au cœur des discussions en Afrique. Pour le ministre de la Communication, la DMT consiste aussi à renforcer la professionnalisation du journalisme et l’accès du public à une information régulière, utile et saine.
M. Zada a parlé des actions que le gouvernement est en train de mener en vue d’améliorer l’environnement professionnel de l’exercice du métier de journaliste à travers entre autres l’adoption de l’ordonnance portant régime de la liberté de la presse qui a consacré la dépénalisation des délits de presse, l’adoption de la Charte d’accès à l’information publique et aux documents administratifs, la signature par le Président de la
République de la
Déclaration de la Montagne de la Table et consécutivement l’institutionnalisation de la Journée Nationale de la Liberté de la Presse, ainsi que la création du fonds d’aide à la presse visant à appuyer les
médias en matériels et à la formation des journalistes et employés des médias. M. Mahamadou Zada a par ailleurs salué les différents acteurs, employeurs, et employés des médias qui ont décidé de convenir d’une convention collective professionnelle des médias sous la facilitation du gouvernement. Il a réitéré l’engagement du gouvernement à œuvrer pour l’amélioration de l’environnement juridique et économique afin de créer des nouvelles conditions d’émergence des entreprises de presse au Niger. Il a souligné que la convention collective professionnelle est un outil qui vise à lutter contre la pauvreté des journalistes.
Revenant sur le thème central du colloque, le ministre de la Communication et des Relations avec les Institutions a indiqué que la régulation fait face à des nouveaux défis liés au dynamisme du secteur avec la création des radios, télévisions et journaux qui viennent enrichir le paysage médiatique du Niger. Il a relevé que la transition vers le numérique crée des nouveaux médias qui, à l’heure actuelle, ne sont pas pris en compte dans le corpus juridique du Niger. Les contenus diffusés par satellite, internet par la voie du téléphone mobile, pour ce qui est des réseaux sociaux, échappent au régulateur du fait qu’ils sont conçus
ailleurs. Le ministre
Mahamadou Zada a mentionné que le mobile a permis le développement des réseaux sociaux qui est un domaine échappant au régulateur, d’où la nécessité d’encadrer cet aspect, au regard des abus et dérives de tous les
ordres qui menacent la paix et la cohésion sociale.
Pour sa part, le président du CSC, Dr Kabir Sani a déclaré que ce colloque se tient dans un contexte où le secteur des médias est en pleine mutation de par le monde et en Afrique en particulier. Il a souligné qu’en l’espace de trois décennies, le secteur a connu une profusion impressionnante de journaux, des stations radios et de télévisions qui se disputent le marché au niveau national ou au-delà des frontières, proposant des programmes d’une information pluraliste et diversifiée. «Ces mutations fulgurantes nées des évolutions des Technologies de l’Information et de la Communication, nous imposent au niveau de la régulation des nouvelles approches, des nouvelles stratégies d’adaptation en vue d’assurer le suivi d’un parc informationnel de plus en plus croissant et dont les supports de diffusion échappent
souvent au contrôle des régulateurs» a-t-il expliqué.
Dr Kabir Sani a, par ailleurs, ajouté que le CSC est aujourd’hui chargée d’assurer le suivi de plus de 250 radios disséminées à travers le
territoire national, 16
télévisions, une soixantaine d’organes de presse écrite, et une vingtaine d’organes de presse électronique, dans un contexte du numérique et de l’Internet. Cela, dit-il, constitue un grand défi. Le président du CSC a notifié que l’objectif de ce colloque est de réunir, les régulateurs des médias, chercheurs et universitaires, praticiens et acteurs des médias afin d’analyser les défis auxquels font face les régulateurs des médias à l’ère du numérique et le choc avec les réseaux sociaux.
Auparavant, la représentante de la Direction du Développement et de la Coopération Suisse au Niger (DDC), a rassuré de l’engagement continu de la Suisse à appuyer les efforts du gouvernement et du CSC sur ce chemin tout en assurant le respect des principes démocratiques, la liberté d’expression et le respect des droits humains.
Quant au représentant pays de l’Institut Electoral pour une Démocratie Durable (EISA), il a salué le gouvernement du Niger qui a pensé à la nécessité de mettre en place et de soutenir au quotidien le CSC dont le rôle est prépondérant dans la création d’un
espace médiatique
vertueux au Niger.
Laouali Souleymane(onep)