le Directeur, pouvez-vous nous faire une description succincte des potentialités environnementales du Département de Gaya ?
Merci. Le Département de Gaya dispose d’énormes potentialités sur le plan des ressources forestières, fauniques et halieutiques. En ce qui concerne les potentialités forestières, le département est le plus boisé de la Région de Dosso. En effet, le département compte trois (3) des quatre (4) forêts classées de la Région. Il s’agit de celles : de Gorou-Bassounga, constituée en domaine forestier classé sous l’acte n°3178/SE/F du 06 novembre 1937 avec une superficie de 9 970 ha ; de Fogha Béri, constituée en massif forestier, sous l’acte n°5890 du 24 décembre 1948 avec une superficie de 4.438 ha et de Bana, constituée en forêt domaniale classée, sous l’acte n°3110/SE/F du 25 avril 1955, avec une superficie de 736 ha. Cette formation forestière est constituée essentiellement de rôniers. Toujours en terme de potentialités forestières, le département dispose de rôneraies qui sont une ressource partagée avec les départements de Dosso et Dioundiou et totalisent une superficie de 32.243 ha (source SAF, 2017). Le département renferme aussi des forêts protégées et d’importants parcs agroforestiers. Quant aux ressources fauniques du département de Gaya, elles sont riches et variées. Elles sont constituées de : mammifères, oiseaux, des rongeurs et des reptiles. Aussi le département couvre une partie de la réserve partielle de faune de Dosso, qui constitue une zone tampon au Parc W. On note aussi la présence de plusieurs zones humides, dont certaines sont classées site RAMSAR. Il s’agit du Dallol Maouri et du Moyen Niger I avec notamment la mare d’Albarkaïzé, qui a une renommée internationale. En effet, ce site touristique renferme une diversité d’oiseaux. Sur le plan des ressources halieutiques, le département est traversé par le fleuve Niger et il dispose d’importantes mares permanentes et semi permanentes. Cet important potentiel est favorable au développement de plusieurs espèces de poissons.
Quelles sont les principales contraintes liées à l’environnement dans le Département de Gaya ?
En effet, qui parle de potentialités et d’avantages parle aussi des contraintes, qui ne peuvent pas manquer dans une telle pléthore d’opportunités. Ces contraintes sont aussi diverses que variées. Les principales contraintes liées à l’environnement à Gaya sont notamment : la régression des superficies forestières, trop sollicitées pour l’extension des espaces cultivés et pour la fourniture de combustibles domestiques, de compléments alimentaires et divers autres produits forestiers non ligneux ; la dégradation des pâturages du fait principalement des feux de brousse, et la prolifération des espaces herbacés non appétées comme Sida cordifolia ; la faible productivité des formations forestières ; la dégradation des terres de culture qui se transforment en glacis, impropre à toute forme de mise en valeur ; l’ensablement des cours et plans d’eau. Nous pouvons aussi citer : la destruction des habitats de la faune sauvage ; la faible organisation des acteurs ; l’insuffisance de financements dans le secteur ; la prolifération des plantes envahissantes (Typha australis, Sida cordifolia) ; le vieillissement et la disparition de plusieurs espèces de valeur : Butyrospermum parkii (Karité), Prosopis africana (Zam-turi), Parkia africana (néré), Bombax costatum (kapokier)….etc. Il faut aussi noter la faible utilisation des autres sources alternatives au bois énergie et les changements climatiques ainsi que les pollutions diverses.
Colonel Gilbert Alloké, citez-nous quelques mesures prises par votre Direction pour faire face à ces contraintes ?
Pour faire face à ces multiples contraintes, la Direction Départementale de l’Environnement de Gaya mène plusieurs actions sur le terrain, parmi lesquelles nous pouvons noter : des actions de restauration de l’environnement notamment la récupération des terres, le reboisement et la promotion de la régénération naturelle assistée ; les séances de sensibilisation des populations sur le respect des textes réglementaires et sur la sauvegarde de l’environnement par un changement de comportement pour une gestion durable des ressources naturelles en général ; la promotion de la pisciculture ; la promotion des produits forestiers non ligneux surtout le miel ; la promotion des énergies alternatives ; les actions de police forestière et de lutte anti braconnage, pour ne citer que cela.
Les feux de brousse causent d’énormes dégâts sur le couvert végétal, comment faites-vous face à ce méfait ?
Effectivement, les feux de brousse constituent un véritable problème environnemental, en ce sens qu’ils impactent, non seulement le couvert végétal herbacé et ligneux mais également la faune sauvage. De janvier 2020 à cette date (14 juillet 2020), le département de Gaya a malheureusement enregistré douze (12) cas de feux de brousse, pour une superficie brulée estimée à 305 ha soit environ 90 tonnes de matières sèches perdues. Fort heureusement, l’Etat et ses partenaires déploient beaucoup de moyens pour faire face à ce fléau. Et les actions conduites s’inscrivent dans le cadre de la lutte passive ou préventive qui se décline en trois activités, qui sont : la sensibilisation des riverains des zones vulnérables ainsi que des usagers de ces ressources fourragères et ligneuses ; la formation et l’équipement des brigadiers anti-feu pour les rendre opérationnels dès le déclenchement des feux et l’ouverture des bandes pare-feu dans les forêts et les zones ou le fourrage est dense.
Parlez-nous maintenant de la célèbre rôneraie du Département de Gaya ?
En effet, on ne peut pas parler des ressources forestières du département de Gaya sans faire référence à la rôneraie, qui est une richesse unique et inestimable aussi bien pour le département, pour la région de Dosso, que pour tout le Niger. Cette ressource est partagée avec les Départements de Dioundiou et Dosso et est composée de la rôneraie du Dallol Maouri, avec une superficie de 28.274 ha et celle du fleuve sur 3.969 ha (source : données SAF 2017). Cet écosystème particulier permet le développement des activités agro-sylvo-pastorales au profit des communautés locales. Il faut rappeler que la zone de la rôneraie a connu des grands projets et programmes de développement à savoir le Projet d’Aménagement et Reconstitution de la Rôneraie du Dallol Maouri (1977-1980) sous financement FAC/FNI ; le Programme d’Appui de la Rôneraie du Dallol Maouri exécuté en trois phases (1981-1984, 1984-1987, 1987-1991), sur financement de la Suisse. Il y a eu aussi, le Programme d’Appui aux Initiatives de Gestion Locale des Rôneraies du Dallol Maouri et du Fleuve (1993-1995), sur financement de la Suisse et le Programme d’Actions Communautaires (2013-2017) sur financement F.A.C/F.N.I. Cependant, malgré tous ces efforts, la rôneraie continue de subir des menaces parmi lesquelles, on peut citer : l’exploitation frauduleuse et abusive du bois; le surpâturage avec des graves risques sur le développement des jeunes pousses; l’exploitation des fruits immatures et les inflorescences mâles et femelles à des fins d’embouche et/ou d’élevage; l’exploitation des sous-produits à but commercial. A cela s’ajoute la faiblesse du contrôle et de la surveillance et le mauvais fonctionnement des structures locales de gestion, mise en place par les précédents projets. Pour faire face à ces menaces, la DDE/SU/DD de Gaya a initié cette année plusieurs actions, parmi lesquelles : la redynamisation des structures locales de gestion de la rôneraie, à travers une série de renforcement des capacités sur la gestion financière et fiscale des marchés de lattes, le renforcement du contrôle et de la surveillance à travers le renouvellement des brigadiers et les missions de police forestière, l’initiation des communautés aux opérations de semis directs de noix de rôniers et l’interdiction de l’exploitation des fruits immatures et des feuilles surtout à but commercial.
Depuis plusieurs années, les autorités nigériennes font de la protection de l’Environnement leur cheval de bataille. Quelles sont les réalisations faites, dans ce domaine, ces dernières années au niveau du Département de Gaya ?
Depuis plusieurs années, l’Etat et ses partenaires déploient des moyens pour des actions de protection et de préservation de l’Environnement. Les réalisations physiques et financières de 2016 à 2019 sont les suivantes : 257.973 plants forestiers produits; 906 ha de terres dégradées traitées; 1.245 ha de plantations et regarnis ; 686 ha de semis direct de noix de rôniers; 818 ha ensemencés; 5.117 ha de Régénération Naturelle Assistée; 15 ha de plans d’eau faucardés; 6 mares empoissonnées; 3.134 tonnes de poissons; 204 tonnes en production contrôlée de Moringa Oleifera; 10.806 litres de production contrôlée de miel et 90 kg de gomme arabique récoltée sur les sites récupérés. Le coût total des réalisations, pour les 4 années, s’élève à 199.398.588 FCFA, dont près de 159.518.870 FCFA perçus, en Cash for Work par les populations (soit 80 % du coût total), ces travaux ont mobilisé 68.904 hommes par jour et ont permis la création de 522 emplois temporaires. Il faut noter que dans ce cadre, rien que cette année les réalisations physiques et financières au titre du premier semestre se présentent ainsi qu’il suit : 60.000 plants produits; 296 ha de terres dégradées traitées; 83 km linéaires de bandes pare-feu ; 1.177 ha de Régénération Naturelle Assistée ; 385 tonnes de poissons; 3 tonnes en production contrôlée de Moringa Oleifera; 1.082 litres de production contrôlée de miel et 20 kg de gomme arabique récoltée sur les sites récupérés. Le coût total des réalisations, pour cette période, s’élève à 78.239.375 FCFA, dont près de 62.591.500 FCFA perçus en Cash for Work par les populations (soit 80 % dudit coût), ces travaux ont mobilisé 22.091 hommes par jour et ont permis la création de 168 emplois temporaires.
Réalisée par Mahamadou Diallo (Envoyé Spécial)