Au moment où notre pays a amorcé un tournant décisif de son histoire pour la conquête de sa souveraineté déclenchée depuis le 26 juillet 2023, moment où le sens élevé du patriotisme, la solidarité, la cohésion sociale, la confiance, la vigilance, la tolérance, la paix, la quiétude sociale doivent être le fil conducteur du citoyen patriote ; c’est cet instant critique que le Bureau Exécutif National du Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (BEN SAMAN) a choisi pour rendre publique une déclaration mettant à mal l’image et la réputation de la Police Nationale.
En effet, dans une sortie médiatique tonitruante, hâtive et saugrenue, le 24 juin 2024, le BEN SAMAN a qualifié de gangs certains éléments de la Direction Départementale de la Police Nationale (DDPN) de Konni, région de Tahoua et de la Direction Régionale de la Police Nationale (DRPN) de Tillabéri, les Officiers de Police Judiciaire (OPJ) ainsi que les autorités administratives desdites circonscriptions. Le BEN SAMAN a accusé les éléments de la Police Nationale en service au poste de contrôle sis à l’entrée de Tillabéri, en venant de vers Niamey, de violation de toutes les règles d’éthique et de déontologie de la Police Nationale, lors du contrôle d’un bus de transport en commun de la compagnie Africa Assalam, immatriculé BA 2837 RN/NY et d’obstruction à la justice.
Dans les deux cas, de Konni et de Tillabéri, le BEN SAMAN a évité de passer au crible de la raison, les informations qu’il a reçues, avant sa sortie médiatique hasardeuse. Composé de professionnels de l’enquête judiciaire dans son volet théorique, le BEN SAMAN n’a pas su mettre en évidence certaines dispositions du Code de Procédure Pénale en faisant preuve de bonne foi notamment constater les faits et en rassembler les preuves pour bien comprendre les évènements et faire la déclaration qui sied. Mieux, il s’est éperdument aventuré à être « juge et partie ».
De quoi s’est-il agi exactement ?
A Konni, dans la nuit du 23 au 24 mai 2024, les membres du comité de veille de la ville de Konni ont arrêté cinq (5) individus, dont un certain Nassirou alias Boka, réputé être un véritable chef de gang, criminel, grand dealer de drogue qui terrorise la population de Konni et fait sa loi impunément contre lequel plusieurs plaintes ont été déposées à la DDPN de Konni pour diverses infractions notamment viols, séquestration, extorsion de fonds, agressions suivies de vols à mains armées, coups et blessures volontaires avec armes blanches et trafic de drogue.
Au cours de leur interpellation, une foule estimée à plus de 300 personnes s’est mise à les rouer des coups. Il a fallu l’intervention des éléments de l’Office Central de Répression, du Trafic Illicite de Stupéfiants (OCRTIS) pour les exfiltrer.
Lors de leur conduite à bord du véhicule de l’OCRTIS, Boka a tenté de s’échapper en sautant du véhicule. Il a été rattrapé par la foule qui s’est ruée sur lui pour le lyncher. Il a été secouru suite à deux tirs de sommation effectués par les éléments de la Police qui l’ont conduit aux soins. Le lendemain, le 24 mai 2024, l’intéressé a succombé des suites de ses blessures à l’hôpital de Konni.
Il faut noter que l’opinion publique s’est réjouie de l’arrestation de Boka. De son vivant, il a semé la terreur dans la ville de Konni. La population a marre de son comportement et garde encore en mémoire qu’il est un multirécidiviste. Plusieurs fois, il a été interpellé par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et libéré quelque mois après, de la prison civile malgré la gravité des faits commis. A titre indicatif, de 2021 à 2023, l’intéressé a été déféré plusieurs fois :
- le 13 avril 2021 suivant PV N0 19, pour trafic de drogue ;
- le 19 novembre 2021 suivant PV N0 254, pour association de malfaiteurs ;
- le 19 novembre 2021 suivant PV N0 255, pour association de malfaiteurs, extorsion de fonds, menaces verbales de mort, rébellion, Coups et Blessures Volontaires, voies de fait, trafic international de drogue et complicité ;
- le 19 juillet 2022 suivant PV N0 213, pour association de malfaiteurs, extorsion de fonds, menaces verbales de mort, rébellion, violences et voies de fait, trafic international de drogue et complicité ;
- le 19 septembre 2023 suivant PV N052, pour offres et cession de drogue à haut risque et à risque.
Suite à cet événement, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Konni a instruit téléphoniquement la Police Nationale d’ouvrir une enquête en flagrant délit. Celle-ci a été immédiatement ouverte.
Dans le cadre de cette enquête, le Procureur a demandé l’interpellation de trois (3) membres du comité de veille du quartier Kaoura sous prétexte que les faits se sont produits dans leur quartier. Les investigations étant déjà en cours, le 26 mai 2024, le Procureur a également demandé à la police de prendre le témoignage de quatre individus interpellés dans les mêmes circonstances que Nassirou Boka (les intéressés étaient déjà en garde à vue dans les locaux de l’OCRTIS pour une affaire de drogue) ; ce qui fut fait. Bien qu’ils soient auditionnés sur procès-verbal, le Procureur a ordonné de les conduire à son cabinet le même jour aux environs de 18 heures pour qu’il les entende à nouveau.
Cependant, au regard des renseignements faisant état de menaces sérieuses de troubles à l’ordre public, l’autorité administrative a jugé inopportune de procéder à des interpellations immédiates.
En conséquence, le Procureur a décidé de dessaisir la DDPN de Konni de l’affaire au profit de la brigade de la Gendarmerie Nationale de Malbaza, parce qu’aucune personne n’a été interpellée à ce stade, sans prendre en compte les circonstances et les étapes de l’enquête déjà entreprise dans l’ensemble.
Par ailleurs, dix (10) jours après ces événements, le 4 juin 2024 précisément, le Conseil Départemental de Sécurité s’est réuni. Au cours des échanges, en présence des membres notamment le Préfet, le Procureur et les responsables des FDS, il est ressorti un problème de communication entre les acteurs. Ainsi, après des explications données par les uns et les autres, le Procureur s’est rendu compte que la position des autorités locales était motivée par l’unique souci de prévenir de graves troubles à l’ordre public dans la gestion du dossier et non de faire obstruction à la justice comme rapporté par le BEN SAMAN. De suite, le 5 juin 2024, le Procureur a rappelé la Police pour lui demander de poursuivre l’enquête et celle-ci suit son cours normal.
Pourtant, le BEN SAMAN a manqué d’objectivité de faire cas de cette réunion à laquelle le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Konni a participé et la reprise de l’enquête sur ses instructions par la Police Nationale de Konni, depuis le 5 juin 2024, soit 19 jours avant sa déclaration.
A Tillabéri, le lundi 10 juin 2024, un bus de la compagnie de transport Africa Assalam venant de Niamey et arrivé à la barrière de police entrée Tillabéri a été soumis au contrôle conformément aux exigences sécuritaires du moment. Tous les passagers à bord du bus sont descendus à l’exception d’un seul individu. Poliment, l’agent de police lui a demandé de descendre comme les autres passagers mais il s’est mis à le menacer en lui disant qu’il ne descend pas sous l’injonction d’un « petit policier » et que lui, il ne traite qu’avec ses patrons.
L’agent retourna pour rendre compte à son chef de poste. Curieusement l’individu l’a suivi tout en lui lançant « c’est quoi un policier ? » ; qu’« il est plus grand qu’un chef de poste et que par conséquent il n’a aucun devoir de se présenter à un petit policier ».
Lorsque le chef de poste tenta de raisonner l’individu, celui-ci lui proféra des injures en ces termes : « Batârd ! Imbécile ! Devant Dieu et devant les hommes, moi, je suis plus qu’un policier ». QUEL BLASPHEME !!!
Ce sont ces propos que le BEN SAMAN a qualifié insolemment d’échange verbal banal. En réalité, en refusant de se soumettre au contrôle d’identité des agents dans l’exercice de leurs fonctions,cet individu s’est mis dans une position de délinquant vis-à-vis de la loi. Plus grave encore, non content de défier la force publique, ce délinquant s’est même permis d’agresser physiquement un agent en le prenant par le col de son uniforme.
Vu le caractère agressif et incontrôlé des agissements de ce hors la loi, les autres agents se sont sentis en devoir d’intervenir pour faire cesser le trouble à l’ordre public, maitriser le délinquant et le conduire au Commissariat à toutes fins utiles conformément à la réglementation en vigueur.
Devant les policiers de permanence au Commissariat, le délinquant a reconnu avoir insulté les policiers, a persisté dans son refus de se soumettre au contrôle d’identité et que rien ne va se passer. C’est seulement, dans le bureau du Directeur Régional de la Police Nationale de Tillabéri, tout en simulant des pleurs, que l’intéressé a également reconnu et confirmé la véracité des faits et a décliné finalement son identité, comme répondant au nom de Issaka, juge des mineurs au Tribunal de Grande Instance de Tillabéri.
Au regard de ce qui précède, il est regrettable de voir le BEN SAMAN déformer sciemment les faits en vue d’entretenir la confusion et le pessimisme dans l’esprit des honnêtes citoyens qui n’aspirent qu’à la quiétude sociale. Heureusement, que le vaillant peuple nigérien est aujourd’hui capable de se faire sa propre opinion.
Dès lors, on est fondé à se demander d’où le BEN SAMAN tire le pouvoir d’édulcorer les faits, de s’immiscer dans des dossiers pendants devant les juridictions et de donner des injonctions aux Procureurs Généraux de retirer la qualité d’Officier de Police Judiciaire à certains fonctionnaires de Police.
En tout état de cause, la Police Nationale, conformément aux missions régaliennes qui lui sont assignées, celles d’assurer la sécurité des personnes et des biens, lance un appel pressant à la population de ne pas se laisser divertir par les propos d’un syndicat qui s’identifie abusivement à l’institution judiciaire.
Au demeurant, la Police Nationale, consciente du rôle essentiel qu’elle joue au sein de la société, tient à entretenir des relations saines et constructives avec toutes les institutions de la République y compris l’institution judiciaire dans le respect mutuel.
Fait à Niamey, le 27 juin 2024