« Il m’a été donné de constater que des fausses informations circulent relativement aux mesures prises dans le cadre du redéploiement des agents de l’Etat, entrepris pour rationaliser les ressources humaines de l’Administration publique afin de la rendre plus performante et plus efficace.
La maitrise des effectifs et de la masse salariale continue d’être un défi à atteindre malgré les nombreuses Initiatives du Gouvernement. Cela est dû principalement aux grandes difficultés dans le suivi de la gestion des carrières et de la paie des agents publics, conséquence d’un éparpillement des services impliqués et d’insuffisance des outils de gestion.
Dans l’optique de rationaliser l’existant et éventuellement les recrutements à venir, mon Département ministériel a mis en place un comité ad hoc qui a procédé, du 13 au 15 novembre 2023, à l’analyse globale des besoins en ressources humaines exprimés par les ministères et institutions de l’Etat, au titre de l’année 2024 en vue de s’assurer que l’Administration publique dispose des ressources humaines nécessaires pour mener avec efficacité, les réformes économiques et financières liées à la mise en œuvre de la chaine Planification Programmation Budgétisation Suivi-Evaluation (PPBSE).
Cette analyse poursuit plusieurs objectifs :
- veiller à ce que les secteurs sociaux de base notamment ceux de l’éducation et de la santé disposent de capacités en ressources humaines, en nombre et en qualité, pour faire face aux exigences de prestation de services publics ;
- recruter dans la fonction publique, des jeunes diplômés dans les secteurs de l’éducation, de la santé, du pétrole, des mines, de l’énergie, du développement rural et des régies financières.
Elle Intervient également dans un contexte socio-économique caractérisé surtout par :
-une dynamique d’accroissement des besoins en services publics d’une population estimée à environ 27.000.000 d’habitants en 2024 et à plus de 70 millions en 2050 ;
– un défi sécuritaire permanent et une réforme de l’ensemble des secteurs de l’économie nationale.
Principalement, il a résulté de cette situation :
- un tassement en personnel dans les différentes administrations à redéployer ;
- un recours de plus en plus massif à un personnel palliatif (contractuels, appelés du service civique national, bénévoles et stagiaires) pour exercer souvent des fonctions d’encadrement ou pour occuper des emplois d’agents subalternes ;
- l’extinction progressive de certains corps ou catégories d’emplois tels que les agents des catégories C et D et les auxiliaires ;
En dépit des efforts engagés, l’Administration publique continue de souffrir d’une insuffisance de capacités en ressources humaines pour assurer pleinement ses missions.
Ainsi, au plan méthodologique, le comité a :
- tenu des réunions de partage des outils de collecte des données avec les Directeurs et Responsables des Ressources Humaines des ministères et Institutions publiques ;
- procédé à la collecte des données concernant les structures à gros effectifs ;
- produit et mis à disposition des différentes structures, un récapitulatif des effectifs, répartis par structure ;
Le comité des Experts s’est basé sur l’hypothèse selon laquelle l’insuffisance des ressources humaines constitue l’une des principales contraintes au développement de certains secteurs et sous-secteurs en apportant un correctif en vue de procéder aux recrutements massifs pour satisfaire les besoins réels et réalistes de l’ensemble de l’Administration Publique. D’où les raisons de procéder à un redéploiement pour maitriser et rationaliser l’existant des effectifs de l’Etat puis passer à l’étape des recrutements.
L’objectif visé à travers l’opération est de tendre vers une administration impersonnelle, non patrimoniale caractérisée par la séparation de la fonction et du fonctionnaire, basé sur des recrutements fondés sur le mérite, sur une hiérarchie, avec une spécialisation des fonctions et une compétence technique.
Eu égard à ce qui précède, je lance un vibrant appel à un changement de comportement des uns et des autres dans le respect de l’intérêt général dans le cadre du service public et de la quiétude sociale, car de par la mission qui lui est dévolue, l’Administration ne saurait être égale à un particulier, elle dispose de privilèges et de prérogatives de la puissance publique pour mener des réformes qu’elle aura jugées utiles voire indispensables à la communauté. »
Mme Aïssatou Abdoulaye Tondi