Le ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, M. Hassoumi Massoudou, et son homologue danois de la Coopération au développement et de la politique climatique mondiale, M. Dan Jorgensen, sont revenus hier en début de soirée, sur le renforcement de la coopération bilatérale et des liens d’amitié entre les deux pays. Ils ont abordé successivement, lors d’une conférence de presse qui s’est déroulée au Palais de la Présidence, plusieurs sujets d’intérêt commun qui vont des défis liés au changement climatique à la lutte contre le terrorisme, en passant par le développement socio-économique, la bonne gouvernance et l’éducation.
Le ministre d’Etat Hassoumi Massoudou, tout comme son homologue danois, a expliqué que l’amitié entre le Niger et le Danemark se fonde sur des valeurs partagées. Il s’est félicité du rehaussement de l’enveloppe de soutien du Royaume au Niger qui passe de 32 milliards pour la période 2017-2021 à 70 milliards de francs CFA pour les cinq ans à venir, plus 10 milliards supplémentaires obtenus en faveur du système éducatif suite à la rencontre entre le Président de la République Mohamed Bazoum et le Prince héritier Frederik De Danemark, quelques instants avant la tenue de la conférence de presse. Ce qui porte la contribution du Royaume de Danemark à un total de 80 milliards sur la période 2023-2027.
M. Dan Jorgensen a réaffirmé que la relation entre son pays et le Niger n’a jamais été aussi forte et importante que ces dernières années. L’une des raisons qui expliquent cela, a-t-il dit, est que le Royaume de Danemark apprécie la stratégie que le Niger a adoptée pour trouver des solutions aux nombreux défis auxquels il est confronté et sur lesquels le Danemark peut aider. Une autre raison avancée par le ministre Dan Jorgensen, est liée aux conséquences du changement climatique qui «accélèrent et multiplient tellement d’autres défis et ceci est la raison pour laquelle nous nous sentons utiles et pour laquelle nous avons augmenté notre aide».
«Nous sommes aussi conscients que la région du Sahel est une région très instable et dans certains de vos pays voisins nous avons des conflits, le manque de démocratie et l’abus des droits humains. Evidemment, nous trouvons important d’être en étroite collaboration, en dialogue, et aider quand nous le pouvons, un ami aussi proche que le Niger, avec un gouvernement démocratique», a poursuivi le ministre danois de la Coopération au développement et de la politique climatique mondiale. Il devait par ailleurs préciser que le gouvernement du Danemark va désormais considérer les politiques de développement et les politiques climatiques de manière holistique.
Changement climatique et lutte contre le terrorisme
Le ministre d’Etat Hassoumi Massoudou, répondant aux questions des journalistes sur le sujet, a indiqué que le changement climatique est au cœur de la problématique actuelle de la sécurité au Niger et se manifeste par les crises du pastoralisme, l’amenuisement des ressources foncières et la compétition sur les ressources foncières. Il a apprécié l’affectation aux questions liées à ce sujet d’environ 39 milliards sur les 80 milliards de francs CFA de l’enveloppe d’aide danoise au Niger. Le ministre d’Etat relève qu’en plus de son soutien de 10 milliards en faveur uniquement de l’éducation, le Danemark alloue 15 milliards de francs CFA au renforcement de la stabilité et de la prévention des conflits, ainsi que des déplacements. D’un autre côté, c’est pratiquement 39 milliards de francs CFA, qui sont alloués à l’adaptation au changement climatique et au renforcement de la résilience dans le pays. Ce soutien inestimable permet au Niger de mieux s’adapter à l’évolution des défis et des préoccupations que soulève le changement climatique.
Sur la lutte contre le terrorisme, le ministre danois de la Coopération au développement et de la politique climatique mondiale a fait savoir que son pays travaille avec le Niger pour contrecarrer le recrutement des jeunes par les groupes terroriste. A l’issue des échanges qu’ils ont eus, le ministre d’Etat Hassoumi Massoudou a rappelé la conception holistique de la lutte contre le terrorisme qui permet d’aller largement au-delà de la seule prise en compte de l’aspect militaire pour résoudre ce fléau. «Nous l’avons toujours dit que si nous renonçons au développement, nous perdrons cette guerre contre le terrorisme», a-t-il affirmé.
Tout investissement fait en faveur du développement, estime-t-il, est une contribution aussi essentielle que l’action militaire, à la lutte contre le terrorisme. «C’est pour ça que nous accueillons toutes les aides au développement comme des contributions à la consolidation de notre capacité de résistance face à la menace terroriste … Sur le plan budgétaire, c’est autant de ressources qu’on n’affecte pas au développement. C’est pour cela que chaque fois que d’autres acteurs nous aident dans le domaine du développement, cela nous soulage pour nous permettre d’avoir l’espace budgétaire nécessaire pour permettre à nos forces d’avoir aussi de l’équipement, de l’entrainement et des capacités de combat supérieur», a conclu le ministre d’Etat Hassoumi Massoudou.
Souleymane Yahaya (ONEP)