Une conférence regroupant les ministres des Affaires Etrangères des pays membres de la Coalition internationale contre Daech, a ouvert ses travaux hier, jeudi 8 juin 2023 à Riyad, en Arabie Saoudite. Le Niger est représenté à cette réunion par le ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, M. Hassoumi Massoudou. On y note également la présence du Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, des ministres des Affaires étrangères ainsi que des représentants de l’Union européenne.
Il s’agit pour les participants à cette rencontre d’échanger sur les événements marquants de la sécurité régionale et internationale. Les discussions portent notamment sur la coopération entre les pays de la Coalition et de la coordination internationale contre Daech, en particulier sur le continent africain, du développement de la menace terroriste au Moyen-Orient et dans d’autres régions, ainsi que des efforts à déployer pour anéantir l’organisation terroriste Daech.
Dans une déclaration qu’il a faite à l’ouverture de la réunion, le ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, M. Hassoumi Massoudou, a déploré le fait qu’en dépit des pertes réelles infligées au leadership de Daech, dont la perte de contrôle des territoires en Syrie et en Irak ainsi que la neutralisation de plusieurs de ses hauts cadres de commandement, la menace de l’organisation terroriste ne faiblit pas. «En effet, l’organisation continue d’exploiter les fragilités locales et les tensions communautaires dans plusieurs régions du monde, notamment en Afrique où elle a réussi à étendre en si peu de temps, ses affiliations dans la partie centrale, australe et occidentale du Continent», a-t-il souligné.
Pire, a ajouté M. Hassoumi Massoudou, «la violence liée aux groupes terroristes africains a augmenté de 22 % au cours de l’année 2022 avec 6859 évènements enregistrés. Ce qui représente un nouveau record de violences extrémistes enregistrées depuis 2019. Les principaux théâtres de ces violences sont le Sahel, la Somalie, le bassin du Lac Tchad et le Mozambique».
Cette situation, a-t-il estimé, devrait inciter les pays de la Coalition à revoir leurs engagements et les efforts fournis jusque-là pour contrer l’expansion de cette organisation, particulièrement dans les régions les plus vulnérables. Il s’est ensuite appesanti sur les points relatifs au renforcement des capacités et moyens militaires des pays qui sont sur le front de combat. A ce propos, il a expliqué que les groupes terroristes emploient des tactiques irrégulières de guerre pour opérer comme des insurrections locales. C’est, a-t-il précisé, le cas dans la région du Sahel, notamment dans la zone des 3 frontières, où Aqmi a pu adroitement exploiter un conflit datant de plusieurs années entre certains groupes ethniques qui avaient des sentiments mitigés par rapport au pouvoir central, pour s’installer dans toutes les provinces situées au nord du fleuve Niger. Idem dans le Bassin du Lac Tchad où le mouvement d’obédience de l’Islam politique, Boko Haram, s’est vite métamorphosé en épousant certaines revendications communautaires et en recrutant dans certaines communautés vivant dans les villages des pays voisins, notamment au Niger, au Tchad et au Cameroun.
Le ministre d’Etat Hassoumi Massoudou a ensuite abordé un autre point tout aussi important, à savoir la nécessité d’adopter des approches multidimensionnelles au-delà des réponses centrées sur la sécurité, c’est-à-dire une plus grande complémentarité entre les réponses sécuritaires et les actions de développement. Car, a-t-il fait remarquer, l’expansion rapide de Daech sur le continent africain, notamment au Sahel et dans le bassin du lac Tchad a beaucoup été favorisée par les multiples défis auxquels les pays de la région font face depuis de nombreuses années. «Ces défis ont pour nom : pauvreté, famine, chômage des jeunes, porosité des frontières, ignorance, pour ne citer que ceux-là. La faiblesse des systèmes de défense de ces pays, le dérèglement climatique ainsi que les instabilités politiques sont des facteurs aggravants», a-t-il précisé.
Proposant une approche plutôt globale, il a dit qu’elle doit prendre en compte les raisons sociales, économiques et politiques du basculement vers la radicalisation et l’extrémisme violent. Ainsi, les actions militaires doivent être accompagnées des programmes de développement et de bonne gouvernance. L’approche doit également inclure la lutte contre la désinformation à travers les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication; le tarissement des sources de financement de Daech; une mobilisation autour du financement des programmes de stabilisation dans les zones précédemment affectées par le terrorisme.
Parlant des efforts déployés par le Niger, le ministre d’Etat a évoqué la mise en œuvre par l’Etat de programmes visant la stabilisation des zones touchées par le conflit et une prise en charge rapide et adéquate des conflits latents.
En marge des travaux, le ministre d’Etat Hassoumi Massoudou a eu plusieurs rencontres bilatérales. C’est ainsi qu’il s’est tour à tour entretenu avec les ministres en charge des Affaires Etrangères de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, du Royaume de Belgique, du Canada, de l’Italie, et de la Mauritanie.
Aïssa Alzouma AP/ MAE/C