Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Monsieur Ikta Abdoulaye Mohamed a participé le 30 mai dernier, à Rome, en Italie, à l’ouverture de la 4ème Conférence mondiale sur l’Objectif de Développement Durable ODD16 «promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la Justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous» . La Conférence a réuni des représentants de gouvernements, d’organisations internationales, de la société civile et du milieu universitaire pour identifier les solutions pour accélérer les progrès vers l’atteinte de l’ODD 16 et promouvoir son rôle dans le soutien à la transition vers un monde plus durable.
La rencontre a passé en revue les progrès et les défis liés à l’objectif de Développement Durable(ODD) 16, avec un focus sur les conflits et la perte de confiance dans les institutions publiques. Répondant aux préoccupations de l’assistance sur le premier thème de la rencontre ‘’promouvoir le nouvel agenda des Nations Unies pour la Paix’’ le ministre Ikta Abdoulaye Mohamed a exposé la particularité de la menace sécuritaire à laquelle fait face le Niger dans l’espace sahélien. Un défi sécuritaire très particulier du fait de la situation géographique du pays, auquel vient s’ajouter celui du changement climatique qui accentue les tensions autour de l’accès aux ressources naturelles, exacerbe l’insécurité alimentaire elle-même amplifiée par la géopolitique du pays et la guerre en Ukraine. A ces défis, il faut aligner celui de la jeunesse de la population nigérienne dont l’âge médian est de 15 ans, une jeunesse qui a besoin d’éducation et des perspectives économiques à moyen et long terme.
«Le secteur de la justice, comme les autres secteurs, est largement éprouvé par la dégradation de la situation sécuritaire» a déclaré M. Ikta Abdoulaye Mohamed. «Ce qui se traduit notamment par une forte judiciarisation des poursuites en matière de terrorisme, avec comme corollaire l’engorgement des cabinets d’instruction, la surpopulation carcérale et des délais de jugements relativement longs accentuant le risque de radicalisation des détenus», a-t-il poursuivi.
En réponse à ses défis, «le Niger a réalisé des reformes juridiques et institutionnelles avec la création d’un service central et des juridictions en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée», a relevé le ministre. Il a ensuite précisé que la lutte contre les groupes terroristes nécessite à la fois des réponses urgentes, préventives mais aussi une approche holistique à long terme. Le temps est en effet critique dans ce combat asymétrique. Ce sont les groupes terroristes qui jouent sur les frustrations des populations à qui ils donnent le sentiment d’être «abandonnées» par leur Etat, d’être victimes d’injustice, de ne pas avoir les mêmes chances que les autres. Pour le ministre de Justice, il faut créer les conditions propices au développement économique en restaurant la confiance des acteurs et des investisseurs économiques. Nonobstant ces immenses défis, le Niger a choisi de mener une approche holistique et complémentaire en investissant à la fois dans la sécurité et la justice. «Ces dernières années, le budget de la justice a augmenté d’environ 30% pour soutenir notre vision de promotion de l’accès à la justice notamment des populations les plus vulnérables et les plus éloignées. Nos efforts sont soutenus par les partenaires tels que IDLO qui appuie la chaine pénale et HIIL dont l’une des actions phares mises en œuvre avec mon département ministériel a consisté à la réalisation d’une étude qui a fait ressortir les écarts en matière d’offres de justice »
Le ministre de la Justice a également souligné les efforts du Niger dans la lutte contre l’impunité, les détentions abusives et prolongées, la résorption des arriérés à travers le programme d’appui à la justice pénale. Une approche novatrice et inclusive qui permet d’associer tous les acteurs clés de la société, pas que les magistrats et les officiers de police judiciaire mais aussi les représentants de la société civile, les chefs traditionnels et coutumiers et les acteurs locaux, ce grâce au cadre de concertation de la justice pénale mis en place avec IDLO. «Dans cette approche, la justice devient l’affaire de tous et prend en compte les besoins de chacun», a précisé M. Ikta Abdoulaye Mohamed.*

Dans le second volet de son exposé, le ministre de la Justice a rappelé les causes des conflits violents au Niger qui, selon lui, sont multiples. On peut retenir deux causes essentielles notamment les conflits liés au foncier et à la gestion des ressources naturelles et les conflits de leadership et de légitimité. «Par rapport aux causes profondes de ces conflits, le Niger s’est doté en 2020 d’une stratégie nationale de prévention de la radicalisation et de lutte contre l’extrémisme violent d’un coût de 297 milliards 310 millions 940 mille franc CFA soit environ 453 millions d’Euro» a-t-il rappelé. Cette stratégie vise à préserver la paix et la sécurité par les moyens de la prévention en créant les conditions optimales favorables à la stabilité du Niger, au renforcement d’une paix sociale durable et à l’amélioration de la sécurité humaine. A ces réponses nationales, il faut bien évidemment privilégier l’approche et la coordination régionale.
Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux a souligné que les groupes armés terroristes ne se préoccupent pas des frontières. Le Niger ne peut donc pas se permettre de répondre aux menaces sécuritaires par une approche unilatérale. C’est pour cela, il est très engagé dans le G5 Sahel. En définitive M. Ikta Abdoulaye Mohamed a déclaré que la sécurité, la stabilité et la prospérité du Sahel sont en effet dans l’intérêt de l’ensemble de la communauté internationale.
Au cours de cette rencontre le ministre Ikta Abdoulaye Mohamed a été officiellement félicité par la Directrice Générale de IDLO, Mme Jean BEAGLE, pour les efforts remarquables déployés par son département ministériel dans la mise en œuvre des différents projets qui ont permis l’amélioration du système judicaire au Niger.
Service Communication, ministère de la Justice