Maladie contagieuse, la conjonctivite appolo se manifeste par des douleurs importantes, une sensation de grain de sable dans les yeux et une sensibilité accrue à la lumière du jour. C’est une pathologie qui se manifeste également par la rougeur des yeux, et se repand avec le contact physique avec les sujets infectés. Cette maladie sévit plus d’un mois dans la capitale Niamey.
Selon Docteur Saley Ali, ophtalmologue à l’Hôpital de Référence de Niamey, la conjonctivite est, par définition, une inflammation de la conjonctive, qui est la partie blanchâtre au niveau de l’œil. C’est une fine membrane qui recouvre l’intérieur des paupières, et puis la partie antérieure du globe oculaire lui-même. Cette maladie qu’on vit actuellement s’appelle conjonctivite hémorragique aigue épidémique entérovirus, ou bien conjonctivite épidémique tropicale. Elle se manifeste sous forme d’inflammation de la conjonctive avec des hémorragies, des effusions de sang causée par un virus qu’on appelle ‘’l’entérovirus 70’’. C’est une maladie qui est très contagieuse. C’est aussi une maladie qui est épidémique, presque toujours dans un contexte de contagion à grande échelle. « Ce qui impose, la nécessité d’une prophylaxie, d’une prévention. Parce que dès que la maladie se déclare dans une population, très rapidement elle peut atteindre un grand nombre d’individus », a-t-il précisé.
Cette conjonctivite a fait savoir Dr Saley Ali est d’origine virale. En effet, la prévention repose essentiellement sur l’hygiène. Il faut surtout le médecin ne pas trop amener les mains au niveau des yeux. Sinon, il faut toujours se laver les mains avec du savon, et appliquer un antiseptique. La contagion se fait par les objets que les gens se partagent. Il s’agit notamment des serviettes, des coussins, des lavabos, mais à travers le matériel d’ophtalmologie utilisé pour faire les examens. « On est obligé à chaque fois de les nettoyer avec un antiseptique pour limiter au plus cette contamination », a-t-il souligné.
Certes, cette maladie fait beaucoup parler d’elle ces dernier temps, mais précise l’ophtalmologue, elle n’est pas dans sa forme habituelle, très dangereuse. Parce que même sans traitement, le patient guérit dans la majorité des cas au bout d’une semaine. Cependant, il y a toujours des conséquences qui peuvent survenir, parce que cette maladie peut se propager aux autres parties de l’œil notamment la cornée qui est comme la vitre de l’œil. « Si elle n’est pas traitée, la maladie peut aller à l’intérieur de l’œil pour donner les Uvéites, c’est cela la gravité de la maladie. Sinon, la forme la plus simple de la conjonctivite appolo n’est pas grave », explique le medécin.
Dr Saley Ali a relevé qu’il y a des formes simples et des formes compliquées de la maladie. La manifestation la plus courante c’est la forme simple. Avec ou sans traitement le patient va guérir au bout d’une semaine ou tout au plus deux. « Mais, dans certains cas, au lieu d’être cette forme simple, elle peut être une forme compliquée. Et c’est là où j’ai parlé de l’atteinte des autres parties de l’œil. Au lieu de s’arrêter à la conjonctive, la maladie attaque les autres parties de l’œil. C’est ce qui fait la forme grave. Il faut pour ce faire prendre des produits antiseptiques, lubrifier l’œil, parce que cette forme est très douloureuse », a-t-il ajouté.
Selon l’ophtalmologue, la conjonctivite appolo n’a pas des séquelles sur une personne guérie, si elle est limitée à la conjonctive. Mais au cas où elle a atteint la cornée ou bien l’UV cela peut donner des séquelles. « Dès que ces parties-là sont atteintes, il y a déjà la vision qui peut être atteinte. A partir d’une simple conjonctivite on peut aller à un problème de vision. C’est surtout le problème de vision qui se pose », explique Dr Saley Ali précisant qu’il n’y a pas d’immunité par rapport à cette conjonctivite. « Vous pouvez faire cela cette année, peut-être dans les semaines ou les mois à venir vous pouvez refaire la même chose. Il n’y a pas d’immunité connue pour cette conjonctivite », a-t-il expliqué.
Pour la conduite à tenir, l’ophtalmologue a insisté sur les règles d’hygiène. Se laver fréquemment les mains avec du savon, appliquer les antiseptiques, éviter le plus que possible de porter les mains aux yeux.
« On a une coutume qui n’est pas très bonne du point vue sanitaire. En effet, d’habitude dès qu’on finit de prier, les gens se donnent la main, c’est un facteur favorisant la dissémination de la maladie dans la population. Vous avez les enfants aussi qui jouent ensemble, tout cela constitue des facteurs qui font que la maladie se propage rapidement. Dès qu’une personne est contaminée, il faut qu’elle évite le contact avec les personnes saines », a-t-il averti.
Aussi, dès qu’il y a des signes de manifestation de la maladie, l’ophtalmologue recommande d’aller le plus vite dans un centre spécialisé pour se faire consulter afin d’avoir le traitement approprié. Dr Saley Ali a enfin précisé que la maladie n’est pas spécifique à une tranche d’âge. « Toute la population est cible pour la conjonctivite à entérovirus, que ça soit les enfants, les femmes et les hommes. Même dans le milieu intellectuel, la maladie peut survenir. C’est pour dire un peu le degré de contamination de cette maladie. Seules les règles d’hygiène peuvent limiter la propagation. Il n’y a pas de couche sociale qui est épargnée. Toute la population est concernée par cette conjonctivite. Il n’y a pas d’exception », a-t-il conclu.
Farida Ibrahim Assoumane (ONEP)