
M. Garba Mahaman, Directeur du CFPM
Après avoir pris son envol à la fin des années 80, connu un essor dans les années 90 et le début des années 2000, la musique moderne nigérienne connait de nos jours une véritable phase léthargique. En effet, ils étaient nombreux, les groupes musicaux qui ont pullulé durant la décennie 90 et qui ont bercé des milliers voire des millions de mélomanes de tous les âges. Qu’il s’agisse d’orchestres musicaux, des groupes de rap ou même des groupes de musique traditionnelle et de solistes, le monde la musique nigérienne était bien fourni. On comptait par dizaines les orchestres et groupes tant dans la capitale Niamey que dans toutes les capitales régionales et même dans certains arrondissements devenus départements de nos jours. Mais cette ascension fulgurante s’est essoufflée au fils des ans. L’engouement autour de la musique s’est presque estompé et les orchestres meurent l’un après l’autre ou au mieux entrent en agonie ou en hibernation de plusieurs années pour faire quelques réapparitions sporadiques, pour certains, avec des productions peu convaincantes. Et pourtant, depuis 1989, le Niger dispose d’un Centre de formation et de promotion musicale dénommé (CFPM Elhadj Taya), du nom de l’illustre chanteur Elhadj Taya de l’orchestre International de la capitale. Mieux, depuis cette année 1989, les artistes, compositeurs, interprètes de la musique se sont constitués en association dite ANACIMM avec pour objectif d’aider à la promotion de la musique. Hélas, ni le CFPM, ni l’ANACIMM, ni les différents programmes ou politiques encore moins les artistes engagés n’ont pu permettre à l’art musical nigérien de connaitre une vraie apogée et d’atteindre la sphère internationale. Tout laisse croire que le mal-être de la musique est profond et que la responsabilité de cet état de fait est partagée.
Le centre de formation et de promotion musicale (CFPM/El Hadji Taya) est un établissement public qui a pour mission de contribuer au rayonnement du patrimoine musical nigérien. Le seul centre en Afrique de l’Ouest créé en 1989 à la demande de l’association des musiciens présidée par feu El Hadji Mamane Taya. Et, en suivant les recommandations du jury de la 1ère édition du concours national de musique moderne nigérienne, ‘’Prix Dan-Gourmou’’ qui avait mis l’accent sur la nécessité de mettre en place un centre de formation pour professionnaliser les musiciens au vu de la qualité médiocre de leurs prestations. Malgré quelques défis auxquels il est confronté, le centre a poursuivi ses ambitions notamment le recensement des partenaires musicaux du Niger. Faire des recherches pour inventorier les instruments musicaux qui sont en voie de disparition afin d’alimenter le musée d’instruments traditionnels mais aussi l’ouverture d’une école des instruments à vent pour une formation en saxo, en trompette et pleins d’autres.Selon M. Garba Mahaman, ingénieur des échanges interculturels de son état, Directeur du CFPM, le centre de formation et de la promotion musicale (CFPM/TAYA) avait une section de formation continue en musique et en solfège, qui prend au minimum deux ans. Il explique que la mission de centre, c’est d’abord contribuer au rayonnement, à la sauvegarde et à la diffusion du patrimoine culturel. Mais, compte tenu de la morosité des moyens, le centre ne peut pas garantir la formation continue. « C’est pour cela que nous nous sommes attelés à définir un plan d’actions, un plan d’intervention par rapport à ce que nous disposons et par rapport à ce qu’on peut enregistrer comme apport de certains partenaires. » a indiqué le directeur du centre Depuis l’avènement de la mondialisation, le gouvernement et les organisations tentent de répondre de façon adéquate aux exigences des partenaires internes et externes qui essayent d’une manière ou d’une autre de réclamer la gestion d’affaire publique saine et diversifiée puisque que notre souveraineté est engagée par rapport à l’encadrement des acteurs culturels, notamment des musiciens. « Donc, il faut un financement adéquat qui puisse nous permettre de prendre en charge les professeurs et un certain nombre de matériels didactiques. Et pour cela, on exige de nous un rendement. Ce rendement, nous nous sommes dit que nous allons diriger notre plan d’actions en proposant des stratégies orientées vers la performance et la relation avec des projets. Et il faut qu’il y ait des propositions concrètes à l’endroit des artistes et que nous puissions les aider à élaborer eux-mêmes des projets fiables et tangibles. Et c’est pour cela nous nous sommes basés sur un certain nombre de principes. Dans un premier temps, notre mission de la sauvegarde des patrimoines culturels, c’est de recenser les partenaires musicaux du Niger, essayer de faire des recherches partout dans le pays.
Le CFPM dispose d’un musée d’instruments traditionnels.
Le CFPM Taya, dispose actuellement de 150 pièces d’instruments traditionnels et plus de la documentation sur la musique du Niger en général et sur la musique traditionnelle du Niger. Son directeur M Garba Mahaman explique que c’est un musée didactique et pédagogique. A la différence du musée traditionnel, le musée du centre n’est donc pas un musée de contemplation.

Le Centre mène des actions de renforcement de capacité en dépit du manque des moyens adéquats au début pour assurer une formation diplômante de longue durée destinée aux acteurs culturels sont notamment les musiciens. Le centre aide aussi les musiciens qualifiés à travers la mise à disposition d’un certain nombre d’installations telles que les salles de répétition, les amphithéâtres et les matériels dont il dispose un peu.
Evoquant la question des moyens, le directeur du CFPM Taya ne passe pas par quatre chemins pour dire toute sa déception. « Nous n’avons aucun moyen de faire de recettes financières. Notre seule source de revenu, c’est le matériel de musique qui sont soit vieillissants et ou défectueux, certains datent de la création du centre il y a donc plus de 30 ans. La dernière rénovation date de 20 ans » déplore-t-il. Malgré toutes les difficultés, l’administration du centre est actuellement en train d’ouvrir une école des instruments à vent. Ces instruments sont quasi inexistants dans les orchestres nigériens. M Garba Mahaman a annoncé que dans les prochaines semaines, il sera lancé une session de formation en saxo, en trompette et d’autres instruments « parce que nous en avons pleins ici dans les magasins qui ne sont pas utilisés. J’ai contacté des musiciens qui sont prêts à nous aider et nous allons lancer l’offre pour ceux qui sont intéressés » a dit le directeur du CFPM.
Le CFPM a aussi pour démarche de constituer les acteurs culturels en des petits groupes pour aller vers des partenaires qui peuvent aider financièrement les projets avec des petits financements malgré que certains préfèrent travailler directement avec ces acteurs culturels.
Rabiou Dogo Abdoul-Razak (ONEP)