Le lundi 19 août 2024, le niveau des eaux du fleuve Niger à la station de Niamey a atteint la côte critique de 620 cm, synonyme du niveau d’alerte rouge. Ce niveau représente un risque sérieux d’inondation pour les quartiers riverains. Cette situation préoccupante est exacerbée par les fortes précipitations enregistrées en amont du fleuve.
Le mardi 20, aux environs de 17h30 mn, nous avons fait un tour au niveau du 1er pont de Niamey, qui laisse voir un niveau d’eau qui menace de déborder sur la digue. ‘’ J’ai appris que la digue est sur le point de lâcher ’’, disait une femme qui courait vers cette dernière pour s’enquérir réellement de la situation. Elle n’était pas la seule, plusieurs personnes curieuses, hommes, femmes et enfants se rendaient au fleuve pour ne manquer aucun détail afin de trouver quoi à dire à la fada ou encore lors des ‘’ragots du quartier’’. En effet, avec les fortes précipitations enregistrées dans la capitale ces derniers jours, la station de Niamey a enregistré un niveau dépassant largement la côte des 620 cm. Pourtant, il y a quelques mois de cela, ce même fleuve, qui aujourd’hui cause la plus grande frayeur aux populations, était dans un état lamentable, où l’on pouvait même le traverser à pied à certains endroits. L’ensablement du fleuve était encore plus préoccupant à tel enseigne qu’on apercevait des espaces sans eau, des rochers, des espaces verdoyants à la merci des ordures et des déchets plastiques.
Sur place, quelques éléments des Forces de Défense et de Sécurité qui marchent le long de la digue, pour constater sans nul doute la véracité des faits racontés à tort et à travers dans la ville. Le niveau de l’eau est inquiétant, a déclaré M. Daouda, qui ne se souvient pratiquement pas de la dernière fois où le niveau de l’eau a franchi la barre limite. « J’ai 7 ans dans ce quartier, je sers de transporteur aux élèves qui traversent le fleuve pour atteindre l’autre côté. Il est vrai qu’à chaque saison pluvieuse, nous avons la main sur le cœur, mais cette année, sincèrement nous avons encore plus peur que par le passé. Le niveau de l’eau a dépassé la normale », dit-il tout en reconnaissant le danger qui les guette du jour au lendemain. « Nous courons un grand risque à rester dans le quartier, nous avons vraiment besoin d’aide. J’ai été témoin, une seule fois, de ce genre de drame. Cette année constitue pour moi la deuxième fois que ce genre de catastrophe arrive », a-t-il confié les yeux larmoyants regardant l’état du fleuve, et la mauvaise nouvelle qui vient de lui parvenir. ‘’Une maison du village de Néné-Goungou, située non loin du fleuve, vient de s’effondrer’’. À l’annonce de cette dernière nouvelle, silence radio, il est devenu calme, pensif.
Après, nous nous sommes approchées d’un groupe de femmes qui a gentiment répondu à notre salamalec, mais refusait de répondre à nos questions. À quelques mètres de ce même groupe, se trouvaient d’autres femmes qui quittaient le bord du fleuve après la visite. Une femme du groupe, raconte à ses amis : « avant que le niveau de l’eau n’atteigne cette hauteur, j’empruntait un chemin pour me rendre dans les jardins afin de cueillir des feuilles de moringa. Sur le chemin, se trouvaient des barres de fer à la taille de ce doumier, mais maintenant, toutes les barres de fer ont été submergées avec la montée des eaux », a mentionné la dame. « Je me reposais tranquillement à la maison lorsque mon téléphone sonnait de façon répétitive. C’étaient des amies et parents qui cherchaient des nouvelles par rapport aux rumeurs concernant la digue de protection. Je me suis précipitée pour venir voir, chose qui n’est pas vraie parce que la digue n’a pas lâché, mais le niveau de l’eau est inquiétant vraiment », a souligné une autre dame du groupe.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)