
Des jeunes chasseurs de métaux dans une ruelle de Niamey
Le phénomène est en passe de devenir viral à Niamey. Les matins, aux premières lueurs du soleil, des groupes de jeunes se dispersent dans les rues et ruelles de la capitale à la recherche de leurs pains quotidiens en parcourant en moyenne une dizaine de kilomètres. Ces experts de la récupération trainent derrière eux des blocks d’aimants relativement grands qui captent les bouts de métaux dans le sol et des pièces de monnaie à quelques rares occasions. Un métier harassant qui leur permet de survivre en ville et de ne pas sombrer dans la délinquance.
Ces nombreux bras-valide qui s’adonnent à cette activité quittent l’intérieur du pays pour Niamey avec en tête l’idée de gagner un peu d’argent en attendant la prochaine saison pluvieuse où les travaux champêtres prendront le dessus. Les jeunes chasseurs de métaux qu’on rencontre à Niamey font partie de ce groupe de personnes qui ont des innovations dans la tête. Très tôt les matins, ils se lancent dans un véritable travail de fourmis à travers les rues et ruelles de la capitale.
M. Iro, la quarantaine révolue, est un leader respecté dans ce métier où beaucoup de jeunes le prennent pour modèle. Entouré de trois autres jeunes qui le suivent partout, explique que leur travail consiste à se balader dans les rues en trainant derrière eux un bloc d’aimant attaché à un bout de corde. L’oxyde de fer ratisse ainsi le sol du fait se son propre poids et attire non seulement les débris de fer, mais aussi d’acier, le nickel et du cobalt. Et quelques fois, quand la chance sourit, ce sont des pièces de francs CFA qui sont captés avant de disparaitre dans les poches vides des ramasseurs.
Le rituel est bien huilé ! À chaque 50, 100 où 200 mètres, quand l’aimant devient lourd à tirer, ces chasseurs de métaux s’arrêtent, nettoient leur unique instrument de travail et vident le contenu dans un sac porté à l’épaule. «Quelques fois, quand nous trouvons un autre travail à faire, nous marquons une pause dans ce métier de collecteur de débris de métaux», a indiqué M. Iro. Pour montrer qu’ils sont à la recherche perpétuelle de travail, il tend une carte d’identité bien entretenue, la sienne, et nous demande de le contacter quand nous aurons besoin d’un gardien où d’un manœuvre de chantier.
Ce travail leur procure le pain quotidien. «C’est dans cela que nous gagnons un peu et que nous envoyons à nos familles restées au village. Par jour, nous pouvons gagner entre 1.250 F et 1500 FCFA», confie encore M. Iro qui souligne par ailleurs que tomber dans la délinquance et la débauche est avant tout un choix malavisé des jeunes. Avec l’installation progressive de la saison pluvieuse, ces jeunes chasseurs de métaux retourneront dans leurs villages pour travailler dans les champs. A la fin de la saison, ils réapparaîtront encore dans les rues de Niamey et reprendront leur travail salvateur pour l’environnement.
Souleymane Yahaya (ONEP)