Récipient ouvert, utilisé pour contenir des fleurs ou apporter une touche originale à une pièce, le vase constitue l’un des éléments de base d’une décoration parfaite. Sphériques, cylindriques, pyramidaux, ovaux ou en urne, les vases sont fabriqués sous différentes formes. Peintures, pinceaux, plumes, fleurs en plastique, calebasse brute, éponges usagés, spray, tout y est pour donner à ces objets décoratifs, un design élégant et beau. La fabrication des vases et pots est une activité permettant de promouvoir le savoir-faire des potiers et favoriser la consommation des produits .
Exposés au bord de plusieurs carrefours de Niamey, ces vases et pots attirent l’attention des passants. Couleurs vives, décorations imposantes, motifs, formes et designs variés, ces articles ont tout pour plaire. Ils sont fabriqués avec un mélange d’argile rouge et noire. Le long du carrefour du Stade Général Seyni Kountché à celui de l’ENA, on voit des femmes, des hommes et des jeunes garçons qui font de la vente de ces objets leur activité. Acheminés de la région de Zinder plus précisément de la localité de Mirriah ou fabriqués par des potiers à Niamey, ces produits subissent un processus de fabrication qui requiert créativité, talent et patience. Selon Rabiou Ibrahim qui exerce ce métier depuis le bas âge, la production dépend fortement des compétences du potier. En effet, certains sont très habiles dans le travail de l’argile tandis que d’autres le sont moins. « On peut produire jusqu’à quatre vases par jour, le processus est purement manuel, donc, il faut du temps pour obtenir le produit final », a-t-il expliqué. Ayant hérité de ce métier, il a souligné que c’est une activité transmise d’une génération à une autre dans son village où, la poterie existe depuis plusieurs siècles.
Les prix des vases varient de 5.000 à 50.000 FCFA, selon ce potier, qui précise également que la fabrication est très souvent personnalisée et dépend des moyens de l’acheteur. « Nous pouvons nous rendre sur les lieux pour proposer le vase idéal pour chaque pièce ou reproduire les mêmes modèles que le client nous montrera. On s’arrange pour proposer à chaque client un vase adapté à son budget », a-t-il dit. Dans le but de transmettre son savoir-faire et aider les jeunes adolescents sans soutiens Rabiou n’hésite pas à prendre sous ses ailes d’autres jeunes pour l’assister dans la fabrication et la vente des produits. Ils restent à ses côtés et sont payés en fin de journée et d’autres préfèrent travailler et récupérer leur argent à la fin du mois.
Certaines femmes s’adonnent également à cette activité et emploient d’autres pour contribuer à réduire le chômage et subvenir aux besoins de leurs familles. C’est le cas de Mme Jennifer Adjila, vendeuse de vases, paniers en paille et pots. Elle explique que les vases bruts sont commandés à partir de Mirriah et certains articles proviennent du Nigeria mais, la décoration est faite à Niamey. La période du mois de ramadan est selon la vendeuse, le meilleur moment pour faire des ventes car, le marché est plus florissant. Les prix des articles varient de 2.000 à 30.000 FCFA en fonction du modèle, du design et des besoins du client. « Nous vendons les vases à un prix très abordable et nous pouvons également reproduire des modèles précis selon les besoins et les préférences du client », a-t-elle notifié.
Mais certains revendeurs et fabricants sont confrontés à la concurrence des produits importés. Aussi, Jennifer explique que l’expédition des vases est un transport à risque car, certains arrivent à destination en mauvais état occasionnant des pertes aux vendeurs, il y a le problème lié à la vente depuis les événements du 26 juillet 2023 et le problème d’accessibilité à certains matériaux.
« Pour les vases, on a trouvé une technique qui nous permet de recoller les morceaux cassés. Nous avons également suivi des formations pour moderniser nos créations afin de mieux les vendre et faire des trocs au besoin », explique Rabiou Ibrahim.
Aujourd’hui, la vente et la fabrication des vases et pots intéressent plusieurs jeunes nigériens mais, la modernisation de ce secteur est lente. Business rentable et bénéfique tant pour les vendeurs que les potiers, ces vases et pots décoratifs permettent aux familles d’économiser et réduire les dépenses lors des mariages car, les produits importés sont plus chers et moins résistants face aux aléas climatiques et au transport. « Je viens récupérer la commande des vases pour le mariage de ma fille. Ces vases sont beaux, plus résistants et les prix sont vraiment abordables. De plus, elle peut les garder plusieurs années et même s’ils se cassent plus tard, ces potiers sont en mesure de les réparer à un prix raisonnable », souligne un père de famille.
Pour certaines femmes et futures jeunes mariées, ces vases constituent les objets essentiels de la décoration tandis que d’autres préfèrent commander des vases dans d’autres pays ou dans des boutiques. Fatima, future jeune mariée, accompagnée de sa mère, exprime son amour pour ces vases et pots. « Depuis qu’on a commencé les achats pour le mariage, j’ai insisté pour qu’on vienne ici acheter des vases car, je les vois toujours en passant. Je trouve qu’ils apportent une touche d’originalité à la décoration finale et c’est local donc, je contribue à la promotion de ces talentueux potiers », a-t-elle confié.
Par ailleurs, Rabiou Ibrahim ainsi que les autres vendeurs et fabricants appellent la population, les autorités du ministère de tutelle à appuyer leur activité et promouvoir la culture et le savoir-faire nigérien. « Cette activité participe sans nul doute à l’évolution du Niger et, nous pouvons réduire la délinquance juvénile en offrant aux jeunes un petit boulot. L’État doit nous aider en créant des centres de formation adaptés à la poterie et la population doit changer de mentalité face aux produits locaux car, ils sont aussi bons, voire meilleurs que certains produits importés. Les femmes peuvent également apporter leur pierre à l’édifice pour la valorisation de cette activité car, elles sont très créatives et habiles pour les dessins et, pourront subvenir à leurs besoins et atteindre l’indépendance financière », a-t-il conclu.
Massaouda Abdou Ibrahim (ONEP)