Dans le cadre des festivités de la fête du 18 décembre, la Maison de la Culture Madou Manama Baloumi de Diffa accueille, du 14 au 17 décembre 2021, les activités d’éducation au patrimoine et expositions, qu’organise la Commission Culture et Loisirs du Comité Diffa N’Glaa. Cette initiative vise à exposer au public le patrimoine culturel des diverses communautés de notre pays. Arabe, Kanuri, Zarma, Peulh (Bororos et Hanagamba), Haoussa, Boudouma, Toubou, toutes les communautés vivant dans la région hôte de cette fête tournante ont dressé leurs habitats bien ornés, équipés et entourés de leurs matériaux usuels au quotidien.
Selon M. Maman Ibrahim, Directeur du patrimoine culturel au Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat et président de la sous-commission éducation au patrimoine, cette initiative consiste à sensibiliser les communautés pour qu’elles prennent conscience de la protection, de la conservation et de la valorisation de leurs patrimoines culturels. «Mieux, nous organisons une médiation autour des éléments matériels et immatériels-dont certains sont en voie de disparition afin de permettre à la génération actuelle et future de connaître et de s’approprier de ces réalités, de ces valeurs et de ces richesses culturelles pour construire leur vécu et leur avenir», précise le Directeur du patrimoine.
Selon lui, toutes les sept communautés, agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, commerçants, vivant dans la zone du Manga sont représentées à travers leurs habitats, leurs habillements, les éléments décoratifs, leurs habitudes alimentaires, leurs danses, leurs musiques, leur activités sociales, culturelles et économiques,bref leurs cadres de vie. «Pour agrémenté, le tout nous avons dressé un hangar pour une productrice de l’encens qui est un élément culturel incontournable dans cette zone, tout comme d’ailleurs l’algaïta», ajoute M. Ibrahim. «Cette éducation au patrimoine culturel et exposition à Diffa, constitue une particularité car elle contribue à la cohésion sociale, à la confraternité, à la consolidation de la paix, au partage, à la tolérance, surtout dans une zone qui a vécu six (6) années d’insécurité», a indiqué M. Maman Ibrahim.
Pour M. Sitou Malam Amadou, un natif de Maradi, vivant depuis plus de 30 ans à Diffa, cette idée de réunir toutes les communautés et leur permettre de présenter leurs richesses culturelles est une merveilleuse idée. «Dans notre vaste pays le Niger et malgré nos diversités culturelles, nous ne connaissons pas de division, de sectarisme ou de division au point de nous entre-tuer. Mais il est regrettable de voir dans quelle insécurité nous avons vécu des années durant par la faute des certains égarés, venus de l’étranger. Nous remercions nos dirigeants qui font tous pour nous ramener la paix dans notre région et de nous permettre de nous retrouver entre nous, entre fils et filles d’un même pays. Je suis content que la paix soit revenue à Diffa et qu’aujourd’hui toutes les communautés soient là à exposer leurs cadres de vie», explique-t-il.
Zahara Oumar, assise devant sa tente arabe, bien équipée et embellie par divers tapis, couvertures et autres matériaux témoigne : «Nous sommes là pour exposer notre maison traditionnelle arabe, comme le lit, les rideaux, les ustensiles de cuisine, sans oublier notre musique et notre danse», explique-t-elle. A travers cette exposition, la communauté arabe est venue montrer son cadre de vie, son histoire et en même temps découvrir les autres cultures, pour une meilleure compréhension des autres et une meilleure cohésion sociale. Dansant parmi les siens, Ourno Modibo, un peulh de 22 ans, avance lentement et demande à intervenir. «Je suis un peulh Wandabee. Je suis fier d’être là à danser avec des hommes et des femmes bien maquillés comme lors du Hotugo», dit-il. Montrant du doigt un lit bien équipé, au fond d’une case en paille entourée de tasses, de miroir et d’autres matériaux, Modibo ajoute «nous vivons dans ce type de cases, avec toute la famille et nos animaux et cela pendant un certain temps. Après nous la démontons en une heure de temps pour poursuivre notre route à la recherche de pâturage et de point d’eau. C’est aussi çà notre vie», indique-t-il.
La Kanuri, Mme Yérima ne cache pas sa joie immense de voir l’intérêt que porte le public pour venir découvrir le monde de vie des Kanuri. «J’ai brûlé de l’encens, dans mon hall, ce qui donne à l’atmosphère, tout au tour, une très bonne odeur et attire beaucoup de monde vers nous. J’explique aux gens comment je prépare cet encens. En plus, je suis très contente de voir toutes cette diversité de communautés et j’ai profité pour mieux les découvrir et faire leur connaissance», explique, Mme Yérima le sourire aux lèvres. Issaka Hamza, qui vient de faire le tour des différents habitats et échanger avec plusieurs de leurs occupants ne cache pas sa surprise et sa fierté. «Presque toutes ces ethnies je les rencontre en ville où au marché, cependant, je n’ai jamais imaginé qu’elles avaient une telle richesse culturelle et patrimoniale. Vraiment, je suis content de découvrir un pan de notre culture nationale», déduit M. Hamza. ‘‘La culture est tout ce qui reste quand on aura tout perdu’’, dit l’adage.
Mahamadou Diallo(onep)