Notre compatriote, écrivain Boubé Hama a été l’invité de la Plateforme ZLE (Zone Littéraire Exclusive) de la Côte d’Ivoire. Dans cet entretien, Boubé Hama parle de ses activités littéraires qu’il vit comme une passion. Une passion qui l’a conduit à créer une maison d’édition dénommée Nouvelles Editions du Sahel (N.E.S)
Qui est Boubé Hama ?
Je suis Boubacar Hama à l’état civil. Mon nom d’auteur est Boubé HAMA, je suis écrivain, éditeur, acteur culturel nigérien résidant à Niamey. Je suis auteur de plusieurs ouvrages publiés et d’articles de presse écrite. Bloggeur culturel, je tiens leblog : www.lepoetedusahel.jimdo.com .J’ai effectué dans le cadre de mes activités, trois séjours culturels et littéraires en France. Le quatrième séjour est avorté à cause de la situation pandémique actuelle, la Covid-19. Je suis Responsable des Ressources Humaines (RH) dans une entreprise pétrolière à Niamey au Niger avec plusieurs fonctions assignées depuis 10 ans. Par exemple, la gestion du portefeuille assurance-maladie ; la gestion salariale bancaire par mois, etc. Voilà pourquoi je ne suis pas très actif sur les réseaux sociaux. Je me concentre uniquement sur ma deuxième casquette celle de l’art littéraire et culturel, en dehors de ma fonction première (RH). Entre-temps, j’ai aussi enseigné l’Anglais de la 6ème à la Terminale à une époque bien donnée. Par ailleurs, en 2005, j’ai obtenu une maîtrise en Gestion des Entreprises, option Management, au Nigeria dans la deuxième plus grande Université d’Afrique : Ahmadou Bello University.
Présentez-nous, votre Maison d’Édition
Les Nouvelles Éditions du Sahel (N.E.S) ont été créées en Octobre 2019. Nous avons acquis officiellement nos documents administratifs de création d’entreprise en Janvier 2020 et nous sommes basés à Niamey au Niger. Nous éditons essentiellement à compte d’auteur afin de permettre à l’auteur de rentrer dans ses droits à 100%. Nous avons cinq équipes toutes professionnelles, relevant du secteur et de nationalités variées : béninoise, ivoirienne, française, nigérienne et togolaise. Nous avons notre comité de lecture dirigé par un ivoirien, écrivain, critique littéraire, auteur de plusieurs œuvres. Son adjoint est de l’équipe du Niger. Les Nouvelles Éditions du Sahel œuvrent pour une édition de meilleure qualité, un travail bien fait et professionnel. Nous agissons avec rigueur. Nous imprimons dans trois pays : le Bénin, la France et le Niger. Nous avons deux librairie partenaires et officiels : La Farandole des Livres et la Maison du Livre. Toutes des grandes librairies connues au Niger.
Qu’est-ce qu’un comité de lecture ?
Un comité de lecture est une assemblée qui détermine si les ouvrages destinés à la publication ou à la mise en scène méritent d’être retenus. Aux Nouvelles Éditions du Sahel, nous avons une assemblée constituée d’hommes littéraires et culturels, de professionnels du métier.
Quels sont les éléments du manuscrit sur lesquels le comité est regardant ?
Il s’agit entre autres de l’originalité de l’histoire, de la narration, de la thématique abordée, du style d’écriture, de la cohérence des textes…
Qu’est-ce qu’il ne pardonne pas et qui occasionne le rejet immédiat du manuscrit ?
Vous devez savoir et retenir que la majeure partie des éditeurs à compte d’auteur ne rejettent pas un manuscrit. Par contre, c’est chez les éditeurs qui éditent à compte d’éditeur qu’il peut y avoir rejet de manuscrit. Sur ce point, je me dois de vous dire que bien que nous éditions à compte d’auteur, nous mettons l’accent sur le toilettage du manuscrit afin d’avoir un ouvrage bien peaufiné. Cela, dans l’intérêt de notre maison d’édition. La crédibilité des N.E.S est primordiale.
Qu’est-ce qui pousse le comité de lecture à donner un avis favorable au manuscrit ?
Il s’agit de plusieurs critères. Les plus importants sont l’originalité de l’histoire, la thématique et le style d’écriture. L’auteur (ou son ouvrage) doit nous apprendre quelque chose de la vie. Le lecteur doit être satisfait de sa lecture une fois le manuscrit publié. À la fin, le lecteur doit acquérir une nouvelle connaissance et/ou expérience après avoir lu l’auteur.
Que fait le comité en face d’un manuscrit à la qualité rédactionnelle excellente mais dont l’histoire n’est pas intéressante ?
Le comité peut à ce niveau proposer une réécriture de l’histoire pour la rendre plus fascinante et attrayante aux yeux du lectorat.
À contrario que fera le comité de lecture en face d’un manuscrit dont l’histoire est très captivante et la qualité rédactionnelle est mauvaise?
Il est toujours du devoir dudit comité de faire preuve de sens de professionnalisme à ce niveau, pour réécrire les parties de moindre qualité.
Quel est le coût de la correction chez vous ?
Nous évaluons d’abord le manuscrit et adressons une facture globale à l’auteur. La facture comporte deux volets : a) administratif qui prend en compte le comité de lecture, b) et technique (graphisme et impressions). Nous imprimons entre 250 à 500 exemplaires. Un paiement de 70% de la facture globale au premier versement et de 30% avant la livraison du stock. Un contrat d’édition à compte d’auteur lui est soumis et à travers lequel l’auteur reste entièrement propriétaire des droits d’auteurs. 100% des droits issus de la vente de son ouvrage lui appartiennent. Toutefois, l’éditeur percevra un pourcentage en cas d’adaptation de l’œuvre à l’écran.
Insérez-vous des corrections sans l’avis de l’auteur ?
Oui, parfois. Néanmoins, nous faisons tout pour obtenir l’accord de l’auteur, surtout pour la réécriture. Après les travaux du comité de lecture qui durent au maximum trois mois aux N.E.S, l’auteur recevra la copie pour sa propre relecture et ses amendements. Une fois le travail éditorial validé, le BAT lui sera transmis pour approbation.
Que fait le comité en face d’un manuscrit qui décrit des scènes pornographiques ?
Tout d’abord, c’est un genre littéraire comme tout autre qu’il faut prendre avec considération. Il a sa catégorie. Le panneau «Interdit au moins de 18 ans» doit jouer son rôle. Un code à respecter dans ce genre de publications. Le Comité de lecture peut encore une fois à ce niveau essayer de réécrire certaines parties pour atténuer le contenu, avec l’accord de l’auteur.
Que fait-on d’un bon roman non vendable ?
Ici, je reste sceptique par rapport à votre question, car je doute fort qu’il puisse exister un bon livre non vendable. Bien, soit le prix de vente est assez élevé, soit la promotion de l’ouvrage est mal faite. Voilà ce que je peux dire à ce point. C’est pourquoi, je suggère à beaucoup de jeunes auteurs d’écrire des livres peu volumineux, de bonne qualité, à un prix très abordable. Sachez que le marché du livre est déjà saturé, alors si vous faites un livre qui coûte 10.000 F CFA ou 20.000 F CFA, vous êtes bien parti pour ne pas vendre ni être lu. Je vous donne un exemple : mon tout dernier ouvrage, un roman intitulé «Au banc des accusés» a été imprimé en France en 50 exemplaires pour un test. Tous frais compris, un seul exemplaire me revient en moyenne à 12.000 F CFA. Mais j’ai décidé de le vendre à 5.000 F CFA. Pourquoi ? Je ne suis pas dans ce métier, ni par hasard encore moins pour devenir riche avec le Livre. Tenez-vous bien ! Je vis une passion.
Qui rémunère le Comité de lecture, l’auteur ou l’éditeur ?
Aux Nouvelles Éditions du Sahel, tous les collaborateurs de l’entreprise sont rémunérés dès le premier versement de l’auteur. Chacun est mis dans ses droits afin de faire un travail de qualité. Chacun connait son rôle aux N.E.S et respecte la tâche qui lui est confiée. Je peux vous dire que toute l’équipe des N.E.S est dans l’édition par passion et dévotion à la chose culturelle et littéraire.
Votre mot de fin
Je tiens à remercier infiniment tous les membres de cette plateforme. Merci pour l’honneur que vous m’aviez fait. La Côte d’Ivoire est mon second pays en Afrique. Un pays qui regorge d’artistes et de talents culturels. Je profite au passage, pour dire merci au Groupe EFROUBA pour la culture qui m’a fait découvrir au grand public littéraire et culturel ivoirien.
Autre chose, je m’en excuse énormément, mais nous sommes à une époque culturelle où seuls les artistes passionnés continuent de vivre et de créer dans leur art. C’est vous dire que tout artiste qui n’est pas passionné, je lui conseille vivement de rapidement changer de profession, car l’Afrique tarde à mettre l’accent sur le culturel qui est le dernier souci des gouvernants. Seuls les passionnés investissent leurs projets sur fonds propres et continuent leur chemin sans détours. Il est aussi grand temps que tous les États Africains dépolitisent le secteur culturel. Je termine avec cette assertion mienne : «un Pays sans culture est un Peuple sans racine». Un conseil à tous les écrivains : faites-vous éditer sur le Continent. C’est nécessaire et important. Faisons confiance à l’Afrique ! Le potentiel y est !
Sources :
Zone Littéraire Exclusive