Le Niger est confronté à une augmentation rapide de la production de déchets en raison de sa croissance démographique et du développement économique du pays. Ces déchets se retrouvent souvent dans les rues, les cours d’eau et les quartiers, entraînant une pollution de l’environnement et des risques sanitaires pour la population. Cependant, dans le but de limiter la dispersion des déchets dans l’environnement, la Ville de Niamey envisage, avec l’appui de ses partenaires, la création d’un site d’enfouissement technique des déchets à Boubon (commune rurale de Karma).
Selon des données disponibles, Niamey rejette près de 320 000 tonnes de déchets par an, dont 16 000 tonnes de matières plastiques. Outre la simple notion d’insalubrité, lutter contre la pollution des déchets plastiques est une priorité pour l’atténuation des gaz à effet de serre.
D’après le directeur du Cadre de vie et de Gestion des Déchets du Ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de l’Environnement, Lt Colonel Mahaman Coulibaly Sériba Adamou, au Niger, le déchet est tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation de toute substance, matériaux, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné (Loi N° 98- 56 du 29 décembre 1998 portant loi-cadre relative à la Gestion de l’Environnement). Les déchets solides ménagers (DSM) sont les déchets produits par les ménages. Il s’agit des ordures provenant du ménage : épluchures de légumes, tubercules, bouteilles d’huile vides, sachets plastiques, restes d’aliments, emballages de savon, flacons vides de lait de beauté, etc., ainsi que des encombrants (vieux lits, vieux frigidaires, vêtements usés, etc.) et les déchets verts (fleurs, gazon, herbe de jardin, etc.…).
« Les déchets n’ont pas la même durée de vie. Certains ne durent que quelques mois, d’autres, par contre, durent des dizaines d’années, voire des centaines d’années. En fonction de leur durée de vie, on distingue les déchets biodégradables et les déchets non biodégradables », a-t-il expliqué.
D’après le Lieutenant-Colonel Mahaman Coulibaly Sériba Adamou, l’enfouissement technique consiste à enterrer ou enfouir dans des fosses appelées « Casiers d’enfouissement » les déchets solides, ménagers, ultimes (qui ne sont plus valorisables, recyclables) dans un site d’enfouissement appelé Centre d’Enfouissement Technique (CET) ou Centre d’Enfouissement Sanitaire (CES) en respectant les normes de gestion de l’environnement. « Le but est d’éviter à la population tout risque de nuisances sur la santé humaine et l’environnement. Toutefois, les déchets ultimes sont déposés dans des casiers aménagés dont le fond est constitué de différentes couches avec souvent une géo membrane étanche (bâche imperméable) pour éviter de polluer le sol et la nappe phréatique », a-t-il indiqué.
Les avantages de l’opération
Le directeur du Cadre de vie et de gestion des déchets du Ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de l’Environnement a précisé que l’enfouissement technique permet de gérer de grandes quantités de déchets de manière efficace. Les déchets sont compactés et enterrés dans des cellules spéciales, ce qui permet de maximiser l’espace disponible dans les décharges. « En enfouissant les déchets, on limite leur contact avec l’air, ce qui réduit la formation de gaz à effet de serre tels que le méthane. Le méthane est un puissant gaz à effet de serre, donc en le limitant, on contribue à atténuer le changement climatique », a-t-il relevé. Il a ajouté que l’enfouissement technique permet également de préserver les ressources naturelles en évitant l’extraction de nouvelles matières premières. En enterrant les déchets, on réduit la demande de nouveaux produits et on favorise la réutilisation et le recyclage.
Expliquant les étapes de cette opération, le spécialiste des questions environnementales a précisé que les étapes principales du processus d’enfouissement technique des déchets sont, entre autres, la Collecte et le transport des déchets dans un centre de tri ; le Tri sélectif/récupération/compactage des déchets valorisables ; l’évacuation des déchets ultimes vers le CET, la réception des déchets (pesage) ; l’étalement des déchets en couche dans un casier d’enfouissement déjà préparé.
Parlant des risques environnementaux, le Lieutenant-Colonel Mahaman Coulibaly a indiqué que l’enfouissement technique des déchets peut présenter des risques pour l’environnement, notamment la contamination des sols et des eaux souterraines. Cependant, des mesures strictes de contrôle et de suivi sont mises en place pour minimiser ces risques et protéger l’environnement. « Parmi les risques, il y a entre autres le risque de pollution suite à une infiltration d’eau ; la longue durée de suivi du site pendant et après exploitation (30 à 200 ans) ; la rareté des sites géologiques proches pouvant servir de réceptacle des déchets ; le coût du contrôle et du suivi », a-t-il dit.
Le directeur du Cadre de vie et de Gestion des Déchets du Ministère de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de l’Environnement a ajouté que le C.E.T peut avoir des impacts sur l’environnement et la santé, à court et à long termes, c’est-à-dire pendant l’exploitation et après la fermeture, et parfois la réhabilitation. Ainsi, pour minimiser ces impacts, une étude d’impact environnemental détaillée est réalisée sur la nature des nuisances, l’origine et l’impact.
Les Normes et réglementations en vigueur sur l’enfouissement technique des déchets au Niger
Pour le Lieutenant-Colonel Mahaman Coulibaly, il n’existe pas encore une stratégie opérationnelle de gestion des déchets solides ménagers au Niger. Néanmoins, le secteur est encadré par divers textes juridiques qui s’inscrivent dans ce qu’on appelle le code de l’environnement. Parmi les textes, il a cité la loi n°98-56 portant loi cadre relative à la gestion de l’environnement ; la loi 66-033 relative aux établissements dangereux, insalubres et incommodes, la Loi n°2014-63 portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de l’utilisation et du stockage des sachets et des emballages en plastique souple à basse densité et son décret d’application et la loi n°2018-28 déterminant les principes fondamentaux et l’évaluation environnementale au Niger. « En somme, un centre d’enfouissement technique joue un rôle crucial dans la gestion des déchets. C’est pourquoi, il est important de mettre en œuvre une approche globale de gestion des déchets, en favorisant le recyclage, la réduction des déchets et d’autres méthodes durables », a-t-il conclu.
Yacine Hassane (ONEP)