
Mme Souleymane Assouma Tidjani
Depuis un certain temps, on assiste dans notre pays à un foisonnement de jeunes entrepreneurs. Pétris d’ambitions et d’idées futuristes, ils occupent tous les secteurs du développement, de la formation et n’hésitent pas à ouvrir des boulevards professionnels aux générations montantes. Aujourd’hui, le secteur de la décoration dans lequel excelle Madame Souleymane Assouma Tijani, promotrice de l’Entreprise ASTI DECO à Maradi, figure au nombre de métiers émergeants.
ASTI DECO reluit dans le domaine de la décoration, notamment les rideaux, les meubles, tableaux, bref tous les articles qui rentrent dans le cadre de la décoration d’intérieure des maisons ou lors des évènements de mariage, de fête d’anniversaire.
Après ses études secondaires et l’obtention du BAC, Mme Souleymane s’est inscrite à l’IFTIC d’où elle sort avec une licence en journalisme option audiovisuel. Après un stage au groupe de presse Ténéré, Mme Souleymane a effectué son Service Civique National à l’ORTN de Tahoua puis à Maradi où elle a travaillé en tant que journaliste reporter jusqu’en 2022. Malgré son statut de journaliste, Mme Souleymane a opté pour l’entreprenariat qui est sa passion de longue date. «C’est la passion pour la décoration qui m’a entrainée dans l’entreprenariat. Je l’ai commencée chez moi avec la vente des rideaux. Au regard de l’engouement que ce petit commerce suscitait autour de moi, j’ai jugé de joindre les autres articles de décoration et pourquoi pas monter ma propre entreprise», a-t-elle expliqué.
Aujourd’hui, c’est chose faite. ASTI DECO a de manière formelle vu le jour le 04 février 2023. «Pour un début, Dieu merci, et à l’allure où vont les choses, ça ira. ASTI DECO est connu au niveau de la région et même au niveau national puisque j’ai des clientes à Niamey, à Zinder, à Tahoua et dans plusieurs autres chefs lieux de régions» a-t-elle affirmé. Toutefois Mme Souleymane reconnait que l’implantation n’a pas été facile, car estime-t-elle, l’entreprenariat nécessite un investissement et elle n’en avait pas assez. Elle a commencé à petit pas et aujourd’hui l’obstacle est surmonté. Elle est membre du Réseau pour l’Autonomisation des Femmes Entrepreneures de Maradi (RAFEM), dont elle est la chargée de communication. «Au sein de ce réseau, nous essayons de faire la promotion de nos produits, de sensibiliser la population sur la consommation des produits locaux», affirme-t-elle.
Le RAFEM a organisé plusieurs foires à Maradi qui ont permis aux femmes entrepreneures d’exposer leurs produits et de se faire connaitre. «Personnellement ces foires m’ont beaucoup aidée car non seulement le public a découvert le type de service que nous proposons, mais aussi j’ai pu garnir mon carnet d’adresses en vue de trouver des partenaires ou des clients», s’est-elle réjouie.
Hormis la décoration, ASTI DECO n’entend pas s’arrêter à l’aspect lucratif. L’entreprise ambitionne de faire la promotion de la culture à travers le légendaire pagne «Téra-Téra». «Si j’ai choisi de faire la promotion de ce pagne très bien connu dans le milieu Zarma, c’est en se référant à ce qui se fait au Burkina Faso avec le Faso Danfani. Le pagne Téra-Téra est en voie de disparation du fait qu’il est difficile aujourd’hui de trouver un tisserand qui le confectionne. Avec mon entreprise, je projette de ressusciter ce pan de la culture nigérienne. Il s’agit de faire des rideaux avec Téra-Téra, des poufs, des canapés afin d’amener les Nigériens à aimer ce pagne et à le ramener à sa place, c’est-à-dire dans nos placards», déclare-telle.
ASTI DECO ambitionne aussi avec l’appui des partenaires et de la population, de récupérer et former les enfants déscolarisés ou non scolarisés qui seront placés au niveau de la couture et la menuiserie. Ils apprendront le métier au sein de l’entreprise et travailleront pour le compte de l’entreprise.
Madame Souleymane Asma Tijani reconnait que son secteur rencontre quelques difficultés surtout avec les consommateurs, qui n’aiment pas consommer Nigérien, et qui sont plutôt portés sur ce vient d’ailleurs. «Les gens sont encore tentés par les meubles importés qui très malheureusement ne résistent pas souvent à la rigueur de notre climat ou autres intempéries. Chez nous tout est confectionné à partir de nos matériaux locaux», explique-t-elle.
Pour elle, le deuxième problème que rencontrent les entrepreneurs, c’est la tracasserie douanière car, souvent, d’une ville à l’autre, vous expédiez un colis, on le prend. «Souvent, vous amenez des produits du Nigéria que vous dédouanez à Dan Issa et pour les envoyer à Niamey c’est une autre paire de manche», se plaint-elle. C’est pourquoi Madame Souleymane Asma Tijani estime que l’Etat doit voir comment alléger ces tracasseries douanières, les impôts et les frais d’agrément qui sont aussi exorbitants.
Tiémogo Amadou ANP-ONEP Maradi