
Mme Hadjara Mounkaila Goumandakoye
S’il ya un domaine qui préoccupe à l’heure actuelle, c’est bien celui du travail. Devant la forte poussée démographique et l’amenuisement des opportunités de travail que l’Etat peut offrir, la jeunesse nigérienne et les femmes en particulier vivent dans l’angoisse. Beaucoup de jeunes ne jurent que par l’emploi de l’Etat qui parait plus sécurisant à leurs yeux. Pourtant, le secteur privé, notamment le travail manuel, tels que la couture, la maroquinerie et le travail du cuir, la cosmétique, la décoration intérieure, la transformation agroalimentaire et la restauration sont aussi des activités non négligeables qui peuvent permettre aux jeunes de sortir de l’ornière et contribuer beaucoup au PIB de leur pays.
Fort heureusement au Niger, de jeunes entrepreneurs ont cette lecture de la situation et ne ménagent aucun effort pour aider leurs pairs. Au nombre de ces promoteurs figure en bonne place Madame Abdoulaye née Hadjara Mounkaila Goumandakoye, Promotrice de ABC des Jeunes entrepreneurs, un centre de formation en métier, qui donne les bases sur les techniques entrepreneuriales à Maradi. Elle est aussi la promotrice de la marque GUMA, qui confectionne des articles en cuir et peau. Après l’obtention de son BEPC, au Burkina Faso, Mme Abdoulaye a opté pour une formation professionnelle en s’inscrivant dans une école de stylisme et Mode au Kenya. Dans la même école, elle a étudié l’industrie de l’habillement, la décoration intérieure. «J’ai suivi ce cursus durant trois ans où j’ai obtenu mon diplôme et un certificat d’excellence m’a aussi été décerné» a-t-elle confié. Après l’obtention du diplôme, Madame Abdoulaye a ouvert son atelier de couture à Niamey.
A Maradi, elle a commencé à former les femmes dans sa maison sous une tente, genre foyer féminin. Malgré les connaissances qu’elle a acquises et le savoir-faire, Mme Abdoulaye a senti la nécessité de se former davantage en poursuivant ses études à l’ETEC en Administration et Gestion des Organisations, option PME (Petite et Moyenne Entreprise) et obtint le BTS d’Etat à partir duquel, elle a ouvert sa propre entreprise grâce à la Maison de l’Entreprise qui l’a subventionnée. De là, Madame Abdoulaye a commencé à confectionner les articles de cuirs et peaux, suivi de l’ouverture d’une boutique à Maradi, alimentée par les articles produits. «Avec l’aide de Dieu, nous avons été remarquées par l’Ambassade des Etats Unis qui nous a appuyé au niveau de la formation et nous sommes arrivées à équiper le centre», a-t-elle reconnu.
Une autre aide lui est venue de la Banque Mondiale qui lui a permis de s’équiper en matériel de formation professionnelle. Mme Abdoulaye a opté de poursuivre différentes formations et de former les autres pour valoriser la formation professionnelle, valoriser les métiers, car estime-t-elle, tout ne se limite pas à un boulot dans un service ou provenant de l’Etat. «Nous sommes dans un monde qui bouge, peut être avec le développement de l’entreprenariat, les métiers ont plus d’avenir. Et c’est pour cela que j’ai décidé d’améliorer les formations afin qu’une fois sortis du centre, ces apprenants excellent dans les métiers appris», a-t-elle précisé.
Pour l’heure, le centre forme dans cinq domaines, notamment la maroquinerie et le travail du cuir, la couture, la cosmétique, la décoration intérieure et la transformation agroalimentaire et la restauration. Grâce à l’appui de l’Ambassade des Etats Unis, le centre a pu se faire enregistrer afin d’obtenir l’agrément de l’Etat et est aujourd’hui en mesure de délivrer les diplômes de CAP, le BEP. «Donc cette année nous avons la première promotion formelle qui est en formation. Nous avons près de 105 femmes et nous comptons élargir, former aussi de jeunes garçons afin qu’ils puissent apprendre un métier», a-t-elle soutenu. Toutefois, Mme Abdoulaye reconnait avoir formé beaucoup de femmes avant la formalisation du centre. La Promotrice de ABC des Jeunes entrepreneurs en appelle à la reconnaissance de la valeur de la formation professionnelle, de la formation en artisanat car, estime-t-elle, dans plusieurs pays du monde, l’artisanat contribue beaucoup dans leur PIB.
Tout début entrepreneurial n’est pas facile. Madame Abdoulaye dit avoir aussi rencontré des problèmes. «Les démarches administratives sont lourdes et onéreuses. Pour avoir l’agrément d’ouverture, il faut débourser 800.000 FCFA et 700.000 FCFA pour l’agrément de création. Certes, cela est cher pour quelqu’un qui veut débuter un projet, mais permettra tout de même de ramener le sérieux dans la formation», a-t-elle indiqué. C’est pourquoi Mme Abdoulaye lance un appel à l’Etat pour l’allègement des procédures administratives. Au titre des perspectives, la promotrice de ABC des Jeunes entrepreneurs projette l’acquisition d’un local assez vaste propre au centre, pour donner la chance à un plus grand nombre d’apprenants de s’inscrire.
Tiémogo Amadou ONEP Maradi