
Hadjia Jamila Abdou Ali
Mme la présidente, le Cadre de Veille Alerte et Résistance pour la Nation (CVARN) a été créé au lendemain des événements du 26 juillet 2023, quels sont les principaux objectifs et missions assignés à votre structure ?
Notre cadre fait partie d’une brigade de veille. C’était le premier groupe ouvert le 5 août après le coup d’État du 26 juillet 2023. On avait ouvert ce groupe avec plus de mille membres. Moi, particulièrement si je ne partais pas à l’escadrille, je veillais sur le groupe parce que tous ceux qui sont susceptibles de diviser le peuple nigérien, on essaye de les écarter catégoriquement du groupe. C’est ce qu’on faisait jusqu’au départ de la base française. Et, le 2 septembre 2023, la population était sortie massivement comme on n’en a jamais vu pour dire non à l’impérialisme et leurs suppôts locaux. J’étais aussi la première femme et je le dis haut et fort, parce que ce jour-là, j’avais préparé pour les manifestants et même les médias. Quand nous voyons des jeunes en situation de faiblesse et qui veulent abandonner la lutte, je leur viens en aide financièrement.
Personnellement, j’ai fait plus de trois mois de veille à l’escadrille. Maintenant, le groupe est bien implanté et cadre avec les idéaux du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. On a ouvert des représentations dans chacune des régions dont Zinder et Maradi qui ont déjà mis en place leurs bureaux. ‘’Le blanc’’ ne va pas baisser les bras si facilement et nous allons rester vigilants jusqu’à ce que le CNSP gagne le combat et que le Niger trouve sa souveraineté totale avec l’Alliance des États du Sahel.
Justement madame, vous évoquiez tantôt la marche historique de la population de Niamey le 2 septembre 2023, quelles sont les actions phares menées par votre structure dans le cadre de la continuité de la lutte engagée par les forces vives de la nation ?
Je tiens d’abord à remercier les marabouts, la jeunesse et surtout les femmes. Nous avons mené dans le cadre de ce combat des actions sociales notamment à la mosquée Kadhafi en partenariat avec les membres de l’Association Islamique pour balayer et assainir ce lieu de culte. La deuxième activité était pendant le mois de ramadan, au niveau du rond-point Gadafawa. Elle a consisté à organiser une séance de sensibilisation et d’alerte. Nous avons distribué à cette occasion, des kits et des autocollants sur lesquels étaient inscrits ‘’ALERTE’’ avec les numéros 4040 /8383 à appeler pour dénoncer des actions suspectes. Nous avons fait comprendre à la population que cette lutte n’est pas uniquement l’affaire du CNSP, mais plutôt une affaire qui concerne l’ensemble des couches socio-professionnelles du pays. La troisième activité intervenue le 3 août, nous sommes partis sur les lieux de culte pour planter des arbres. Le choix de ces lieux de culte est chargé de symbole dans la mesure où nous voulons que les gens comprennent l’importance de ce geste.
Un cadre de veille créé de façon spontanée nécessite quand-même un appui ou financement pour continuer le combat, quelles sont vos principales sources de financement ?
Nous n’avons jamais tapé à une porte. On se débrouille comme on peut. Souvent, même lorsque nous obtenons un engagement, vu les difficultés, les gens n’arrivent pas à l’honorer. Je me démerde comme je peux avec les membres du CVARN pour financer nos activités. J’ai dû vendre ma voiture et j’ai investi avec plaisir cet argent dans ce noble combat pour la souveraineté et je continue à le faire. Quand on veut faire un geste noble, on n’a pas besoin d’aller quémander. Le CNSP ne peut pas s’occuper de récompenser tout le monde et c’est bien normal. Les acteurs de la société civile, s’ils ont la conviction de mener une lutte patriotique, ne doivent pas non plus attendre quelque chose en retour. C’est dans la lutte qu’on voit ‘‘qui est qui et qui fait quoi’’ ? Nous avons implanté le CVARN dans toutes les régions, mais par manque de financement, nous menons uniquement nos activités à Niamey.
Aujourd’hui, vous avez atteint vos objectifs dans une certaine mesure, les forces étrangères ont quitté le Niger et la menace de la CEDEAO ne plane plus sur le pays. Que va donc devenir votre mouvement ?
Les forces étrangères ne nous aident pas à nous développer. Elles sont là pour piller nos ressources minières. C’est pourquoi, ça ne leur fait pas plaisir de quitter la terre nigérienne. Elles ont quitté malgré elles et elles ont quitté à cause de cette lutte et on doit continuer à maintenir la vigilance et accentuer la veille alerte pour la quiétude de notre nation. Avec la CEDEAO, ils ont vu que malgré la fermeture des frontières, et bien qu’ils aient coupé leur électricité, nous avons survécu. Nous encourageons le Général de Brigade Abdourahamane Tiani et son staff du CNSP à continuer sur cette lancée. Les ennemis de la nation ont compris que malgré la souffrance du peuple nigérien, le peuple est déterminé à mourir dans la dignité pour la quête de sa souveraineté. J’appelle les autorités à se méfier des insectes de dehors qui sont là pour nuire à notre nation et j’interpelle aussi la population à ne pas leur prêter attention à cause des miettes qu’elle peut recevoir.
Donc, je les exhorte à changer de camp et à changer leur mentalité. On doit vraiment les sensibiliser, et j’implore le Tout Puissant qu’il les change, car même parmi les rebelles, il y a des gens qui sont bien, mais ils se sont laissés tenter par l’Occident. Qu’ils sachent que, sans l’Afrique, il n’y aura pas d’avenir pour eux. Qu’ils songent à changer, à abandonner les armes, qu’ils se comprennent avec nos autorités pour travailler la main dans la main, parce que chaque enfant de l’Afrique est un frère envers l’autre. On doit continuer dans ce sens et réellement prier pour ceux qui sont égarés afin qu’ils reviennent sur le droit chemin pour travailler main dans la main pour sortir notre pays, le Niger et l’Afrique du chaos. Les Français ne vont pas non plus baisser les bras et l’OTAN en particulier. Il va falloir qu’on aille sensibiliser la population, lui faire savoir qu’elle ne doit pas céder ; les Qunuts ne vont pas épargner x ou y, on doit laisser Dieu agir.
Il faut aussi prendre des garde-fous pour alerter. Pourquoi ne pas mettre des « Dan banga » au niveau de chaque région parce que des fois la police à elle seule ne peut pas tout faire et la population si elle collabore avec les « Dan banga » à l’instant, on peut arrêter le danger qui guette le pays.
Réalisé par Hamissou Yahaya (ONEP)