Monsieur le maire, dans la mise en œuvre du programme de renaissance, d’importantes réalisations ont été faites dans quasiment toutes les collectivités territoriales du Niger, quelles sont concrètement les actions menées dans votre entité administrative ?
Beaucoup de choses ont été faites. Sur le plan environnemental, plusieurs centaines d’hectares ont été traités ou fixés. En effet, les champs de culture ou les cuvettes qui étaient jadis menacés ont pu être stabilisés pour que la population s’adonne aux travaux agricole. Il y a des cuvettes qui ont été aménagées avec des installations de maitrise de l’eau de sorte que les producteurs se retrouvent. C’était des cuvettes abandonnées, il y a de cela 30 ans. En ce qui concerne le volet élevage, la commune de Mainé Soroa dispose de plusieurs installations d’aliments bétail. Nous avons aussi bénéficié de la construction des cases de santé vétérinaires qui n’existaient pas dans le temps et qui sont actuellement fonctionnelles. Ce sont des dispositifs extrêmement importants pour la commune dans la mesure où ils contribuent à l’amélioration de la santé animale. Par ailleurs, sur le plan sanitaire, la commune urbaine de Mainé Soroa qui, par le passé ne disposait que trois ou quatre centre de santé intégré, est désormais dotée d’une quinzaine de CSI. Beaucoup de cases de santé ont été transformées en CSI dans le seul but d’améliorer la santé des populations.
Il y a eu aussi beaucoup d’activités d’assistance en l’occurrence les activités génératrices de revenus qui ont été vulgarisées à l’échelle de la commune urbaine de Mainé Soroa. Faute d’avoir le nombre de jeunes et femmes ayant bénéficié de cette assistance, nous disons simplement qu’une bonne partie de cette frange de la population exerce des activités pour sa propre autonomisation. Dans certains cas, ce sont de kits d’animaux qu’on distribue surtout aux femmes pour leur permettre d’être autonomes. S’agissant de la sécurité alimentaire, il faut reconnaitre que l’Etat procède chaque année à la mise à disposition des populations de céréales à prix modérés. Ceci pour permettre aux populations d’avoir accès aux céréales à prix minutieusement étudiés. Sur le plan hydraulique, les efforts du gouvernement ont permis la réalisation de plusieurs stations de pompage (Postes autonomes d’eau; pompes à motricité humaine etc.) dans plus d’une cinquantaine de villages. En perspective, il ya d’autres réalisations qui viendront étoffer l’existant.
Par rapport aux infrastructures routières, Mainé Soroa a bénéficié de cinq (5) km de voirie urbaine et 2000 m d’extension du réseau eau et électricité en 2020. Il ya aussi la réalisation en cours de la route Mainé Soroa Guédam. En ce qui concerne l’éducation, la commune urbaine de Mainé Soroa a bénéficié de la construction de beaucoup de classes en matériaux définitifs. Auparavant, nos salles étaient pour l’essentiel des paillottes ou en banco. Bref, sur les dix (10) ans de mise en œuvre du programme de renaissance, la commune urbaine de Mainé Soroa a bénéficié d’importantes réalisations.
Il y a quelques années, l’Etat central a décidé de transférer aux communes quatre domaines de compétences en l’occurrence, la santé, l’éducation, l’hydraulique et l’environnement, comment assumez vous sur le terrain cette nouvelle responsabilité ?
Le transfert n’a pas été accompagné des ressources. Malgré tout, dans la commune urbaine de Mainé Soroa, nous faisons la politique de nos moyens en inscrivant tous les domaines de compétence dans le budget communal. Par exemple, sur le plan éducatif, avec la redevance pétrolière, nous avons injecté près de 20 millions de FCFA au titre de la commune urbaine de Mainé Soroa. Pour les autres secteurs, nous avons prévu d’injecter des ressources financières dans la mesure du possible. On ne saurait pour l’instant se prononcer sur l’effectivité de ce transfert de compétence sur le terrain au regard des ressources limitées des collectivités territoriales de manière générale et particulièrement pour ce qui est de la commune urbaine de Mainé Soroa. Certes, il y a eu le transfert, mais la mise en œuvre est vraiment timide sur le terrain en raison de manque d’accompagnement adéquat.
Les ressources de nos communes ne peuvent pas couvrir l’ensemble des activités programmées dans le cadre du Plan de Développement Communal (PDC). Néanmoins, pour chacun de ces domaines, la commune prévoit un montant dans le programme annuel d’investissement. Tout ce que nous faisons est l’émanation du plan de développement communal. Rien ne se fait au hasard. Aujourd’hui, les projets qui interviennent dans les communes s’appuient toujours sur le plan de développement communal. A Mainé Soroa, nous avons beaucoup de projets qui se retrouvent dans le plan de développement communal. Ce dernier a été élaboré en 2019. La validation finale de notre PDC n’a même pas eu lieu parce que chaque partenaire veut qu’on prenne en compte ses axes prioritaires d’intervention. Il y a des partenaires qui ont décidé de nous aider pour organiser une table ronde autour de notre plan de développement communal pour réorienter nos objectifs. Le PDC est un outil de référence en manière de développement communal. Il est étalé sur cinq (5) ans.
Toute la région de Diffa a fortement souffert de l’insécurité résultant des agressions de la secte terroriste Boko Haram, comment se présente la situation sécuritaire dans votre commune ?
Depuis 2015 avec l’avènement de Boko Haram, la commune urbaine de Mainé Soroa n’a pas connu les mêmes exactions que les autres communes sœurs de l’Est. Certes il y a eu quelques exécutions sommaires jusqu’à deux ou trois fois. Ce sont des exécutions de règlement de compte entre les enfants du même terroir. Lorsqu’un jeune du même terroir sollicite son collègue qui décline l’offre. Celui-ci s’expose à l’assassinat. Nous avons enregistré quelques cas d’enlèvements contre rançons. Mais par la suite, nous avons démantelé le réseau des petits voyous armés. On peut dire que la sécurité est revenue. Il y a de cela plus d’un mois que la zone de la Komadougou dite zone rouge appartenant à la commune urbaine de Mainé Soroa, on organise des séances de lutte traditionnelle entre les enfants nigériens et nigérians. L’organisation de cette lutte traditionnelle a permis à certaines populations de retourner exploiter les champs et les jardins qu’ils ont abandonnés. Il y a vraiment une accalmie sur le plan sécuritaire dans toute la commune urbaine de Mainé Soroa. Maintenant, l’insécurité à laquelle nous assistons est résiduelle. Il s’agit de petits voleurs armés et quelques fois le conflit entre agriculteurs et éleveurs.
Est-ce que la commune urbaine de Mainé Soroa accueille des déplacés internes et ou des refugiés ?
Oui, aujourd’hui, la commune urbaine de Mainé Soroa accueille 6000 refugiés et déplacés internes et retournés. Ce chiffre est fluctuant. Ceux qui sont déplacés se trouvent le long du goudron sur la route en allant à Diffa. Il y a des déplacés internes qui ont été enregistrés. Ils viennent de la zone de Toumour. Ils sont au nombre de 2700 personnes. Le flux ne s’est pas arrêté. La prise en charge est assurée par le Haut Commissariat aux Refugiés (HCR) et quelques ONG qui gèrent les urgences telles que l’eau ; l’abri, les kits de non vivres etc.
L’un des défis majeurs des collectivités territoriales du Niger réside dans la difficulté de celles-ci à mobiliser les recettes fiscales, est-ce le cas dans votre commune et que faites-vous pour améliorer l’assiette fiscale ?
L’amélioration de l’assiette fiscale a été beaucoup plus sentie et au niveau de recouvrement des taxes et impôts après que les communes ont été dotées de la Police Municipale. Le recrutement de cette force au niveau des collectivités territoriales s’inscrit dans le cadre du rehaussement des recettes fiscales de la municipalité. Cette police n’est certes pas armée, mais elle est une force de dissuasion pour contribuer à rehausser les recettes fiscales. Nous avons commercé à sensibiliser les chefs des tribus et chefs des villages pour collecter les impôts auprès de leurs administrés et amener à la mairie. Certains d’entre eux ont compris la nécessité de restituer les impôts et de les reverser à la mairie. C’est avec ces ressources que nous accompagnons les projets et les ONG d’investissement qui souhaitent aider les populations. Sur les cinq (5) dernières années, nous n’avons même pas recouvré 15% des taxes. Ce taux de recouvrement n’est guère reluisant. Mais nous continuons à sensibiliser les populations pour qu’elles se ressaisissent. D’ores et déjà, nous avons organisé une réunion autour du préfet pour élaborer les rôles parce qu’on nous reproche d’avoir retardé ces rôles-là. L’expérience nous a montré que lorsqu’on confie à chacun son rôle juste après les récoltes, les taxes peuvent être recouvrées sans problème.
Réalisé par Hassane Daouda,Envoyé spécial(onep)