Au Niger le développement durable repose incontestablement sur une bonne exploitation de la biodiversité et une amélioration adéquate des ressources naturelles. Cependant, depuis plusieurs années de nombreuses espèces végétales sont menacées d’extinction. Sous les effets du changement climatique et des actions humaines, ces ressources biologiques disparaissent à un rythme effréné. Aujourd’hui, une réalité troublante se dévoile malgré les efforts de conservation de nombreuses espèces végétales.
Beaucoup d’espèces végétales disparaissent sous les effets du changement climatique ou par les actions anthropiques. Jadis, nos écosystèmes étaient des toiles vivantes où chaque plante ajoute sa propre nuance à l’agréabilité de la vie. Aujourd’hui, nous sommes confrontés au vide laissé par ces pertes incommensurables. Comme exemples poignants de ces espèces menacées de disparition, on peut citer, entre autres, le Faidherbia albida « Gao », une espèce d’arbre de grande taille qui joue un rôle agroécologique et socioéconomique important. Il est très utilisé dans l’alimentation du bétail et la vente de ses fruits génère des revenus aux paysans. C’est aussi une espèce qui joue le rôle de fertilisant dans les zones où la présence de celle-ci est abondante. D’autres espèces sont sous la même menace. C’est le cas du commiphora africana ou ‘‘datché’’ en Haoussa, Prosopis africana ou ‘‘zamtouri’’ en zarma, bombax costatum (Kouria en haoussa ou Fargo en zarma) ; ximenia americana « morey ou sawde », terminalia abistronez « bauchi en Haoussa, Farka hanga en djerma », combretum nigricans « deli en zarma ou tchiriri en haoussa ». Toutes ces espèces sont d’une grande importance pour la préservation de la nature, l’alimentation humaine et animale, pour la médecine traditionnelle et pour l’équilibre écologique.
M. Arzika Tanimoune, technicien au laboratoire de biologie de la Faculté des Sciences à l’Université Abdou Moumouni de Niamey est très investi dans la botanique. « Par exemple le prosopis africana est une espèce qu’on ne peut trouver aujourd’hui que sur la frontière Sud du Niger, plus précisément à Korgom, en allant vers le Nigéria. Là-bas, il y a quelques pieds », confie-t-il. M. Arzika a ajouté qu’il est également possible d’avoir quelques pieds de Ximenia americana (une plante utilisée pour soigner les hémorroïdes) vers Tamou, sur le plateau, en allant vers Alambaré, et dans la zone de Gaya, dans la forêt de Goribsanga.
Pour ce spécialiste en botanique, la préservation de ces espèces en voie de disparition ou menacée de disparition, nécessite la création de jardins botaniques où seront introduites toutes ces différentes espèces.
Au-delà de leur rôle dans la lutte contre la désertification et les changements climatiques, les espèces végétales sont des éléments très importants. Elles jouent des rôles socioéconomiques déterminants tant en milieu rural que dans les centres urbains. Sans les plantes, il n’y aura pas de vie sur terre. En effet, elles aident à prévenir l’érosion du sol et jouent un rôle essentiel de protection des ressources du sol, notamment en prévenant ou réduisant la salinisation. Elles luttent contre le changement climatique en raison de leur capacité à retirer le carbone de l’atmosphère et à le stocker. Elles ont également un effet modérateur sur les maladies infectieuses provoquées par les insectes et toutes sortes d’animaux. C’est pourquoi, il est plus qu’indispensable de disposer d’un jardin botanique national afin de préserver les espèces en voie de disparition et préserver ainsi la biodiversité végétale qui forme le maillage de vie dont nous dépendons pour tant de choses.
Rahila Tagou (ONEP)