Comme chaque année, depuis plus de 10 ans en cette période, les producteurs de la région d’Agadez sont à Niamey pour promouvoir et écouler les fruits de leurs durs labeurs. La 13ème édition de cet événement désigné sous l’appellation de « foire des maraichers de la région d’Agadez » a été lancée en début janvier 2024 et devrait se dérouler pendant deux mois sur les principaux sites habituels, notamment la Place Toumo et la devanture de la Grande Mosquée de Niamey. Plus de cent cinquante producteurs de la région d’Agadez, en majorité des jeunes, ont fait le déplacement à Niamey avec d’importantes cargaisons de pomme de terre, d’oignon, d’agrumes (oranges, mandarines, pamplemousses…), d’ail, de tomate séchée et fraiche, de piment frais, d’épices divers, etc. Tous ces produits sont cultivés dans l’Aïr avec le précieux appui du Programme Promotion de l’Agriculture Productive (PromAP) de la coopération allemande.
Du maïs, de la pomme de terre, des agrumes, des épices en provenance de la région d’Agadez sont disponibles à la Place Toumo et sur l’espace devant la Grande Mosquée de Niamey et dans d’autres quartiers de la ville auprès des détaillants. Des camions déchargent les produits qui sont exposés pour la vente sur les sites de la foire et d’autres en rechargent en direction de certains marchés de la ville de Niamey. La particularité de ces produits est qu’ils sont locaux, de très bonne qualité et n’ont rien à envier à ceux importés d’autres pays. En ce moment de quête des voies et moyens pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, la production locale est de plus en plus consommée au Niger. La région d’Agadez dispose d’importantes potentialités pour la culture des tubercules, des agrumes, mais aussi du maïs et du blé.
Pour la foire de cette année, 5600 tonnes d’agrumes en provenance de la région d’Agadez sont prévues. « Notre but est non seulement d’aider nos producteurs à écouler leurs produits, mais aussi de répondre à l’attente et aux besoins de nos populations », affirme M. Ibrahim Ixa, le 2ème Vice-président du Conseil régional d’Agadez. « Dans le souci d’accompagner nos maraîchers, nous sommes à la recherche d’une solution définitive pour que nos maraîchers continuent tout au long de l’année à écouler leurs productions dans les grandes villes comme Niamey et à travers le pays, parce que nous disposons de divers produits tout le temps. S’il y’a la possibilité, on peut tout acheminer à Niamey, ravitailler l’ensemble du territoire national et exporter vers la sous-région », explique l’élu régional.
Le président du comité d’organisation de la 13ème édition de la foire des maraîchers d’Agadez, Hamidi Yahaya, indique quant à lui que rien qu’au niveau du département d’Iférouane, sept cents (700) hectares ont été emblavés de maïs. « Nous organisons depuis treize ans cette foire, nous avons toujours dit que nous sommes capables de nourrir le Niger », renchérit-il, demandant aux autorités de soutenir davantage les maraîchers afin de leur permettre de produire plus pour les populations en quantité, en qualité et à des prix abordables.
Hamidi Yahaya salue l’engagement d’une structure regroupant des ex-orpailleurs au niveau d’Agadez, d’emblaver plus de mille (1000) hectares en blé. Mais, relève-t-il, afin d’envisager une production prenant en compte le besoin du pays, il faut beaucoup plus de moyens, notamment des motopompes, des réseaux californiens, des installations solaires, des tracteurs pour irriguer et cultiver les champs et les jardins. D’où son appel à l’endroit des autorités pour accompagner les maraîchers. Le Maire de Timia, M. Siliman Ilatou, a relevé que le partenaire historique de la filière agrumes de Timia, qu’est la coopération allemande à travers la GIZ, continue de soutenir la filière. Du 19 au 23 février 2024 s’est tenue à Timia, avec l’appui du PromAP/GIZ, une formation en technique de taille d’arbres des agrumes et d’entretien des vergers au profit de 60 jeunes issus des terroirs de production de la commune. La formation pratique conduite par un technicien-praticien tunisien offre à la commune un vivier des jeunes renforcés de bonnes pratiques d’amélioration de qualité et de la quantité de la production d’agrumes de Timia dans un contexte où les producteurs sont résolument engagés à apporter leur partition pour la souveraineté alimentaire de notre pays. Elhadji Souley Barka, l’un des pionniers de la culture d’agrumes, a offert son jardin pour servir d’atelier pratique tout en donnant aux plus jeunes ses précieux conseils agricoles dans un esprit de formidable générosité. Le programme «Promotion de l’Agriculture Productive au Niger» (PromAP) a pour principal objectif de renforcer les capacités des producteurs/productrices de la petite irrigation dans les régions d’Agadez, Tahoua et Tillabéri en vue d’utiliser des méthodes de culture innovantes et agroécologiques pour une production durable et la sécurité alimentaire.
Les groupes cibles du projet sont : pour la petite irrigation environ 85 000 exploitations agricoles familiales dont 25 500 gérées par des femmes et de leurs 425 organisations (sociétés coopératives) ; pour la formation professionnelle agricole 1 200 jeunes hommes et 560 jeunes femmes dans les régions d’Agadez, Tahoua et Tillabéri. Les intermédiaires pour atteindre les groupes cibles sont 60 conseillères et 540 conseillers issus des dispositifs diversifies de conseil agricole du SNCA, ainsi que les agents des services agricoles de l’État au niveau national et déconcentré.
L’approche méthodologique, y compris les instruments utilisés, reposent sur le renforcement des capacités individuelles et institutionnelles des acteurs étatiques et non étatiques, s’investissant dans la petite irrigation et dans le conseil agricole, pour une mise en valeur durable des infrastructures et des ressources à travers le renforcement organisationnel, la formation et le conseil en agroécologique et l’agriculture sensible à la nutrition dans le contexte de la petite irrigation. Le PromAP soutient également la mise en œuvre des activités de gestion durable des terres afin de protéger le potentiel irrigable et améliorer la recharge de la nappe phréatique pour garantir la disponibilité en eau pour les activités agricoles.
Oumarou Moussa et Hamissou Yahaya